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Les relations entre la Russie et son « étranger proche » sur les questions de sécurité – Point de situation au 19/04/2024

Publié le 19/04/2024
5 min de lecture
Par Naïs Chaudagne
Russie

Ces dernières semaines, on a pu constater une prise de distance croissante entre l’Arménie et la Russie, comme en témoignent les sanctions arméniennes à l’égard du Kremlin ou encore les critiques concernant la présence militaire russe en Arménie. Simultanément, l’attentat de Moscou a redynamisé la coopération entre la Russie et son étranger proche d’Asie centrale, concernant la lutte contre le terrorisme.

Cette veille évoquera ces différents points et essaiera de montrer la construction progressive d’un nouvel axe stratégique de la Russie avec son étranger proche sur les questions sécuritaires.

L’instauration de sanctions : un signal d’éloignement

Le samedi 30 mars 2024, les cartes bancaires russes « MIR » ont cessé de fonctionner en Arménie. En effet, l’Arménie est accusée par les États occidentaux, notamment par le Département du Trésor américain, de complaisance avec la Russie ce qui pourrait l’exposer à de potentielles sanctions secondaires. L’Ouzbékistan, pour les mêmes raisons que le gouvernement arménien, a décidé d’également appliquer les sanctions occidentales contre les cartes bancaires russes « MIR ».

L’instauration de sanctions à l’égard de la Russie a envoyé un signal d’éloignement de l’étranger proche vis-à-vis du Kremlin. Ces sanctions sont comprises par le gouvernement russe comme une manière d’endiguer son influence (principalement économique) dans la zone eurasienne.

Cette décision de sanction contre «MIR» s’inscrit dans une « stratégie de rupture », explicitée ci-dessous, vis-à-vis de la Russie de la part de l’Arménie.

«Stratégie de rupture» de l’Arménie

Rappelons que le 23 février 2024, le gouvernement arménien de Nikol Pashinyan a annoncé la suspension de la participation de l’Arménie à l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC). Ceci est perçu comme une «stratégie de rupture» selon Régis Genté. En effet, l’OTSC n’est plus vue d’un bon œil et les rapports sécuritaires entre l’Arménie et la Fédération de Russie se sont fortement détériorés.

Ainsi, le gouvernement arménien, le 7 mars 2024, a demandé au Kremlin le retrait des troupes russes de la 102ème base militaire localisée en Arménie. Les soldats russes doivent notamment quitter l’aéroport d’Erevan avant le 1er août 2024. Selon la diplomatie russe, «la présence de la 102ème base militaire russe et des gardes-frontières russes est la seule véritable garantie de la souveraineté de l’Arménie». Maria Zakharova – représentante officielle du Ministère des Affaires Étrangères, a rappelé le 16 mars 2024, que seule la Russie a protégé l’Arménie, contrairement aux Occidentaux qui ne disent que des «mots vides».

Sergueï Lavrov – ministre russe des Affaires étrangères – a mis en garde, le 16 mars 2024, contre « l’agenda anti-russe » imposé à l’Arménie par ce qu’il considère comme l’Occident, tout en rappelant que la Russie continuera à aider l’Arménie si elle décide de rester dans l’OTSC. Cet «agenda anti-russe» s’est concrétisé par les sanctions concernant les cartes «Mir», à titre d’exemple. Le ministre russe des Affaires étrangères a également déclaré le 29 mars 2024 : «les dirigeants arméniens, familiarisés avec le point de vue de Moscou, connaissent la volonté de la Fédération de Russie de contribuer à la normalisation des relations avec l’Azerbaïdjan, et connaissent également les mesures de l’Occident pour rendre difficile cette normalisation». Selon le Kremlin, l’OTAN et l’UE sont à l’origine des mesures qui compliqueraient ce processus. Les relations arméno-russes sont devenues aujourd’hui plus complexe du fait de la volonté arménienne de diversifier son économie et ses alliances militaires afin de réduire sa dépendance à la Russie.

L’attentat du Crocus City Hall et la lutte anti-terroriste en Asie centrale

L’attentat du Crocus City Hall du 22 mars 2024 a réactivé les différentes organisations eurasiennes de sécurité, explicitées ci-dessous, principalement concernant la lutte anti-terroriste en Asie Centrale. En effet, l’attentat a été revendiqué l’État Islamique au Khorassan (EI-K) localisé en Asie centrale. Et, les auteurs présumés seraient originaires du Tadjikistan.

Les représentants russes et kirghizes se sont regroupés le 29 mars 2024 à Bichkek afin de rappeler l’importance de la coopération militaire et sécuritaire dans les grandes organisations que sont l’OTSC, l’OCS (Organisation de Coopération de Shangai) et l’UEE (Union Économique Eurasiatique) dans la lutte contre le terrorisme pour maintenir la stabilité dans la zone eurasiatique. Les deux pays ont exprimé leur volonté de dialoguer sur les questions de sécurité régionale afin de lutter contre les groupuscules djihadistes.

Le Président kazakh Kasym-Jomart Tokaiev a manifesté sa solidarité à la Fédération de Russie dans les questions de lutte contre le terrorisme. L’Ouzbékistan a également pris des mesures de renforcements de sa sécurité intérieure, principalement concernant la lutte contre le terrorisme. Les autres pays d’Asie centrale ont également rappelé l’importance de ces organisations dans les jours suivants l’attentat.

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