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Washington face aux provocations chinoises en Indopacifique

Publié le 20/06/2025
4 min de lecture
Par Sidonie Ayroles
Asie de l'est

Alors que Washington et Pékin semblent reprendre progressivement un dialogue militaire, notamment à travers le «Shangri-La Dialogue» (plus grande rencontre au sujet de la défense en Asie), le secrétaire américain de Défense Pete Hegseth n’a de cesse de répéter que l’Indopacifique est et restera un lieu de puissance américaine. Si l’objectif de ces discussions est de réduire les escalades et les tensions, elles ne semblent pas dissuader la Chine de mener des actions provocatrices dans la région, et ce, y compris après la mise en place des nombreux exercices militaires conjoints, abordés dans un article précédent.

Le 21 mai 2025, un navire de la garde côtière chinoise a fait usage de la force contre un bateau de recherche philippin, provoquant des dégâts matériels, alors que celui-ci était autorisé par le gouvernement local à mener cette traversée. L’incident s’est produit à proximité de l’île de Thitu contrôlée par les Philippines mais revendiquée par Pékin. Depuis plusieurs mois, les incidents se multiplient autour d’une épave militaire philippine, utilisée comme poste avancé. Les tactiques d’intimidations chinoises (manœuvres agressives, collision volontaires, canon à eau) visent de dissuader l’exploitation des ressources dans cette zone riche en hydrocarbure et ressources halieutiques.  Le gouverneme

nt philippin a dénoncé un acte dangereux et illégal, soulignant la logique d’escalade dans laquelle la Chine se positionne.

Ce genre d’incident n’est pas un cas isolé : il s’inscrit dans un conflit plus large et persistant autour des revendications maritimes en mer de Chine méridionale. Pour rappel, la Chine revendique la quasi-totalité de cette zone par le biais de la «ligne à neuf traits » ou «ligne discontinue» (ligne tracée par la Chine elle-même sur les cartes pour matérialiser ses revendications). Cette délimitation a pourtant été invalidée par le Tribunal international du droit de la mer en 2016. Pour autant, Pékin continue d’y déployer des navires de guerre, des garde-côtes et des milices maritimes au détriment des pays voisins, notamment les Philippines, le Vietnam, la Malaisie ou encore Brunei.

Les États-Unis, alliés historiques des Philippines, ont réagi à ce nouvel accrochage. L’ambassadrice américaine à Manille Mary Kay Carlson a condamné ces actions, les qualifiant de dangereuses, car mettant en danger la vie de civils, qui plus est dans un cadre illégal. Le Département d’État américain a réitéré qu’une attaque armée contre des navires ou du personnel philippins dans la mer de Chine méridionale pourrait déclencher le traité de défense mutuelle, signé entre les deux pays en 1951.

Le Japon a également été pris pour cible plus récemment. La Chine a effectué des manœuvres à proximité de sa zone de souveraineté les 7 et 8 juin 2025. Deux avions militaires chinois ont pourchassé un avion de patrouille japonaise pendant de longues minutes et à très proche distance. Cette manœuvre a été qualifiée par les autorités nippones d’anormale et dangereuse car susceptible de provoquer une collision involontaire. Le ministère japonais de la Défense a directement convoqué l’ambassadeur chinois.

En tant qu’allié du Japon, les États-Unis ont réagi rapidement, d’autant plus qu’ils apportent un soutien et participent activement eux-mêmes à certaines patrouilles aériennes conjointes. Washington n’a pas manqué de réaffirmer la légalité de ces opérations aériennes.

Malgré les craintes de retrait des États-Unis dans la région avec le nouveau mandat de Donald Trump, le gouvernement américain ne cesse de montrer son soutien et son engagement envers ses alliés dans cette zone. L’administration Trump a tout de même encouragé ses partenaires de l’Indopacifique à augmenter leurs dépenses dans le secteur de la défense, en évoquant un objectif de 5% du PIB, similaire aux demandes vis-à-vis des pays européens. Une piqûre de rappel indirecte à l’Europe, insistant à nouveau sur la nécessité pour celle-ci de se prendre en charge pour que les États-Unis aient la possibilité de concentrer ses forces sur l’Indopacifique.

Cependant, des craintes apparaissent dans le monde militaire américain, car si le gouvernement semble prêt à mener une bataille dans cette région du monde, les modèles d’intervention, comme ceux réalisés en au Proche et au Moyen-Orient sont radicalement différents. La défense de Taïwan ou des littoraux de l’Indopacifique demande un entraînement particulier et une force navale considérable. L’évolution de l’armée américaine vers des opérations multi-domaines nécessite une adaptation rapide.

À propos de l'auteur

Sidonie Ayroles

Sidonie Ayroles

Diplômée en Relations Internationales, Sécurité et Défense, Sidonie a une forte appétence pour l’analyse géopolitique et les enjeux stratégiques. Spécialisée dans l’évaluation des risques sécuritaires, elle s'intéresse aux dynamiques de défense et aux menaces contemporaines, alliant veille stratégique et réflexion prospective sur les équilibres internationaux.

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