Poids de la dette BRI et guerre des droits de douane

L’aide de la Chine dans le cadre de la BRI
Depuis le lancement en 2013 de l’initiative chinoise des « Nouvelles routes de la soie », dans sa traduction anglaise « Belt and Road Initiative » (BRI), la Chine multiplie les investissements étrangers afin d’étendre sa puissance tout en aidant les pays à se développer.
Ainsi, le 19 février 2025, le Parlement vietnamien a voté une loi promulguant la construction d’une ligne ferroviaire reliant le littoral vietnamien au sud de la Chine. La ligne reliera le port vietnamien de Haiphong à la province du Yunnan, en passant par la capitale du Vietnam, Hanoï.
Le projet s’élevant à plus de huit milliards de dollars, la Chine a prévu de soutenir son allié par l’intermédiaire de prêts finançant partiellement la construction des rails. La partie chinoise annonce également apporter un soutien logistique pour faciliter l’acheminement de matériaux en province du pays aux entreprises établies au Vietnam, comme Samsung par exemple.
Dans le cadre de la BRI, les initiatives de ce type se sont multipliées et l’influence de la Chine sur le continent asiatique n’a cessé de croître à mesure que se développaient les divers projets d’infrastructures. La Chine a par exemple aidé le Laos en 2021 dans un projet ferroviaire afin de relier Vientiane, au Laos, à Kunming dans l’actuelle province du Yunnan.
Le revers de la médaille
Alors que les initiatives chinoises semblent être une aubaine pour les pays recevant ces financements, certains destinataires de ces prêts se retrouvent en difficulté pour les rembourser. C’est notamment le cas du Sri Lanka et de son port à Colombo. Alors que Pékin a facilité la construction d’un port grâce à des prêts, le Sri Lanka s’est retrouvé étouffé par l’endettement envers la Chine et a dû lui céder l’usufruit du port pour une durée de quatre-vingt-dix-neuf ans. La Chine s’est massivement impliquée dans ce projet, contrôlant alors 70% de l’infrastructure via ses prêts.
Comme dans le cas du Sri Lanka, le Laos était déjà dans une situation économique complexe avant de faire appel à la Chine. Si sa dette s’élevait à trois quart de son PIB avant les prêts chinois, son endettement s’est intensifié pour atteindre 123% de son PIB en 2023, d’après le Fonds monétaire international.
De plus, bien que la Chine ait accepté un échelonnement de la dette – reportant à une date ultérieure son remboursement -, l’opacité des contrats chinois est critiquée. L’économiste Maria Cooray, affiliée au think-tank australien Lowy Institute, souligne le manque de transparence des contrats passés avec la Chine et met en garde contre ses pratiques. «La crise de la dette du Laos est beaucoup plus importante que le monde ne le pense, en partie à cause du degré d’opacité exceptionnel et de la piètre qualité des statistique», rapporte-t-elle au journal Nikkei Asia.
Malgré la situation critique dans laquelle se trouve le pays, il continue néanmoins à entreprendre des projets avec l’entreprise chinoise China General Nuclear pour développer ses sources d’énergies renouvelables.
Un rehaussement des barrières douanières entre les États-Unis et la Chine
Après les premières décisions américaines sur les droits de douanes annoncées le 4 février dernier, l’administration Trump a doublé les droits de douane à l’égard de la Chine, passant de 10 à 20%. Toutefois, bien que les droits de douane aient augmenté, ils restent néanmoins inférieurs aux premières annonces de 60%, étant ainsi considérés comme une « bonne surprise » affirme Quentin Couvreur, doctorant en science politique spécialiste du pays.
Face aux premières mesures américaines, la Chine a répliqué aussitôt avec la mise en place de droit de douane supplémentaires de 10 à 15%.
Les droits de douane de 15% concernent les importations de volaille et les produits agricoles américains, comme le blé, le maïs et le coton. Ceux de 10% se concentrent sur les produits tels que le soja, le porc, le bœuf, les fruits, les légumes et les produits laitiers.
Par ailleurs, afin de renforcer sa pression, «le ministère du Commerce chinois a ajouté 15 entreprises américaines à la liste des entreprises soumises au contrôle des exportations chinoises», rapporte SCMP. Ving cinq autres entreprises ciblées pour leurs ventes d’armes à Taïwan ont été ajoutées à cette même liste. Ces entreprises ne pourront désormais plus commercer ou investir en Chine.
Enfin, la Chine accuse en plus les États-Unis de fragiliser le commerce mondial par ses mesures jugées unilatérales. Le ministère chinois des Finances a déclaré que «Washington, en agissant unilatéralement, porte atteinte au système commercial multilatéral» et «fragilise les bases de la coopération économique et commerciale entre la Chine et les États-Unis».
De plus, dans une réunion tenue à Séoul le 30 mars dernier convoquant le Japon, la Corée du Sud et la Chine, les trois pays ont décidé de renforcer leurs coopérations dans le but de parvenir à un accord de libre-échange. Se posant à l’encontre de l’unilatéralisme américain, les trois pays soutiennent une réforme de l’OMC, tout en disant souhaiter préserver un environnement commercial stable et équitable.
À propos de l'auteur
Raphael Yussourou
Biographie non renseignée