La Francophonie : Un héritage linguistique et culturel en constante évolution

En 2022, l’Organisation Internationale de la Francophonie a organisé le 18e Sommet de la Francophonie en Tunisie, au cours duquel les questions de maintien de la paix, de développement économique et de promotion de la langue française ont été abordées. Plusieurs hauts dirigeants étaient présents lors de ce Sommet, tels que le Président de Tunisie, le Premier ministre de l’Arménie, Président français Emmanuel Macron, et d’autres hommes et femmes politiques.
La Francophonie, vaste réseau de pays et de communautés unis par la langue française, incarne un héritage linguistique et culturel riche qui s’étend aux quatre coins du globe. Depuis sa création, l’OIF s’est efforcée de promouvoir et de préserver cette francophonie, offrant un espace de coopération et de dialogue entre ses membres. Au fil des décennies, l’OIF a évolué, s’adaptant aux changements politiques, sociaux et culturels qui ont façonné le monde francophone. Quel est le but initial de création de l’OIF ? Comment l’Organisation est-elle passée d’une communauté linguistique et culturelle à une organisation internationale du même type que l’Organisation des Nations Unies ?
Cet article explore l’histoire de la Francophonie, les projets majeurs de l’OIF et les défis auxquels cette organisation internationale a fait face depuis ses débuts. De la promotion de la langue française à la mise en valeur des questions politiques et sécuritaires, plongeons au cœur de cet univers francophone dynamique et en constante transformation.
La naissance de l’Organisation Internationale de la Francophonie
À l’origine, le terme «francophonie» a été introduit par des géographes à part
Les expressions «francophonie», «Francophonie» et «espace francophone» sont parfois utilisées de manière synonyme, mais le plus souvent elles se complètent dans leur utilisation :
– La «francophonie», écrite avec un f minuscule, fait référence à l’ensemble des peuples ou des groupes de locuteurs qui utilisent principalement ou exclusivement la langue française dans leur vie quotidienne ou leurs échanges ;
– La «Francophonie», écrite avec un F majuscule, désigne plutôt l’ensemble des gouvernements, des pays ou des instances officielles qui partagent l’usage du français dans leurs travaux ou leurs échanges ;
– Le terme «espace francophone» ou «monde francophone» représente une réalité qui ne se limite pas uniquement à des considérations géographiques ou linguistiques, mais englobe également des aspects culturels. Il regroupe toutes les personnes qui, de près ou de loin, ressentent ou expriment un certain lien avec la langue française ou les cultures francophones, qu’elles soient d’origine slave, latine, créole, etc. Cette appellation «d’espace francophone» est la plus ambiguë, mais peut-être aussi la plus propice.
Après la Seconde Guerre mondiale, une «conscience francophone» a commencé à émerger, notamment à partir d’un numéro spécial de la revue Esprit en 1962. Le mot «francophone» a été intégré dans Le Petit Larousse et suivi de «francophonie» cette même année, définissant la «collectivité constituée par les peuples parlant le français».
Le président du Sénégal de l’époque Léopold Sédar Senghor a contribué à populariser ce terme. Ainsi, la francophonie doit être comprise comme la conscience de partager une langue et une culture francophones plutôt que comme une décision officielle ou des données objectives. Il s’agit d’une communauté d’intérêts, où le français est considéré comme un point commun entre une multitude de peuples différents, les fédérant dans un idéal culturel et linguistique.
En même temps, les locuteurs du français ont commencé à se sentir menacés par l’omniprésence de l’anglais et l’influence de la culture anglo-américaine. C’est à ce moment que la conscience de la communauté francophone s’est éveillée, avec la volonté de s’unir pour défendre :
– certaines spécificités de la langue française, qui la rendent plus précise que la langue anglaise. L’usage de ne pas juxtaposer (en général) deux noms sans préciser la nature exacte de leur rapport est également un «plus» reconnu en termes de précision du français par rapport à l’anglais.
– une possible «exception culturelle francophone». Cela tend à prendre la forme de la diversité culturelle.
