Ismael Qaani – Commandant de la Force Al Qods du Corps des Gardiens de la Révolution

Date de naissance : Né le 08/08/1957 (D’après le Département du Trésor des Etats-Unis) / Né en 1959 (d’après l’IRNA (Iran National News Agency) )
Lieu de naissance : Iran – Province du Khorasan – Mechhed ou Bojnourd (incertitude sur la localité)
Dernières fonctions: 1. Commandant de la Force Al-Qods du Corps des Gardiens de la Révolution
Lieu de décès : Téhéran – Iran
Cause du décès : (incertain) tué lors de l’opération “Rising Lion” de l’armée israélienne en Iran.
Introduction
Ismael Qaani, né le 8 août 1957 (ou 1959) à Mechhed (ou Bojnourd) dans la province du Khorasan en Iran, est un général brigadier iranien et commandant actuel de l’unité d’élite “Force Al-Qods” du Corps des Gardiens de la Révolution. Il succède à Qassem Soleimani à la tête de cette unité, à la suite de son assassinat par drone de l’armée américaine à Bagdad le 3 janvier 2020. La carrière de Qaani est marquée par son implication dans la guerre contre l’Irak entre 1980 et 1988, la guerre civile au Kurdistan iranien puis son ascension au sein des Pasdarans. Il est déclaré mort le 13 juin 2025 lors des frappes aériennes de l’armée israélienne de l’opération “Rising Lion” sur le territoire iranien. Cependant plusieurs médias régionaux indiquent quelques jours plus tard qu’il aurait été aperçu en public dans les rues de Téhéran.
Biographie
Bien que les sources disponibles sur la vie personnelle de Ismael Qaani soient peu nombreuses, plusieurs médias iraniens affirment qu’après avoir passé la majeure partie de son enfance dans sa province natale du Khorasan, il a obtenu un doctorat en sciences nucléaires et une licence de pilote de chasse en Russie. Alors qu’il affirme avoir participé à la révolution islamique de 1979, Qaani a également reconnu dans une interview d’octobre 2015 au journal Ramz-e Obour ne pas avoir directement rejoint les groupes révolutionnaires comme beaucoup de membres du CGRI. Il a tardivement intégré une des unités locales Gardiens de la Révolution au Khorasan en mars 1980, soit plus d’un an après la fin de la révolution et quelques mois avant le début du conflit avec l’Irak. Cette unité des Gardiens inclut des jeunes clercs locaux, dont le futur Guide Suprême l’ayatollah Ali Khamenei. A cet effet, plusieurs sources ouvertes décrivent Qaani comme étant un homme vivant dans une forte foi religieuse.
Après ce premier enrôlement, Qaani se rend la même année à Téhéran où il suit un programme paramilitaire de 35 jours dans la garnison des Pasdarans de l’”imam Ali”, situé dans la région de Khorramābād. Après la fin de sa formation, il rentre à Mechhed où il participe à la création de la future 5ème division Nasr du CGRI qui prendra officiellement forme au cours de l’année 1982. L’unité de Mechhed avait été déployée dans la ville de Gonbad-e Kavus afin de réprimer les révoltes turkmènes, mais Ismael Qaani a lui admis avoir été déployé au Kurdistan iranien au sein de cette unité afin de combattre des groupes séparatistes kurdes. L’unité joue un rôle déterminant durant la guerre, et Qaani participe à des opérations importantes telles que Ashura en octobre 1984, ou encore Karbala V de janvier à mars 1987. Une des défaites marquantes de l’unité reste l’opération Beit al-Muqaddas VII dans la ville de Majnoun en juin 1988 sous le commandement de Qaani.
Peu de temps après la guerre, Qaani intègre le corps des Forces Terrestres des Pasdarans en tant que chef adjoint. Cette responsabilité lui permet de participer à des opérations de démantèlement de cartels de drogue, notamment au Khorasan où des réseaux venus d’Afghanistan s’infiltrent sur le territoire iranien. Il a également participé au soutien de l’Alliance du Nord de l’Afghanistan contre les Talibans. C’est à cette période que Qaani et Soleimani se sont rapprochés et ont commencé à entretenir des contacts fréquents.
