Gouvernance des eaux transfrontalières face aux changements climatiques : défis et solutions pour une gestion durable

L’eau joue un rôle central dans les grands enjeux du XXIᵉ siècle. Elle est non seulement vitale pour la survie humaine, mais également essentielle au développement économique, à la cohésion sociale et à la sécurité alimentaire. Lors de la Conférence des Nations Unies sur l’eau en mars 2023, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a insisté : « L’eau doit être au centre de l’agenda politique mondial »1. Cette déclaration met en lumière l’urgence de placer la gestion des ressources en eau au premier plan des priorités internationales. L’accès à l’eau, et son impact direct sur la santé, l’assainissement, la prévention des maladies, mais aussi sur la paix et la prospérité collective, en font un enjeu global.
Cependant, les bouleversements climatiques actuels viennent perturber le cycle hydrologique de la planète. Sécheresses prolongées, inondations récurrentes et précipitations de plus en plus imprévisibles mettent à rude épreuve la gestion de cette ressource déjà limitée.2 Selon le GIEC, la fréquence des sécheresses extrêmes a augmenté de 30 % dans les régions semi-arides depuis 1970, tandis que les inondations majeures ont doublé depuis les années 1990, impactant directement plus de 1,6 milliard de personnes entre 2000 et 2020.3 Ces perturbations affectent particulièrement les bassins fluviaux transfrontaliers, où plusieurs pays dépendent des mêmes cours d’eau pour répondre à leurs besoins essentiels : alimentation en eau potable, agriculture, production éner
Dans ce contexte, des zones comme les bassins du Nil, du Mékong ou du Tigre-Euphrate se distinguent par leur vulnérabilité et leur potentiel de tensions géopolitiques. Ainsi, la construction du Grand Barrage de la Renaissance (Grand Ethiopian Renaissance Dam : GERD) par l’Éthiopie sur le Nil Bleu suscite de vives inquiétudes en Égypte et au Soudan, qui redoutent une menace directe pour leur sécurité hydrique4. De même, en Asie du Sud-Est, les barrages édifiés par la Chine sur le Mékong ont modifié les débits en aval, impactant directement les populations dépendantes de ce fleuve5. Enfin, dans le bassin du Tigre-Euphrate, les relations entre la Turquie, la Syrie et l’Irak sont déjà marquées par des tensions, que le changement climatique ne fait qu’aggraver.6
Ces exemples illustrent un paradoxe frappant : d’un côté, la nécessité absolue de coopérer pour garantir une gestion durable des ressources hydriques partagées ; de l’autre, des intérêts nationaux souvent divergents, amplifiés par des rapports de force asymétriques, qui freinent cette coopération7. Les pays situés en amont, souvent en position de force, exercent une influence majeure sur les flux d’eau, tandis que les pays en aval se trouvent dépendants de leurs décisions. Les infrastructures hydrauliques, comme les barrages, deviennent alors des leviers géopolitiques, renforçant les asymétries de pouvoir et alimentant les tensions régionales.
Face à ces défis, une question cruciale se pose : comment adapter les régulations hydriques transfrontalières pour prévenir les conflits et encourager une coopération régionale, alors que le changement climatique accroît l’imprévisibilité des ressources en eau ? Les accords actuels, souvent rigides8 et peu adaptés à la nouvelle donne climatique, peinent à répondre efficacement à ces enjeux. Leur manque de flexibilité, l’opacité dans le partage des données hydrologiques et l’absence de mécanismes d’ajustement dynamique compliquent encore davantage la coopération entre États. Dans ce contexte de changement climatique, qui accentue la variabilité des ressources en eau, une question cruciale se pose : comment les régulations hydriques transfrontalières peuvent-elles être adaptées pour réduire les risques de conflit et renforcer la coopération régionale, tout en tenant compte des dynamiques de pouvoir entre États riverains ?
L’objectif de cette analyse est d’explorer les défis spécifiques que pose le changement climatique aux bassins fluviaux transfrontaliers, d’évaluer les limites des régulations actuelles et de proposer des pistes concrètes pour des mécanismes de gouvernance plus adaptatifs. Nous nous intéresserons également aux rapports de pouvoir entre États, en particulier au rôle déterminant des pays situés en amont, et à leur influence sur la coopération ou, au contraire, sur les conflits.
Analyser les impacts du changement climatique sur les ressources hydriques transfrontalières apparaît comme une étape incontournable pour comprendre leurs répercussions géopolitiques. Cette analyse conduit naturellement à interroger l’efficacité des régulations existantes, dont les limites structurelles freinent une réponse adaptée à l’évolution du climat. Enfin, dans une perspective constructive, il s’agit de proposer des solutions concrètes pour rendre ces régulations plus flexibles, en explorant des mécanismes innovants et le rôle des acteurs internationaux et régionaux dans la promotion d’une gouvernance hydrique durable.
