Yahya Rahim Safavi – Conseiller militaire personnel du Guide Suprême de la Révolution islamique

Date de naissance : Né entre 1952 et 1953 – La date de naissance est incertaine et varie en fonction des sources
Lieu de naissance : Ispahan/Hamam – Province d’Ispahan – République Islamique d’Iran – (incertitude sur la ville de naissance)
Fonctions actuelles: Conseiller militaire personnel du Guide Suprême de la Révolution Islamique Ali Khamenei
Introduction
Yahya Rahim Safavi, né entre 1952 et 1953 à Ispahan (ou Hamam) dans la province d’Ispahan en Iran, est un Général Major du Corps des Gardiens de la Révolution de 1997 à 2007. Après avoir joué un rôle déterminant dans les évènements de la révolution islamique entre 1978 et 1979, puis servi dans l’organisation des Pasdarans jusqu’en novembre 2007, il est actuellement conseiller personnel des affaires militaires du Guide Suprême Ali Khamenei. Figure emblématique du camp conservateur iranien, il a joué un rôle déterminant dans le développement du CGRI, notamment de la branche Bassidj participant au contrôle informationnel et culturel du gouvernement.
Biographie
Yahya Rahim Safavi, originaire de la province d’Ispahan, entame un cursus de géologie à l’Université de Tabriz en 1971. Durant cette période, il développe un fort activisme contre le gouvernement monarchique du Shah. Il se forme également au sein du séminaire de Qom, considéré comme étant un des lieux d’éducation chiite duodécimain les plus importants du monde. Par la suite, il effectue un service militaire obligatoire avant de retourner à Tabriz où il continue ses activités militantes et participe à des manifestations en opposition au gouvernement. A l’occasion d’un de ces rassemblements, il est blessé et doit fuir le pays car les services de renseignement du Shah le placent dans la liste des personnes recherchées. Il s’exile donc en Syrie puis au Liban grâce à son frère Salman “Ghahreman” Safavi qui lui obtient un passeport afin de fuir le pays.
En Syrie, il est mis en contact avec Mohammed Gharazi, futur Ministre des Communications sous l’administration du président Akbar Hashemi Rafsanjani de 1989 à 1997. Son lien avec les mouvements révolutionnaires soutenant l’ayatollah Khomeini se renforce et il décide de voyager au Sud-Liban afin d’effectuer une formation militaire. Lors de son séjour hors du territoire iranien, son frère participe à la lutte armée contre le Shah.
Après sa période au Liban, Safavi se rend à Neauphle-le-Château, la commune française où réside l’ayatollah Khomeini à partir de 1978. Là-bas, le futur Guide Suprême coordonne notamment les réseaux révolutionnaires ralliés à sa cause, et produit entre autres ses cassettes contenant les messages pour mobiliser le peuple iranien et accélérer la chute de la monarchie du Shah. Les déstabilisations de la monarchie s’intensifient, et il est renvoyé en Iran afin de participer aux activités révolutionnaires. Après être retourné sur le territoire iranien et avoir participé activement aux premières heures de la République Islamique, il est nommé commandant des opérations des Gardiens de la Révolution à Ispahan. En 1979, il est déployé au Kurdistan iranien dans l’objectif de réprimer les révoltes des milices contre le nouveau gouvernement de Téhéran. Il conserve cette position jusqu’au début du conflit avec l’Irak en 1980.
Rôle dans la guerre Iran-Irak (1980-1988)
Quand les affrontements entre l’Iran et l’Irak débutent en septembre 1980, Safavi est intégré au centre de commandement sud du CGRI où il est nommé commandant des opérations puis commandant des forces terrestres. Durant l’opération “ Nous nous en remettons à Dieu “ de l’armée irakienne d’avril à juillet 1988, visant à reprendre la ville d’Al-Faw (ou Fao) et sa péninsule, les forces iraniennes subissent les offensives de l’armée de Saddam Hussein et perdent les territoires irakiens conquis jusqu’à se retrancher en deçà de leur frontière. En 2014, l’ancien président iranien Akbar Hashemi Rafsanjani déclare que, dans le contexte critique de la « Défense sacrée » et du recul des positions iraniennes, certains responsables militaires iraniens avaient émis l’idée de poursuivre et de condamner à mort des commandants du CGRI. Parmi les personnes visées, Yahya Rahim Safavi avait été accusé d’avoir déserté des positions iraniennes et laissé des équipements précieux à l’ennemi lors des offensives irakiennes. Finalement, certains hauts responsables des Pasdarans à l’instar de Ahmad Gholami ont par la suite pris sa défense. En dépit des tensions entre les différentes institutions militaires iraniennes à cette période, Safavi conserve finalement un rôle déterminant au sein des Pasdarans et acquiert sa légitimité à la fois par son rôle en tant que révolutionnaire, mais aussi pour son service durant la guerre.