La date d’intégration de Qaani à la Force Al-Qods est incertaine, mais plusieurs sources indiquent qu’il aurait été d’abord nommé commandant du corps Ansar responsable des opérations en Afghanistan, au Pakistan et dans les États asiatiques. Il est très probable qu’il ait ensuite été nommé chef adjoint par Qassem Soleimani au moment où celui-ci a pris le commandement d’Al-Qods en 1997. Les deux commandants ont été sélectionnés au sein de l’unité d’élite notamment pour leur compétences et leur expertise acquise en Afghanistan contre les Talibans et les cartels de drogue.
L’évolution d’Al-Qods au sein de l’organisation des Pasdarans est importante à prendre en compte pour comprendre le processus de nomination de hauts responsables tel que Qaani. Avant la création officielle de l’unité d’élite en 1988, différentes organisations assurent les opérations extérieures militaires de la République Islamique : l’Unité des mouvements de libération islamique du CGRI ; Le quartier général de la guerre irrégulière (indépendant du CGRI) ; La Garde libanaise du CGRI (également appelée Force Al-Qods, mais à ne pas confondre avec l’unité d’élite ayant vu le jour par la suite) ; et le quartier général du CGRI à Ramezan. Ces organisations ont par la suite fusionné à la fin de la guerre contre l’Irak afin de mutualiser les opérations extérieures du CGRI au sein d’une même structure, à savoir l’actuelle Force Al-Qods. Parmi les membres des différents organismes cités, ceux qui ont servi durant la guerre civile au Kurdistan iranien ainsi que durant la “Défense Sacrée” face à l’Irak ont été rapidement intégrés à des postes importants au sein des Pasdarans. Cette tendance explique l’ascension rapide d’Ismael Qaani et de Qassem Soleimani à partir de 1988.
D’autres activités notables sont identifiables dans le parcours de Qaani, notamment son implication dans les opérations de l’unité en Amérique du Sud et en Afrique. Après le déclenchement de la guerre en Irak en 2003 et l’intervention de la coalition internationale, une répartition des tâches claire s’est opérée entre Soleimani et Qaani : l’un a concentré son activité sur les opérations à l’Ouest de l’Iran, tandis que l’autre assurait la conduite des opérations d’Al-Qods à l’Est. De plus, Soleimani gérait davantage les relations publiques de l’unité tandis que Qaani focalisait son activité sur les affaires internes.
Une transition difficile après la mort de Soleimani
Faisant suite à l’analyse précédente, les responsabilités des deux hommes étaient claires et bien distinctes. Soleimani assurait la mise en contact de l’organisation avec les partenaires extérieurs tels que les proxys en Irak, en Syrie ou au Liban, ce qui impliquait des déplacements fréquents. Ce rôle d’interlocuteur charismatique permettait pour les Pasdarans un contact direct et efficace avec les proxys, tandis que Qaani, commandant adjoint de la Force, se chargeait, lui, de la gestion administrative et participait notamment aux réunions de cabinet des différentes unités d’Al-Qods. Ces réunions ont pour but de formuler les objectifs prioritaires dans les États clés où le Corps des Gardiens de la Révolution a projeté des forces ou formé des partenariats militaires. Entre autres, ce sont elles qui permettent à Al-Qods de déterminer les budgets alloués à chaque zone couverte, de former de nouveaux groupes ou planifier de nouvelles opérations extérieures.
Cependant, après la nomination de Qaani à la tête d’Al-Qods le 3 janvier 2020 par l’Ayatollah Ali Khamenei, les relations de l’unité avec les proxys iraniens se sont détériorées en raison des différences d’approches avec son prédécesseur Soleimani. En effet, les relations entretenues par celui-ci avec les différents proxys chiites et/ou pro-iraniens reposaient sur l’élaboration de réseaux parallèles secrets et de financements non enregistrés au sein de l’unité, lui permettant de conduire une multitude d’opérations à la fois et d’organiser la stratégie extérieure du CGRI par différents réseaux. La connaissance du réseau d’Al-Qods est une des faiblesses principales de Qaani qui, ayant principalement assuré des fonctions internes, possède moins d’expérience quant aux proxys. De plus, contrairement à son prédécesseur, il ne parle pas couramment arabe, ce qui limite la communication directe avec les dirigeants des proxys au sein du monde arabe.
