Friedrich Merz – Chancelier de la République Fédérale d’Allemagne

Date de naissance : 11 novembre 1955
Lieu de naissance : Brilon (Allemagne)
Dernières fonctions: Chancelier Fédéral de la République Fédérale d’Allemagne
Introduction
Homme de l’ombre devenu leader de la CDU puis chancelier allemand, Friedrich Merz est l’illustration de la patience en politique. Après avoir effectué une première partie de carrière entre les années 1980 jusqu’à 2009, Merz se retire du parti pendant 9 ans et se consacre à son métier d’avocat. A son retour, il reconstruit progressivement sa légitimité politique et occupe la fonction de député au Bundestag à partir de 2021. Longtemps qualifié de rival face à l’ex-chancelière Angela Merkel, Merz se différencie par sa politique axée sur un renforcement des relations militaires transatlantiques, des mesures plus strictes sur l’immigration et une économie libérale basée sur la dérégulation et la réduction des taxes. Rapidement élu leader de la CDU, il stabilise sa ligne politique et accède finalement au poste de chancelier à l’issue des élections de février 2025.
Biographie
Friedrich Merz est né le 11 novembre dans la ville de Brilon, non loin de Dortmund en Rhénanie-du-Nord. Il est issu d’une famille de juristes, ce qui le pousse naturellement dans ce secteur d’activité. Membre de la CDU depuis ses 18 ans, il obtient son diplôme d’entrée à l’université (le « Abitur » en allemand) au Friedrich-Spee Gymnasium à Ruthen, puis effectue son service militaire entre 1975 et 1976. Il entame ensuite une formation de sciences politiques et de droit à Bonn et Hambourg, à l’issue de laquelle il réussit deux examens nationaux de droit en 1982 puis 1985, après 3 ans de période préparatoire au tribunal régional de Sarrebruck. Il exerce ensuite en tant que juge dans le district du même nom. A partir de 1986, il occupe également pendant trois ans la fonction d’orateur au Verband der Chemischen Industrie e.V. (association de l’industrie chimique).
Cependant, animé par un intérêt particulier pour les questions politiques, il décide de devenir membre du Parlement Européen en tant que membre de la CDU. En 1994, il effectue un changement d’institutions et devient député du Bundestag, chambre haute et assemblée parlementaire de la nouvelle république fédérale allemande unifiée. Il devient vice-président du groupe parlementaire de 1998 à 2000, puis président de 2000 à 2002. En 2000, alors qu’une lutte au sein du parti s’engage pour déterminer le nouveau leader, Friedrich Merz se positionne en tant que candidat sérieux avec un programme traditionaliste et plus ancré à droite, tandis qu’Angela Merkel incarne alors un renouveau davantage proche du centre-droit. C’est finalement elle qui sort vainqueur de cette opposition, et écarte un rival clairement en désavantage en termes d’image et de charisme par rapport à elle. Cet évènement marque un tournant dans les habitudes électorales de la CDU : pour la première fois, une femme protestante (et non catholique) accède à la direction du parti. Une rivalité s’installe entre les deux représentants, cependant Merz n’a pas les capacités de lutter face à la future chancelière, qui l’écarte du leadership au Bundestag en 2002. Dans ses mémoires, Merkel admet la conflictualité ambiante qui habitait la CDU « Il y avait un problème depuis le début. […] Nous voulions tout les deux être le patron ».
A partir de 2009, Merz stoppe sa carrière politique et se redirige vers le secteur privé, où il occupe le poste de juriste d’entreprise pour le cabinet d’avocat Mayer Brown. En parallèle de cette activité, il supervise également le conseil de surveillance du gestionnaire d’investissements BlackRock en Allemagne. Ces différentes fonctions lui permettent de devenir multimillionnaire.
Sur le plan personnel, Friedrich Merz est marié à Charlotte Merz, et le couple est parent de trois enfants. Merz, passionné par l’aviation, avait l’habitude avant d’être chancelier de piloter régulièrement ses propre engins depuis sa maison dans la région de Sauerland dans l’Ouest de l’Allemagne jusqu’à Berlin.
