Politique intérieure
Royaume-Uni

Keir Starmer – Premier ministre britannique

Publié le 02/10/2025
10 min de lecture
Par Raphaël SILBERT
Fiche de renseignement

Date de naissance : 12 septembre 1962

Lieu de naissance : Quartier de Southwark, Londres, Royaume-Uni

Fonctions actuelles: Premier Ministre Britannique (2024-présent)

Introduction

Keir Starmer, né le 2 septembre 1962 dans le quartier de Southwark à Londres, est un homme politique britannique. Juriste de carrière spécialisé dans la défense criminelle et les questions relatives aux droits humains, il pratique son métier d’avocat au sein de nombreuses institutions pénales britanniques et occupe des postes de direction tels que celui de chef du Crown Prosecution Service. Après avoir entamé sa carrière politique en 2014 et s’être présenté comme candidat à la Chambre des Communes du Parlement, il a été nommé leader du Parti Travailliste en 2020, puis est devenu Premier Ministre à l’issue des élections de 2024. Son programme, structuré autour de 6 “ étapes “, aborde des thématiques cruciales pour le Royaume-Uni telles que le pouvoir d’achat, la pauvreté, la santé, la sécurité, l’éducation ou encore la transition énergétique. Dans un contexte de marasme économique depuis plus d’une décennie, Londres attend les effets du gouvernement mené par le Parti travailliste.

Biographie

Keir Starmer est élevé par ses parents Josephine Starmer et Rodney Starmer dans la ville d’Oxted, dans le comté de Surrey. Son nom a été choisi en hommage au premier leader du Parti Travailliste, Keir Hardie. Son père est fabricant d’outils, tandis que sa mère est infirmière. Celle-ci souffre d’une rare maladie auto-immune de “ Still “, ce qui pousse Keir à passer une partie importante de son temps à lui rendre visite quand elle était traitée à l’hôpital. L’enfance de Starmer est également marquée par sa passion pour la musique et le football, qu’il continue de pratiquer aujourd’hui. Il est décrit par plusieurs journaux britanniques comme ayant été un enfant rebelle et turbulent.

Après avoir passé son examen “ 11 plus “ avec succès (examen britannique qui permet l’accès à des écoles du secondaire), il intègre la Reignate Grammar School, une école publique sélective devenue privée durant son temps en tant qu’élève. Il devient plus tard le premier membre de sa famille à accéder à un diplôme universitaire, puisqu’à 18 ans il rejoint l’université de Leeds avec une licence en droit civil. Il obtient également une licence post-universitaire à St. Edmund Hall, située à Oxford. Son engagement en politique se traduit par une activité au sein du collectif éditorial du journal de gauche “ Socialist Alternatives “ entre 1986 et 1987.

L’année suivante, Starmer entame sa carrière d’avocat auprès du Middle Temple, institution de formation professionnelle pour les juristes et avocats-plaideurs. Il focalise son travail sur la défense pénale et les droits humains. Il devient trois ans plus tard le co-fondateur du groupe “ Doughty Street Chambers legal practice “, proposant des services juridiques en matière de droit pénal, civil, public, mais également de droits de l’Homme et de libertés civiles. Il en devient le co-responsable à partir de 2002. Il est nommé la même année avocat conseiller auprès de la famille royale britannique.

A la même période, il devient également membre du Comité consultatif sur la peine de mort du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth, et participe à la défense de condamnés à mort dans des pays des Caraïbes. En 2003, il devient conseiller sur les droits de l’Homme auprès du Conseil de police d’Irlande du Nord, ainsi que l’Association des Chefs de Police. En 2008, il devient directeur des poursuites publiques (DPP) et chef du Crown Prosecution Service (CPS). En 2022, l’ancien Premier Ministre Boris Johnson accuse Starmer d’avoir été responsable de la décision de ne pas poursuivre en justice Jimmy Savile, accusé d’agression sexuelle. Par la suite, Starmer a été à l’orgine de changements dans le traitement des allégations d’abus sexuels afin d’éviter des cas d’injustice pour les victimes de viol. En 2014, Starmer est nommé Chevalier Commandeur de l’Ordre de Bath, pour ses services au sein de la justice criminelle britannique.

Sur le plan personnel, Keir Starmer est marié à Victoria Starmer depuis 2007, une professionnelle du droit travaillant dans le domaine de la santé au travail. Ils ont un fils et une fille ensemble et vivent dans le Nord de Londres. La famille est par ailleurs pratiquante d’un judaïsme libéral, du fait des origines de Victoria Starmer, et entretient des traditions juives dans leur foyer.

Ascension politique

Keir Starmer entame son ascension en politique en décembre 2014, quand il est désigné comme candidat du Parti travailliste pour le siège de Frank Dobson, représentant la circonscription de Holborn et St. Pancras. Il est élu à cette fonction le 7 mai 2015 au sein de la Chambre des Communes. Il prend rapidement de l’importance et de la crédibilité au sein du parti, et des rumeurs circulent concernant sa potentielle candidature à la présidence des travaillistes pour remplacer Ed Miliband. Finalement, Starmer décide de ne pas se positionner car il estime qu’il manque d’expérience. Il est nommé ministre “ shadow “ de l’Intérieur (un ministre “ shadow “ fait partie d’un cabinet d’opposition au gouvernement en place, et propose des alternatives à ses propositions au sein du parlement.)

Il quitte ce poste en juin 2016 après avoir perdu sa confiance envers le leader Jeremy Corbyn. Cependant, celui-ci est réélu leader du parti, et il décide de nommer à nouveau Starmer en tant que ministre “ shadow “ du Brexit.

