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Diplomatie russe en Afrique et en Asie – Point de situation au 08/04/25

Publié le 08/04/2025
5 min de lecture
Par Enzo PADOVAN
Russie

Le 27 mars, Sergueï Lavrov a donné un discours lors de la conférence internationale Russo-Indienne. Dans son allocution, le chef de la diplomatie russe a salué les liens amicaux qui unissent les deux pays, notamment en matière de coopération politique (au sein d’instances internationales telles que les BRICS et l’OCS), ou encore d’échanges commerciaux. La balance commerciale entre les deux pays devrait justement atteindre les 100 milliards de dollars d’ici 2030, soit une augmentation de 67% par rapport aux niveaux de 2024.

De plus, Sergueï Lavrov a annoncé que le président Vladimir Poutine se rendrait prochainement en Inde, pour la première fois depuis le début du conflit ukrainien (tel que rapporté par le journal The Diplomat). Le partenariat russo-indien n’est pas à prendre à la légère ; New Delhi est particulièrement méfiante vis-à-vis de son voisin chinois, dont l’influence pourrait être atténuée par l’action de la Russie. Quant à Moscou, cette dernière voit aussi dans l’Inde une force d’équilibre dans les rapports de force eurasien, en plus d’être très intéressée par la taille colossale du marché indien pour son propre commerce extérieur.

Mais si le partenariat avec l’Inde semble avoir de beaux jours devant lui, les relations avec l’Arménie sont toujours mises à rude épreuve. Toujours le 27 mars, le journal Kommersant a relayé la réaction russe à la récente décision, par le Parlement arménien, de déposer une candidature à l’adhésion européenne. Bien que cette décision demeure principalement symbolique, elle a été fortement criti

qué par Alexeï Overtchouk, vice-Premier Ministre russe en charge des affaires eurasiennes.

D’après lui, l’Arménie ne peut pas faire partie à la fois de l’Union Economique Eurasiatique, tout en candidatant auprès de l’Union Européenne, que la Russie perçoit comme son principal adversaire. Erevan continue d’appliquer une politique d’équilibre entre Moscou et l’Europe depuis la perte du Haut-Karabagh, en septembre 2023, tentant de ne pas s’aligner complètement sur l’un ou l’autre des deux ennemis. Cependant, comme en témoigne la réaction d’Alexeï Overtchouk, cette indécision suscite la colère du Kremlin, qui souhaite garder les pays de l’ex-URSS dans son cercle d’influence.

L’autre actualité importante de la fin mars est l’organisation, à Brasilia, d’une réunion des différents Etats-membres des BRICS, dédiée au Moyen-Orient et à l’Afrique du Nord. La Russie y était représentée par Mikhaïl Bogdanov, un des adjoints de Sergueï Lavrov, et qui a rencontré plusieurs de ses homologues (dont le représentant iranien). Dans la déclaration que les BRICS ont publié, à l’issue de cette réunion, deux sujets semblent avoir fortement occupé les discussions : d’une part, la situation au Proche-Orient et l’effondrement du cessez-le-feu instauré dans la bande de Gaza. Les pays des BRICS ont, une nouvelle fois, condamné l’occupation illégale, par l’armée israélienne, de la Cisjordanie et d’une partie du Liban, et réaffirmé leur soutien à l’instauration d’un Etat palestinien indépendant.

D’autre part, les Etats-membres des BRICS ont fortement insisté sur le respect de la souveraineté des pays du Moyen-Orient, notamment l’Iran, un des nouveaux membres de l’organisation. Les articles 29 et 30 de la déclaration y sont consacrés, condamnant les «sanctions unilatérales» imposées à l’encontre du programme nucléaire de Téhéran, et invitant cette dernière à poursuivre sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. Sans les mentionner directement, les BRICS déplorent les menaces des Etats-Unis et d’Israël adressées à l’Iran, dont le programme nucléaire est considéré comme un danger pour la sécurité internationale. Quelques jours avant des consultations entre Washington et Téhéran sur ce sujet, la Russie semble donc prendre le parti de son partenaire iranien, et s’est dit prête à servir de médiatrice sur cette question.

Enfin, le 28 mars, la Russie et la Chine ont également condamné les récents exercices militaires américains en Corée du Sud, qu’elles qualifient «d’actions provocatrices menaçant la paix et la stabilité en Asie du Nord-est». Ainsi, en dépit du rapprochement évident entre les Etats-Unis et la Russie au cours de ces dernières semaines, le Kremlin continue de privilégier la défense de ses alliés eurasiens (l’Iran, la Corée du Nord) contre les Occidentaux. Fidèle à son concept de politique étrangère, son objectif est bel et bien de rééquilibrer l’ordre international à son avantage, et de limiter l’influence de ses adversaires dans les pays du Sud Global.

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