Historiquement, l’Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF) a été la première grande organisation non gouvernementale d’établissements d’enseignement francophones. Elle a été créée en 1961 et compte parmi ses initiateurs le journaliste canadien Jean-Marc Léger. Par la suite, l’AUPELF a été renommée Agence universitaire de la Francophonie.
L’idée de la francophonie a été initialement promue par des personnalités telles que Léopold Sédar Senghor (président du Sénégal), Hamani Diori (président du Niger), Habib Bourguiba (président de la Tunisie) et Norodom Sihanouk (chef de l’État du Cambodge). Cette idée a été largement exprimée lors de la première conférence de Niamey en 1969, où André Malraux, ministre de la Culture de la France envoyé par le général de Gaulle, y a participé. Selon Léopold Sédar Senghor, «la création d’une communauté de langue française […] exprime le besoin de notre époque, où l’homme, menacé par le progrès scientifique dont il est l’auteur, veut construire un nouvel humanisme qui soit, en même temps, à sa propre mesure et à celle du cosmos». Certains défenseurs de l’idée francophone, tels que Stelio Farandjis, ont également vu dans la francophonie un moyen de favoriser le dialogue interculturel, allant jusqu’à créer une terminologie spécifique (arabofrancophonie).
L’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) a préconisé la création d’une institution intergouvernementale francophone, ce qui a été concrétisé lors de la deuxième Conférence de Niamey en 1970 par la création de l’Agence de coopération culturelle et technique, qui est aujourd’hui l’Organisation internationale de la francophonie, dont l’APF est devenue une institution intégrée.
En 2023, l’Organisation internationale de la francophonie compte 88 États et gouvernements, comprenant 54 membres, 27 observateurs et 7 associés, répartis dans 7 régions du monde. Le français, parlé par 321 millions de locuteurs francophones à travers le monde, possède le statut de langue officielle, seul ou en association avec d’autres langues, dans 32 États et gouvernements membres de l’OIF.
À l’heure actuelle, l’OIF mène des actions visant à promouvoir la langue française et à encourager la coopération entre ses membres. Jusqu’en 1986, année des premiers Sommets de la Francophonie, l’organisation se concentrait sur des actions techniques et culturelles. Par la suite, son champ d’action s’est élargi pour inclure des initiatives de coopération multilatérale, conformément aux quatre grandes missions définies lors des Sommets de la Francophonie : la promotion de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique ; la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme ; le soutien à l’éducation, à la formation, à l’enseignement supérieur et à la recherche ; le développement de la coopération économique au service du développement durable.
L’évolution des missions de l’Organisation internationale de la francophonie est liée au nombre croissant et à la diversité des États et gouvernements qui la composent, y compris ceux qui ne sont pas francophones. Parmi les membres gouvernementaux, certains défenseurs de la francophonie ont exprimé le souhait que l’OIF recentre ses activités sur ses missions principales, soulignant le risque de dispersion des activités. Ces voix se sont particulièrement faites entendre lors du Sommet de la francophonie de 2018 à Ottawa, lors de l’élection du nouveau secrétaire général de la Francophonie.
L’OIF comme pivot de promotion linguistique et culturelle ?
Comme cela a été évoqué plus haut, la fonctionnalité principale de l’Organisation Internationale de la Francophonie est la promotion de la langue française à travers la culture et l’apprentissage direct du français. À la création de l’Organisation, les aspects linguistique et culturel ont été mis en avant dans le développement de la francophonie, mais est-ce le cas aujourd’hui ? Quels sont les projets de l’OIF qui aident à pousser la langue française «vers le haut» et accorde-t-on autant de temps et d’attention à la culture à l’OIF aujourd’hui ?