En 2019, les élections générales voient les travaillistes subir leur pire défaite depuis 1935, et Corbyn décide de démissionner. Starmer se présente donc à la présidence du parti, et remporte les élections le 4 avril 2020. Il se positionne contre la décision initiale de quitter l’Union Européenne, tout en faisant savoir qu’un gouvernement dirigé par les travaillistes ne relancerait pas un processus d’intégration avec Bruxelles dans le futur. Par la suite, la ligne politique du parti change sous sa présidence, se déplaçant d’une gauche socialiste marquée à un rapprochement vers le centre de l’échiquier politique.

Finalement, en 2024, après quatorze ans de domination par le Parti conservateur, les travaillistes remportent les élections générales en obtenant une majorité absolue de 412 sièges sur 650 au Parlement. Keir Starmer est nommé Premier Ministre du Royaume Uni le 5 juillet 2024.

Positionnement en tant que Premier Ministre

A la suite des élections de 2024, le parti Travailliste a établi un ensemble d’objectifs globaux à remplir avant l’année 2029, à savoir la prochaine élection générale : augmenter le revenu des travailleurs ; construire 1,5 million de logements et accélérer les décisions de planification pour au moins 150 grands projets d’infrastructure ; traiter 92 % des patients du NHS (National Health Service – système de santé public britannique) dans un délai de 18 semaines ; Recruter 13 000 officiers de police, agents spéciaux et agents de police de proximité supplémentaires ; Veiller à ce que les trois quarts des enfants de cinq ans soient prêts pour l’école ; atteindre un niveau de 95 % d’énergie propre d’ici à 2030. Ces objectifs ambitieux se heurtent à la fois aux conditions de crises économiques et sécuritaires que traverse le Royaume-Uni.

D’autre part, les trois axes principaux ayant été formulés par Starmer sont la stabilité économique, la sécurité aux frontières et la sécurité nationale. Cependant, la question des politiques migratoires, qui n’est pas inscrite dans les 6 objectifs initiaux du parti, constituait un des points d’incertitude des positions de Starmer. Hormis la volonté de combattre les gangs faisant le commerce des petits bateaux transportant les migrants, aucune donnée chiffrée permettant d’évaluer l’impact des politiques mises en place n’avait été exprimée. Puis, en mai 2025, le gouvernement britannique a publié un Livre Blanc sur l’immigration (Immigration White Paper), formulant les objectifs de réduction des migrations et un réalignement des voies d’accès aux visas avec les objectifs britanniques en matière de sécurité. A ce sujet, Starmer a commenté les objectifs de son gouvernement : « Il s’agit d’une rupture nette avec le passé, qui garantira que l’installation dans ce pays est un privilège qui se mérite, et non un droit. Et lorsque les gens viennent dans notre pays, ils doivent également s’engager à s’intégrer et à apprendre notre langue. […] Une migration nette plus faible, des compétences plus élevées et le soutien des travailleurs britanniques, voilà ce que ce livre blanc apportera. “ Un des objectifs prioritaires demeure de limiter la dépendance du pays vis-à-vis des travailleurs étrangers, et de favoriser l’emploi intérieur. Parmi les changements notables qu’apporte le Livre Blanc, on peut souligner l’apprentissage de l’anglais rendu obligatoire, ainsi que l’augmentation de 5 à 10 ans du temps requis pour les résidents étrangers vivant au Royaume-Uni pour obtenir la nationalité britannique.

D’autre part, la prise de fonction de Starmer au 10 Downing Street a suscité de nombreuses attentes concernant la capacité du nouveau gouvernement à redresser l’économie du pays. Starmer a rapidement mis en avant la difficulté de la situation en précisant qu’il n’y aurait pas de “ réponses faciles “ à la crise. Une des premières décisions ayant provoqué des critiques au sein de son parti a été de réduire les aides sociales destinées à aider tous les retraités, à l’exception des plus pauvres, à payer leurs factures de combustible pour l’hiver. D’autres coupes budgétaires ont par la suite été annoncées, et Starmer a dû se séparer de plusieurs représentants travaillistes au Parlement s’opposant à ces réductions des aides sociales. Stratégiquement, Starmer profite de la majorité écrasante des travaillistes au Parlement pour affirmer son programme politique et faire le moins de concessions possibles.

Enfin, en matière de politique extérieure, Starmer s’est positionné favorablement au développement d’une défense européenne plus efficace et plus unie. Il a par ailleurs exprimé sa perception alarmiste de la situation, dans un contexte de guerre russo-ukrainienne non résolue : “ Nous devons penser à la défense et à la sécurité d’une manière plus immédiate “. En mars 2025, il a salué la décision de l’Union Européenne d’augmenter les dépenses de défense à l’issue du sommet d’urgence organisé à Bruxelles. Cette décision prévoyait notamment d’affaiblir les règles relatives au déficit des Etats membres afin de renforcer leurs capacités militaires. Concernant le Proche-Orient, le Parti travailliste soutient une solution à “ deux Etats “, et Starmer a durci sa position envers Israël au fur et à mesure de l’allongement de la guerre en cours à Gaza.

Dernière mise à jour : 05 / 06 / 2025

Raphaël SILBERT

À propos de l'auteur

Raphaël SILBERT

Raphaël SILBERT

Etudiant de Relations Internationales en Master 1 à l'ILERI, et aspirant à spécialiser prochainement en Défense, Gestion des risques et Cybersécurité, Raphaël possède un intérêt particulier pour la zone Moyen-Orient, renforcé par l'apprentissage de l'arabe et de l'hébreu en parallèle de sa formation.

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