Les défis hydriques transfrontaliers dans un contexte de changement climatique
L’impact croissant du changement climatique sur les ressources hydriques
Le changement climatique figure parmi les défis les plus critiques du XXIᵉ siècle, influençant profondément le cycle hydrologique à l’échelle mondiale. Les variations de température, les modifications des régimes de précipitations et l’intensification des événements climatiques extrêmes entraînent des répercussions majeures sur la disponibilité, la gestion et la qualité des ressources en eau.9
L’intensification des sécheresses est l’un des effets les plus préoccupants. Selon le GIEC, ces épisodes de sécheresse deviennent plus fréquents et sévères, notamment dans les régions semi-arides et arides. Dans le bassin du Nil, les sécheresses prolongées ont déjà compromis les rendements agricoles, aggravant la sécurité alimentaire en Égypte et au Soudan.10Par ailleurs, l’augmentation des températures amplifie les phénomènes d’évaporation, diminuant les niveaux d’eau des rivières et des lacs. Cette réduction limite la recharge des aquifères, affectant directement l’irrigation, l’industrie et les besoins domestiques.
En contraste avec les sécheresses, certaines régions subissent des inondations de plus en plus fréquentes et intenses. Ces précipitations extrêmes provoquent des crues soudaines, dévastant infrastructures, terres agricoles et habitations. Dans le bassin du Mékong, par exemple, les inondations saisonnières deviennent moins prévisibles, perturbant les moyens de subsistance des populations locales.11 De telles perturbations rendent plus complexes les efforts de gestion des bassins fluviaux.
Le changement climatique modifie également les régimes pluviométriques, rendant les cycles de précipitations imprévisibles. Dans le bassin du Tigre-Euphrate, les précipitations annuelles ont considérablement diminué, accompagnées d’une variabilité accrue d’une année sur l’autre. Ces changements impactent directement l’irrigation et la production d’hydroélectricité, essentiels pour des pays comme la Turquie, la Syrie et l’Irak.12
La fonte accélérée des glaciers est un autre effet significatif, notamment dans les bassins fluviaux alimentés par les neiges éternelles. Dans le bassin de l’Indus, les glaciers himalayens, en fondant rapidement, modifient les débits saisonniers, entraînant des crues imprévues suivies de périodes de sécheresse prolongée. Ces fluctuations compliquent la gestion des barrages et réservoirs, cruciaux pour l’approvisionnement en eau et en énergie.13
Ces changements hydrologiques ont des impacts écologiques directs. Les écosystèmes aquatiques sont perturbés, avec des habitats fragilisés pour les espèces locales, mettant en péril la biodiversité.14La salinisation accrue des eaux souterraines et des deltas, exacerbée par la montée du niveau de la mer, constitue une menace supplémentaire pour les écosystèmes côtiers et l’agriculture.15 La qualité de l’eau, quant à elle, se dégrade sous l’effet des températures élevées, favorisant la prolifération d’algues toxiques et réduisant les niveaux d’oxygène dissous.16Les inondations aggravent la situation en transportant des polluants agricoles, industriels et urbains dans les rivières et les lacs.
Les populations humaines subissent directement les conséquences de ces perturbations. La sécurité alimentaire est mise en danger par la diminution des rendements agricoles due à un accès réduit à l’eau d’irrigation.17 Les pénuries d’eau potable menacent la santé publique et, dans certains cas, forcent les populations à migrer.18 Ces migrations, souvent appelées migrations climatiques, concernent particulièrement les régions touchées par des sécheresses prolongées ou des inondations récurrentes, comme en Afrique subsaharienne ou en Asie du Sud-Est. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), entre 2008 et 2020, plus de 20 millions de personnes ont été déplacées chaque année en raison de catastrophes liées à l’eau.19 Dans les régions où l’accès à l’eau est limité, ces tensions exacerbent les conflits sociaux et politiques. Par exemple, dans des contextes transfrontaliers comme le Nil, le Mékong ou le Tigre-Euphrate, la variabilité accrue des ressources complique la coordination entre États riverains, aggravant les tensions géopolitiques.20
Les pays situés en amont et en aval sont affectés différemment par les impacts du changement climatique, ce qui accentue les déséquilibres de pouvoir dans la gestion des ressources hydriques transfrontalières. Les États en amont, grâce à leur position géographique, disposent généralement d’un contrôle stratégique sur les flux d’eau, tandis que les États en aval, plus vulnérables, dépendent des décisions prises en amont, amplifiant leur exposition aux risques climatiques. Les États en amont, qui contrôlent souvent les flux d’eau grâce à leurs infrastructures hydrauliques, ont tendance à stocker davantage d’eau pour faire face aux incertitudes climatiques. Cette pratique réduit les débits pour les pays en aval, alimentant les tensions et les litiges concernant les allocations d’eau.21
Face à ces défis, la coopération internationale autour de la gestion des ressources hydriques devient essentielle. Les États riverains doivent développer des stratégies communes d’adaptation, s’appuyer sur un partage transparent des données hydrologiques et mettre en place des mécanismes flexibles capables de s’ajuster aux imprévus climatiques. Des initiatives comme le Global Water Partnership montrent l’efficacité d’une gestion intégrée des ressources en eau, tenant compte des dimensions environnementales, sociales et économiques pour proposer des solutions durables.22 La résilience collective nécessite une mobilisation concertée des gouvernements, des communautés locales, du secteur privé et des organisations internationales.
