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Les relations des États-Unis avec les pays de l’Indo-pacifique – Point de situation au 10/02/2025

Publié le 10/02/2025
4 min de lecture
Par Sidonie Ayroles
Asie de l'est

Le 20 janvier, Donald Trump célébrait son grand retour à la Maison-Blanche. Alors que son investiture suscitait déjà de nombreuses réactions, ce n’est qu’un jour après, le 21 janvier, que le nouveau secrétaire d’État, Marco Rubio, a organisé une réunion quadrilatérale avec les ministres des Affaires étrangères australien, japonais et indien. Ce premier acte de politique étrangère laisse entrevoir les nouvelles orientations des États-Unis pour ce mandat et place ces partenaires au cœur de la stratégie géopolitique américaine.

Au-delà du signal fort envoyé par cette rencontre, l’objectif principal était de préparer le prochain sommet du QUAD, prévu en septembre en Inde. Celui-ci devra déterminer l’avenir de la région Indo-pacifique face à l’influence croissante de la Chine. Cette initiative marque un tournant important dans la politique étrangère des États-Unis et met en lumière la priorité accordée à cette région par la nouvelle administration.

Les tensions entre la Chine et les États-Unis ne sont pas nouvelles. Elles ont atteint un pic sous la précédente présidence de Donald Trump, notamment lors de la crise sanitaire du Covid-19. Si l’administration Biden avait tenté d’apaiser certaines frictions, elle avait tout de même renforcé des alliances stratégiques, notamment au sein du QUAD. Le retour de Trump laisse présager une intensification des tensions avec la Chine, notamment dans cette région d’importance économique majeure.

Lors de cette réunion, les quatre responsables diplomatiques ont déclaré : «

Nous nous engageons à renforcer la sécurité maritime, économique et technologique régionale face à la montée des menaces, tout en promouvant des chaînes d’approvisionnement fiables et résiliantes ». L’Inde a insisté sur la nécessité de maintenir ces rencontres afin d’assurer une préparation optimale du sommet de septembre. Par ailleurs, le Premier ministre japonais, Shigeru Ioshiba, a réaffirmé à plusieurs reprises son intention de rencontrer Donald Trump, soulignant que le soutien américain était essentiel au maintien de la paix dans la région.

Cette rencontre intervient également dans un contexte militaire tendu. Récemment, les États-Unis et les Philippines ont mené des patrouilles conjointes en mer de Chine méridionale, tandis que Washington aurait déployé des missiles capables d’atteindre la Chine et la Russie. Ces décisions ont immédiatement été condamnées par Pékin et Moscou, qui ont exprimé leur ferme opposition à ces développements. En parallèle, les déclarations de Trump qualifiant la Corée du Nord de « puissance nucléaire » ont suscité de vives inquiétudes au Japon et en Corée du Sud, ces deux pays redoutant un possible changement d’orientation de la politique américaine envers Pyongyang.

Cette réunion quadrilatérale illustre donc la volonté des États-Unis de rester un acteur central dans la région Indo-pacifique, en jouant un rôle de pivot stratégique entre les différentes puissances. Sans leur implication, chaque pays pourrait être tenté d’adopter une stratégie défensive propre, au risque de fragmenter la région et de laisser plus de marge de manœuvre à la Chine. Cependant, les intentions réelles de Trump restent à déterminer. En réaffirmant son slogan « America First » et en exprimant des ambitions stratégiques au Groenland et en Arctique, les États-Unis semblent indiquer une volonté d’aller au-delà d’une simple participation et de s’affirmer comme un acteur dominant dans les régions où ils interviennent.

Les premières actions de Trump suggèrent un durcissement de la politique américaine envers la Chine, ce qui pourrait exacerber les tensions militaires et économiques. Son approche dans l’Indo-pacifique repose sur une confrontation directe avec Pékin et une posture plus imprévisible envers la Corée du Nord. Cette stratégie risque de fragiliser la stabilité régionale et mondiale tout en accentuant la polarisation. Les pays d’Asie du Sud-Est pourraient être contraints de choisir entre les États-Unis et la Chine, au risque d’envenimer leurs relations diplomatiques et d’affecter leur économie. Ainsi, l’Indo-pacifique s’impose plus que jamais comme l’épicentre de la rivalité entre grandes puissances.

À propos de l'auteur

Sidonie Ayroles

Sidonie Ayroles

Diplômée en Relations Internationales, Sécurité et Défense, Sidonie a une forte appétence pour l’analyse géopolitique et les enjeux stratégiques. Spécialisée dans l’évaluation des risques sécuritaires, elle s'intéresse aux dynamiques de défense et aux menaces contemporaines, alliant veille stratégique et réflexion prospective sur les équilibres internationaux.

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