Un retour gagnant
La fin de carrière politique d’Angela Merkel en 2018 laisse une porte ouverte à un nouveau leadership au sein du parti. Bien que Merz se présente donc à la succession pour être le nouveau leader de la CDU, il est battu par ses concurrents en 2018 et 2021. Puis, à la suite de la défaite du parti aux élections allemandes face au parti Social-Démocrate d’Olaf Scholz, il finit par être élu à la tête de l’Union. En plus de cette fonction, il devient également leader du groupe parlementaire de la CDU au Bundestag. Devenu l’homme fort du parti, Merz consolide sa légitimité en défendant un programme se différenciant remarquablement des idées de Merkel : en plus d’afficher une volonté vivace de renforcer de la coopération transatlantique et européenne en matière de défense, il soutient une régulation plus stricte de l’immigration. A titre d’exemple, il a soutenu durant la période d’élections générales de début 2025 l’idée que les demandeurs d’asile arrivant d’autres États membres de l’Union européenne soient rejetés aux frontières terrestres de l’Allemagne. Enfin, dans le domaine de l’économie, Merz défend une dérégulation des marchés, et critique le système de prestations sociales existant en Allemagne, qu’il avait promis de réduire si la CDU accédait au pouvoir. En matière de politique extérieure, Merz et la CDU affichent un soutien affirmé à l’Ukraine dans le contexte de guerre avec la Russie, et maintiennent un clair soutien diplomatique militaire vis-à-vis d’Israël dans le conflit à Gaza.
Le 23 février 2025, la CDU et l’alliance Union Sociale Chrétienne remportent les élections avec 28,6% des votes et 208 sièges au Bundestag. Après avoir formé une coalition gouvernementale, Merz est désigné chancelier dans les mois qui suivent.
Polémique vis-à-vis de l’AFD
Une des sources de polémiques concernant le nouveau chancelier allemand demeure sa relation avec le parti AFD (Alternative für Deutschland) d’extrême droite. En plus d’avoir provoqué de vives réactions après des propos provocateurs et rétrogrades vis-à-vis des homosexuels et des immigrés, Friedrich Merz a également été la source de nouvelles crises médiatiques après le rapprochement de la CDU avec l’AFD pour proposer un projet de loi sur l’immigration. Cette proposition de loi intervient après une vague d’attaques terroristes entre fin 2024 et début 2025, et coïncide avec la remise au centre des débats de la politique migratoire mise en place par Berlin.
Interrogé en 2023 sur la possibilité de coopérer avec l’AFD au niveau local, Merz avait déclaré qu’il était nécessaire de « reconnaître les élections démocratiques », avant de retirer ses propos. Puis, en 2024, il avait affirmé que la CDU ne tenterait pas de faire passer un texte de loi au Bundestag si cela impliquait de dépendre des votes de l’AFD. La volonté affichée de s’associer à ce parti en 2025 a donc provoqué de fortes réactions au sein de l’électorat de droite modérée, et l’ancienne chancelière Angela Merkel a même condamné publiquement cette prise de position de Friedrich Merz. En réaction, le nouveau chef d’Etat a lui affirmé qu’il n’avait rien fait de répréhensible et qu’il ne travaillait pas avec l’extrême droite. Finalement, le texte soutenu par les conservateurs et l’AFD a été rejeté de peu de voix.
Dernière mise à jour : 30 / 06 / 2025
Raphaël SILBERT
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À propos de l'auteur
Raphaël SILBERT
Etudiant de Relations Internationales en Master 1 à l'ILERI, et aspirant à spécialiser prochainement en Défense, Gestion des risques et Cybersécurité, Raphaël possède un intérêt particulier pour la zone Moyen-Orient, renforcé par l'apprentissage de l'arabe et de l'hébreu en parallèle de sa formation.