L’OIF reconnaît vivement l’importance de la diversité culturelle et linguistique dans la promotion de la francophonie au sein des pays liés à l’Organisation. Différents projets sont prévus à cet effet. Selon l’Article 7 de la Déclaration sur la langue française de l’OIF, les enseignants de français doivent recevoir une récompense (financière ou non) afin de les encourager à promouvoir le français dans les établissements d’enseignement secondaire et supérieur. L’Organisation soutient donc le développement de politiques éducatives favorisant l’apprentissage et l’usage de la langue française. Elle stimule également la formation des enseignants de français et la création de ressources pédagogiques adaptées. En 2021, le budget global dédié à l’enseignement s’élevait à 7,9 millions d’euros en comprenant les affectés sur le Fond Multilatéral Unique (FMU) et les financements extérieurs. Les grands projets de développement linguistique sont :
– le portail EFH : Ressources éducatives libres pour l’Égalité Femmes-Hommes (RELIEFH). Il s’agit d’un outil numérique qui permet d’avoir une formation à distance pour les enseignants francophones, afin de les permettre d’intégrer la notion d’égalité femmes-hommes dans leurs activités ;
– ÉLAN : l’enseignement plurilingue, l’alphabétisation, l’éducation non formelle. Il permet d’obtenir une formation bilingue pour les élèves principalement africains dès le plus jeune âge ;
– IFADEM : la formation et le renforcement des capacités de nombreux acteurs du domaine de l’éducation. Elle consiste à offrir une amélioration de la qualité d’enseignements et apprentissages par le renforcement des compétences professionnelles des enseignants ;
– la formation et l’insertion professionnelle des jeunes. Les deux volets aident aux jeunes à intégrer le monde de travail dans leurs pays d’origine en offrant un accompagnement et une expertise interne propre à chaque pays «pour une meilleure appropriation nationale».
Les mobilisations des enseignants, des élèves et des étudiants font également partie des missions de l’OIF, d’après l’Article 9 de la Déclaration sur la langue française. L’Organisation mentionne une grande importance des enseignants du français et plusieurs de dizaines d’entre eux se mobilisent pour renforcer l’enseignement dans les pays africains, tels que le Rwanda et le Ghana. Pourtant, aucune indication sur les mobilités dans les pays européens, ni les pays asiatiques.
Sur le plan culturel, l’OIF met en œuvre plusieurs initiatives pour promouvoir les expressions culturelles francophones. Elle soutient la création artistique, la production cinématographique, la diffusion des œuvres littéraires et la mise en valeur du patrimoine culturel francophone. L’Organisation prépare des festivals, des expositions et des événements culturels qui mettent en avant la diversité culturelle des pays membres. Par exemple, les Jeux de la Francophonie, qui est un événement culturel et sportif organisé tous les quatre ans, attirent un nombre important des participants et les aide à leur formation professionnelle dans leur propre pays, ainsi qu’à l’international. Le témoignage de Jean-Jean Roosevelt, le chanteur haïtien et la médaille d’or dans la catégorie «chanson», montre la possibilité d’obtenir une reconnaissance internationale que peut offrir l’OIF.
De l’autre côté, l’intérêt à cet événement peut être considéré comme étant limité, surtout en regardant le nombre des délégations présentes. Lors des derniers jeux en 2017 en Côte d’Ivoire, 47 délégations des différents pays ont été présentes, tandis qu’en 2013, quand les jeux ont été accueilles par la France, le nombre s’élevait à 54 délégations, le nombre maximal des représentants depuis le début des jeux. Cela peut être lié directement au lieu où les jeux ont lieu et à l’image plus prestigieuse de la France ou du Canada (où 51 délégations ont été présentés en 2001), par rapport aux pays africains, où le nombre le plus élevé est de 44 délégations. Même si les jeux ont lieu principalement sur le continent africain (5 jeux sont organisés en Afrique, 2 en Europe, 1 en Amérique du Nord et 1 en Asie), cela crée un désavantage face aux pays plus développés économiquement et politiquement.
Le renforcement des médias francophones et le soutien aux créateurs du contenu en français pour promouvoir la culture française sont aussi des leviers d’appui pour l’OIF. Notamment, il s’agit de l’importance de la chaîne francophone internationale TV5 Monde, qui valorise l’usage du français à travers son site internet grâce à son dictionnaire de synonymes, ainsi que des portails pour enseigner ou apprendre le français. La chaîne est fortement soutenue par les autorités de l’OIF, ainsi que des divers ministères français, belgiques, canadiens et suisses. Cette importance particulière est même décrite dans la Déclaration de Djerba de l’OIF.