D’autre part, il est décrit comme quelqu’un de bien plus paranoïaque que Soleimani au sujet de sa propre sécurité, ce qui l’amène à déléguer des fonctions à d’autres institutions et le pousse à limiter le contact direct avec des représentants de ces groupes, de peur d’être la cible d’un assassinat lors de ses déplacements. Cette tendance a provoqué une déstructuration de la chaîne de commandement (certains interlocuteurs des proxys de Téhéran ont même favorisé le contacts avec d’autres interlocuteurs du CGRI au détriment de Qaani lui-même) au sein d’Al-Qods et entretenu les contradictions et le manque de planification dans les activités extérieures iraniennes. Le Hezbollah libanais constitue une exception à cette tendance : la majorité des membres de son leadership sont également des membres de la Force Al-Qods, et beaucoup d’entre eux ont montré leur soutien à Qaani.
Les implications de Qaani dans différentes crises récentes
Un des premiers faits marquants ayant mis en lumière les failles du commandement de la Force Al-Qods sous le commandement d’Ismael Qaani est vraisemblablement la crise produite par le déclenchement de l’opération “Déluge d’Al-Aqsa” du Hamas palestinien, à savoir les attaques du 7 octobre 2023 en Israël. En effet, des sources protégées indiquent que Qaani avait planifié l’attaque perpétrée par le Hamas avec l’assistance du Hezbollah libanais, tout en indiquant aux proxys concernés que ce plan restait préventif et n’allait pas être mis à exécution dans un futur proche. D’après ces sources, le déclenchement de l’attaque par les leaders du Hamas sans la validation de Téhéran a entraîné au sein du commandement d’Al-Qods une période d’incertitude, caractérisée notamment par une réunion le 14 octobre, soit une semaine après le début de la guerre, où le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le général de division Bagheri, le commandant du quartier général central de Khatam al-Anbiya, Gholam Ali Rashid et d’autres dirigeants du gouvernement iranien ont réprimandé le commandant Qaani. Cet épisode a provoqué une vague de critiques au sein du CGRI mais également au sein de certains proxys remettant en cause les compétences du nouveau commandant en chef d’Al-Qods. Peu de temps après les évènements, le leader suprême Ali Khamenei a exprimé son soutien à Qaani sur plusieurs de ses comptes sur les réseaux sociaux. Ce type de prise de parole inhabituelle de l’ayatollah a illustré l’ampleur des discordes internes au CGRI.
Plus récemment, les opérations de l’armée israélienne au Liban ayant provoqué la mort de Hashem Safieddine en octobre 2024, successeur de Hassan Nasrallah tué quelques jours plus tôt, ont provoqué des doutes au sujet de la localisation et de l’état de santé d’Ismael Qaani. En effet, plusieurs sources du Hezbollah ont d’abord déclaré à cette période ne pas avoir eu de nouvelles du commandant en chef d’Al-Qods, entraînant une vague de suspicions au sujet de sa mort potentielle dans les offensives de Tsahal. Le coordinateur adjoint de la Force Al-Qods a déclaré à ce sujet le 7 octobre 2024 : “Il est en bonne santé et actif”. Puis, les jours suivants, plusieurs médias dont Iran International ont suggéré qu’il était sous interrogation du gouvernement pour faille sécuritaire, et qu’il avait notamment subi une crise cardiaque durant cette procédure. Finalement, le 15 octobre, il est aperçu sur une chaîne de télévision d’Etat iranienne assistant à la cérémonie de funérailles de Abbas Nilforoushan, commandant adjoint des opérations du CGRI.
Quelle que soit la nature des épisodes de crises médiatiques et politiques liées à Ismael Qaani, sa période à la tête de la Force Al-Qods est sujette à de nombreuses polémiques et crises sécuritaires.
Dernière mise à jour : 27 / 06 /2025
Raphaël SILBERT
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À propos de l'auteur
Raphaël SILBERT
Etudiant de Relations Internationales en Master 1 à l'ILERI, et aspirant à spécialiser prochainement en Défense, Gestion des risques et Cybersécurité, Raphaël possède un intérêt particulier pour la zone Moyen-Orient, renforcé par l'apprentissage de l'arabe et de l'hébreu en parallèle de sa formation.