Conflits territoriaux en Asie centrale – Point de situation au 28/02/2025

L’approvisionnement en eau : un enjeu de coopération régionale 

Les ressources hydrauliques sont un point de tension en Asie centrale. Cela peut être expliqué par plusieurs facteurs, en premier lieu par le fait que l’agriculture constitue une grosse part de l’économie. Ce secteur a de grands besoins en eau et est sensible aux pénuries. Des experts américains ont publié ce mois-ci un rapport intitulé “Water insecurity in Central Asia : The Imperative for regional and International Cooperation”. 

Lors de la présentation de celui-ci le 7 février 2025, des constatations et des recommandations ont été présentées. Selon les experts, la coopération régionale

sur cette ressource est essentielle afin de garantir la sécurité et l’équité de sa distribution, ainsi que d’éviter les conflits entre les pays. Un point sensible est la provenance des eaux territoriales, toutes les origines des rivières se situant dans d’autres pays extérieurs à la région tels que la Russie, la Chine ou l’Afghanistan. Le contrôle et la redistribution deviennent alors plus complexes en raison des relations diplomatiques et la prise en compte d’autres enjeux qui peuvent être utilisés comme des moyens de pression. Les gouvernements centrasiatiques ont déjà proposé des accords de partage de l’eau à la Chine, la Russie, et dans une moindre mesure à l’Afghanistan. 

L’investissement dans la construction d’infrastructures hydrauliques est crucial. En effet, les infrastructures datent souvent de la période soviétique et ont besoin d’être modernisées pour garantir ce qu’on pourrait appeler une justice hydraulique entre les territoires. De plus, maintenir le niveau de la mer Caspienne est une condition pour le développement des routes commerciales contournant la Russie, notamment le corridor trans-caspien. 

Les ressources hydrauliques sont une des raisons majeures des conflits territoriaux dans la région, notamment entre le Kirghizistan et le Tadjikistan. Ces deux républiques centrasiatiques ont eu plus de cent cinquante conflits au niveau de leurs frontières territoriales dans les dix dernières années. 

Le projet Qosh Tepa Canal sur la rivière Amu Darya mené par les Talibans en Afghanistan afin de garantir leur autosuffisance met en danger les pays voisins. Les plus concernés sont le Turkménistan et l’Ouzbékistan. Les deux pays connaissent déjà des pénuries d’eau importantes qui affectent leur agriculture. Avec la mise en place de ce projet, réalisé à 80% en février 2025, ces pays vont faire face à des pénuries encore plus importantes. Par exemple, le Turkménistan dépend de la rivière Amu Darya pour environ 90% de ses ressources en eau. Le risque est l’escalade d’un conflit régional à cause des pénuries, ce qui pourra être exacerbé par le fait que l’Afghanistan ne fait pas partie des accords internationaux sur la gestion de l’eau. 

Le dernier sommet sur l’eau (One Water Summit ) coorganisé par la France et la Banque Mondiale s’est tenu à Riyadh en décembre 2024.

Un accord trouvé sur la délimitation de la frontière kirghize tadjik 

Les gouvernements tadjik et kirghize se sont mis d’accord sur les termes de l’accord sur leur frontière commune qui a été signé le 21 février 2025 . Selon les autorités kirghizes, plusieurs volets ont été négociés : la définition de la frontière, les ressources énergétiques et hydrauliques et les voies terrestres. Le Premier ministre du Kirghizistan Kamchybek Tashiev a déclaré “Nous avons signé le protocole final sur la délimitation de la frontière”. 

Selon Institut International sur l’Asie centrale, une rencontre trilatérale historique se tiendra en mars 2025 entre les autorités du Kirghizistan, du Tadjikistan et de l’Ouzbékistan. Le Premier ministre kirghize l’a annoncé lors de de la 58e session du Conseil des droits de l’Homme à Genève.