La création d’une journée internationale de la francophonie le 20 mars fait également un appui de renforcement de la francophonie. Cette date n’est pas choisie par hasard, car elle représente la date de naissance de l’Agence de coopération culturelle et technique, qui est ensuite devenue l’Organisation Internationale de la Francophonie. Cette journée est accompagnée d’un thème choisi chaque année et une «dictée de la francophonie» pour les collégiens.
Il est donc clair que l’Organisation met en place plusieurs activités culturelles et linguistiques pour le rayonnement de la francophonie. Pourtant, lorsque nous regardons les déclarations officielles, publiées sur le site de l’OIF, nous nous rendons compte que la majeure partie des discussions et des préoccupations de l’OIF consiste à résoudre les conflits territoriaux, ainsi que de discuter sur les aspects géopolitiques, plutôt que la culture et l’apprentissage du français. Peut-on dire donc que la culture est passé en deuxième plan (voire en troisième plan, après le développement durable et les questions écologiques) de l’agenda de l’Organisation ? Comment l’OIF est passé d’une organisation culturelle à encore une autre organisation politique et existe-t-il un contexte précis de ce passage ?
L’importance grandissante des questions politiques
Aujourd’hui, l’Organisation Internationale de la Francophonie regroupe plus de 80 États et gouvernements sur cinq continents, francophones à différents niveaux. Si, certains pays utilisent la langue française dans leur quotidien et elle est inscrite dans la loi (comme le Canada, par exemple), d’autres en ont un lien beaucoup plus lointain, voire quasi-inexistant. Selon les derniers chiffres de l’OIF, publiés en 2022, le pourcentage des locuteurs de français en Arménie est de 0,3 % de la population totale, celui de la Moldavie est de 1 %, alors que les deux pays sont membres de plein droit et l’Arménie a même accueilli le Sommet de l’OIF en 2018. Donc, il peut y avoir une raison plus politique, qui s’inscrit moins dans le développement de la francophonie, pour laquelle certains pays sont membres de l’OIF.
Le volet politique de l’Organisation ne s’est pas développé hier. Les hauts représentants politiques français, tels que François Mitterrand, puis Jacques Chirac avaient pour ambition de faire de la francophonie un instrument d’influence française, au même titre que le Commonwealth pour l’anglais. La création du Commissariat général et du Comité consultatif de la Langue française en 1983, deux instances qui remplacent le Haut Comité de la langue française, fait un grand pas en avant pour la réalisation de cette ambition. Cependant, pour accomplir complètement cette mission, il fallait créer une organisation internationale, et la Communauté de pays francophones (créé en 1962, pour rappel) a rempli cette condition.
Un autre aspect important de la promotion de la francophonie par le biais de l’OIF, est la volonté des États issus des colonies françaises, d’utiliser l’Organisation comme moyen de reconnaissance internationale. La grande partie des pays membres de l’OIF sont des pays africains, qui ont été anciennement colonisées par la France. Par conséquence, la majorité des francophones dans le monde (60 %) se retrouve en Afrique. Leur indépendance dans les années 1950 a marqué un besoin de se faire entendre sur la scène internationale, donc l’adhésion à l’Organisation est une bonne occasion pour la promotion de ses propres intérêts, en utilisant la langue française comme un point de rapprochement avec les pays plus développés, notamment la France.
À partir des années 2000, la promotion politique commence à s’inscrire profondément au sein de l’OIF. Selon la secrétaire générale de la francophonie, cette promotion se place «au cœur de l’action dans la promotion de la démocratie et de l’État de droit, au service de la paix». Les valeurs de la démocratie se retrouvent en premier plan des discussions de l’Organisation et elle s’engage également à trouver des solutions dans les conflits territoriaux, qui parfois, ne concernent pas vraiment la francophonie. Il s’agit, particulièrement du conflit dans le Haut Karabakh (il s’agit ici d’une confrontation armée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan). L’organisation du Sommet de la francophonie à Erevan en 2018 renforce l’influence de l’Arménie dans la scène internationale, ainsi que dans les relations bilatérales avec la France. Lors du dernier sommet de l’OIF en 2022, le Premier ministre arménien Nikol Pashinian a déclaré que «la partie arménienne attend de l’OIF une juste appréciation quant à la situation qui prévaut aujourd’hui dans [leur] pays, condamne l’occupation des parties du territoire arménien et exige le retour des forces azerbaïdjanaises sur leur position antérieure.»