Les Gardiens sous le commandement de Safavi (1997-2007)
En 1997, le commandant en chef du CGRI Mohsen Rezaei quitte ses fonctions et recommande plusieurs membres des Gardiens pour sa succession : Ali Shamkhani, ministre des Gardiens de la révolution de 1988 à 1989 ; et Gholam Ali Rashid, actuellement commandant du quartier général central de Khatam al-Anbiya. Cependant, conseillé par d’autres commandants ne partageant pas l’avis de Rezaei, le Guide Suprême Ali Khamenei décide de désigner Rahim Safavi à cette position. La prise de fonction de ce dernier s’effectue la même année que l’élection de Mohammed Khatami, candidat à la présidence. Il est à l’époque le visage dominant de la gauche islamique dans le pays, et son parti “ Front de la Participation Islamique “ défend un programme réformateur, prônant une société plus laïque, davantage de liberté pour la presse et les critiques du gouvernement. Il soutient également le développement de la culture et des arts dans le paysage national. Cette force politique menace directement l’hégémonie de l’institution des Gardiens, devenue centrale dans les activités économiques du pays et au sein de la structure gouvernementale. A la suite des élections remportées par Khatami, Safavi prononce un discours sulfureux qui attire l’attention de la population : “ Cette élection a permis aux serpents venimeux de sortir de leurs trous sombres. Mais qu’ils sachent que nous leur couperons la tête et, pour certains, la langue. “
Sur le plan des réformes internes, Rahim Safavi désigne de nouveaux responsables à des postes clés du commandement des Pasdarans, tels que Qassem Soleimani en tant que chef de la Force Al-Qods, et Mohammed Bagher Ghalibaf en tant que commandant des forces aériennes. Hormis ces changements d’effectifs, sa période à la tête du commandement des Pasdarans est également marquée par un durcissement des positions de l’institution vis-à-vis des mouvements sociaux. A titre d’exemple, les Gardiens interdisent les manifestations étudiantes lancées en 1999 pour soutenir le journal réformiste Salam, et lancent une répression violente provoquant notamment la mort de l’étudiant Ezzat Ebrahim-Nejad, tué par balle durant le raid. Cet évènement, connu sous le nom de “ Calamité de Ku-ye Daneshgah “ provoque la généralisation des manifestations à travers le pays, qui dans certaines localités dégénèrent en révoltes.
Sur le plan institutionnel, le développement de la cinquième branche des Gardiens, à savoir le « Niruyeh Moghavemat Basij » ou Bassidj, est illustrative du mandat de Rahim Safavi et du renforcement du contrôle de l’organisation au sein de l’Etat. Cette institution créée en 1979 par l’ayatollah Khomeini était initialement composée de jeunes volontaires ayant pour objectif d’intégrer les unités d’élite de l’armée iranienne durant la guerre face à l’Irak. Elle a aujourd’hui un large panel de compétences allant de la sécurité intérieure à la mise en place de la propagande et du message révolutionnaire. Le contrôle de l’information ainsi que la diffusion de l’idéologie de la République islamique passe par exemple par la création de nombreuses agences de presse créées durant les années de commandement de Yahya Rahim Safavi. Parmi elles, on peut citer l’agence Fars News, créée en 2002 et aujourd’hui un des médias gouvernementaux les plus importants du pays. Elle dépend du Bassidj et entretient des liens importants avec les services de renseignement du CGRI. D’autres organisations médiatiques sont créées durant la période de commandement de Safavi, telles que la Daneshjoo News Agency créée en 2003, dirigée par la branche universitaire du Bassidj et présente dans les 31 provinces iraniennes.
Sanctions internationales visant Yahya Rahim Safavi
Le 23 décembre 2006, le Conseil de Sécurité des Nations Unies désigne Yahya Rahim Safavi comme individu impliqué dans le programme de prolifération nucléaire et de développement d’armes nucléaires. Savafi a également été désigné par le Conseil dans la résolution 2231 de 2015 pour les mêmes activités. Il est cependant retiré de la liste du CSNU le 18 octobre 2023 en raison de l’expiration des sanctions prévues dans cette dernière résolution.
D’autre part, l’Union Européenne a également inscrit Safavi à sa liste d’institutions et d’individus liées aux mêmes thématiques que les résolutions onusiennes. Pour Bruxelles, cela implique pour les Etats membres de geler les avoirs détenus ou contrôlés par la personne, directement ou indirectement, et d’empêcher que ces avoirs soient mis à sa disposition.
D’autre part, les États membres doivent également empêcher l’entrée ou le passage en transit de la personne sur leur territoire.Le département d’État des États-Unis a, lui, inscrit Safavi dans une liste similaire en 2008, et le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor des États-Unis a émis des sanctions visant notamment à “ geler les avoirs de la personne sous juridiction américaine et interdire les transactions avec des parties américaines […] et vise les terroristes et ceux qui apportent un soutien aux terroristes ou aux actes de terrorisme. “
L’avancée des négociations en 2025 entre les Etats-Unis et l’Iran au sujet du programme nucléaire iranien pourraient affecter les sanctions existantes, et possiblement réduire ou éliminer celles-ci en cas de finalisation d’un accord.
Dernière mise à jour :06/2025
Raphaël SILBERT
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À propos de l'auteur
Noah VIDON
Diplômé en Relations Internationales et Sciences-politiques, Noah nourrit une passion ardente pour l’analyse géopolitique et la prospective stratégique. Sa fascination pour l’Asie, creuset de cultures et acteur clé de l’échiquier mondial, aiguise son ambition. Fort d’un regard multiculturel, il aspire à servir une action publique innovante, au cœur des politiques étrangères de demain.