L’engagement de l’OIF dans la construction de la paix s’étend également sur la position à l’égard des situations politiques dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. D’après la résolution portant sur la consolidation de la paix dans l’espace francophone, l’OIF «condamne fermement» le coup d’État au Burkina Faso, qui a eu lieu en janvier 2022, et «exhorte les autorités à tout mettre en œuvre pour créer les conditions d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel» en donnant des limites temporaires (24 mois) pour exécuter la demande.
Les idées des droits de l’Homme font également objet de préoccupations et de critiques envers l’OIF. L’Organisation souligne son devoir de protéger les droits de l’Homme, en se basant sur la charte des Nations Unies, et marque une attention particulière lors des rencontres entre les membres. Cependant, Amnesty International note que dans au moins 35 pays membres de l’OIF les droits de l’Homme ne sont pas respectés, et Reporters sans frontières indique que dans 15 pays la liberté de la presse est restreinte.
Il convient de noter le cas du Rwanda, un des pays du continent africain, qui se retrouve parmi les pays où les droits de l’Homme ne sont pas respectés avec une liberté de presse restreinte. En 2018, le président français Emmanuel Macron a imposé comme nouvelle secrétaire générale de l’OIF Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda, et ce choix a été vivement critiqué. D’une part, puisqu’il s’agit d’une décision unilatérale du président français prise sans concertation aucune avec les 88 pays membres, et, d’autre part, un choix fort critiquable en égard au fait que le Rwanda n’est pas un modèle en matière de démocratie et des droits de l’homme. En 2022, elle a été renommée en tant que secrétaire générale, en étant une seule et unique candidate à ce poste.
L’utilisation du français dans les organisations internationales est aussi un engagement important pour l’OIF, à condition qu’il soit une des langues (ou la seule langue) internationales et la langue de travail. Ainsi, les discours des hauts fonctionnaires doivent se tenir en part égal en français et en autre langue étrangère (notamment l’anglais). L’Organisation privilégie donc l’utilisation de la langue française par les diplomates francophones. En même temps, lors de la nomination de la candidature de Louise Mushikiwabo en poste de secrétaire générale de l’OIF par le président rwandais Paul Kagamé, le discours a été prononcé en anglais. De plus, en 2008, au Rwanda, le français a été remplacé par l’anglais en tant que langue d’enseignement et le pays a rejoint le Commonwealth la même année. Ce cas impose une ambiguïté des actions mises en place par l’OIF et leur efficacité.
Pour conclure
La question de la promotion de la langue française se pose depuis la fin du 19e siècle, mais elle commence à prendre de l’ampleur qu’à partir des années 1960, dans le contexte d’une mise en place d’une conscience francophone comme une idée du peuple qui utilise le français pour communiquer, ainsi qu’une menace que représente l’anglais dans sa propagation en tant que langue internationale. Ainsi, la naissance d’une organisation internationale comme l’OIF se voit comme une conséquence logique aux enjeux linguistiques dans l’espace francophone.
L’OIF accorde une place significative à l’aspect culturel et linguistique dans son agenda, reconnaissant que la langue française est étroitement liée à la diversité des expressions culturelles francophones. L’organisation des différents événements encourage le dialogue interculturel et favorise les échanges artistiques entre les pays membres, dans un contexte de promotion du multilinguisme. Néanmoins, il existe un certain manque d’investissement et d’attractivité de la part des hauts représentants politiques dans l’aspect culturel, ceux-ci préférant gérer de plus en plus les conflits géopolitiques et les enjeux du réchauffement climatique.
Le rôle politique de l’OIF fait partie des missions principales de l’Organisation, en prenant progressivement le pas sur les aspects culturels et linguistiques. La francophonie est utilisée ici comme un moyen d’influence et de reconnaissance internationale pour les pays membres. Les exemples de l’intervention de l’OIF dans les conflits territoriaux ainsi que les choix controversés des représentants politiques de l’Organisation mettent en lumière les critiques que subit l’OIF à l’heure actuelle.
À propos de l'auteur
Yuliana Glazunova
Biographie non renseignée