La dimension géopolitique des bassins transfrontaliers
Les bassins fluviaux transfrontaliers sont des espaces où les dynamiques liées à l’eau se mêlent à des enjeux géopolitiques complexes, créant des interactions souvent délicates entre les États riverains.23La gestion de ces bassins s’entrelace avec des rapports de pouvoir, des intérêts stratégiques et des préoccupations sécuritaires qui influencent directement les relations internationales et régionales.
Dans ce contexte, la souveraineté nationale est mise à l’épreuve. Bien que chaque État ait le droit de gérer les ressources naturelles présentes sur son territoire24, cette gestion a des répercussions au-delà de ses frontières, affectant les pays situés en aval. Les États en amont, grâce à leur position géographique favorable, disposent souvent d’un contrôle stratégique sur les flux d’eau. Cette asymétrie rend les pays en aval dépendants des décisions unilatérales des pays en amont, ce qui peut provoquer des tensions, notamment lorsque les intérêts nationaux divergent en matière de développement économique, de production énergétique, de sécurité alimentaire ou encore en raison de différences culturelles dans la gestion et l’utilisation des ressources hydriques.25
Par exemple, en Turquie, le Projet d’Anatolie du Sud-Est (GAP), qui inclut la construction de multiples barrages sur le Tigre et l’Euphrate, a considérablement réduit les débits d’eau en direction de la Syrie et de l’Irak. Ces derniers dépendent de ces cours d’eau pour l’agriculture et l’approvisionnement en eau potable, ce qui a alimenté des inquiétudes croissantes sur leur sécurité hydrique.26Les infrastructures hydrauliques, telles que les barrages et les réservoirs, ne sont pas seulement des outils de développement économique : elles constituent également de puissants instruments de pouvoir géopolitique. En régulant les flux d’eau, les États en amont peuvent influencer directement les activités agricoles, industrielles et même sociales des pays situés en aval. Ce contrôle renforce leur position dans les négociations internationales, transformant l’eau en une véritable arme diplomatique.27
L’exemple du Grand Barrage de la Renaissance (GERD) en Éthiopie est emblématique. Ce barrage, conçu pour devenir le plus grand d’Afrique, représente pour l’Éthiopie un symbole de souveraineté et un outil clé pour son développement économique, notamment grâce à la production d’énergie hydroélectrique.28 Cependant, pour l’Égypte, qui dépend du Nil pour plus de 90 % de son approvisionnement en eau, le GERD constitue une menace majeure pour sa sécurité hydrique. Les négociations entre les deux pays, bien qu’intenses, restent marquées par des tensions. L’Égypte demande des garanties sur les débits minimaux et le rythme de remplissage du réservoir, tandis que l’Éthiopie affirme son droit légitime au développement.29
De même, en Asie du Sud-Est, la Chine, qui contrôle les sources du Mékong (ou Lancang, selon sa dénomination locale), a construit plusieurs barrages de grande envergure. Ces infrastructures permettent à la Chine de réguler les débits d’eau vers les pays en aval, notamment le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam. Cependant, ce contrôle unilatéral suscite de nombreuses critiques : les pays en aval accusent la Chine de retenir l’eau pour ses propres besoins, aggravant les sécheresses pour ces États, et de nuire à la pêche et à l’agriculture. L’absence de transparence dans la gestion des barrages chinois renforce la méfiance et contribue aux tensions régionales3031
Dans les régions où l’eau est rare ou inégalement répartie, les bassins fluviaux transfrontaliers deviennent des foyers potentiels de conflits. L’enjeu hydraulique ne se limite pas à être une source de tensions géopolitiques : la gouvernance de l’eau elle-même peut devenir un instrument de conflit, utilisée par certains États pour renforcer leur influence régionale ou imposer des conditions défavorables à leurs voisins. Par exemple, dans le bassin de l’Indus, les relations entre l’Inde et le Pakistan étaient déjà fragilisées par d’autres conflits, notamment celui du Cachemire. Le Traité de l’Indus de 1960 a permis de réguler le partage des eaux, mais les accusations mutuelles de violations de l’accord alimentent les tensions déjà existantes. La situation montre comment l’eau peut devenir un enjeu supplémentaire dans des rivalités plus larges3233
Les États en aval disposent de contre-mesures. En mobilisant des alliances internationales, des organisations régionales ou des mécanismes juridiques comme la Cour internationale de justice, ils peuvent limiter l’influence des États en amont et plaider pour une répartition plus équitable des ressources. De plus, l’adoption de technologies modernes, comme le dessalement ou les systèmes de gestion hydrique avancés, leur permet de réduire leur vulnérabilité. Ces interactions montrent que les rapports de force hydriques ne se limitent pas au contrôle géographique mais impliquent également des dimensions diplomatiques, technologiques et institutionnelles. Comprendre ces dynamiques est essentiel pour anticiper les risques de conflit ou les opportunités de coopération dans la gestion des ressources partagées.34
La complexité des enjeux liés à la gestion des bassins fluviaux transfrontaliers souligne l’importance d’une gouvernance collaborative. Certains États privilégient des stratégies unilatérales leur permettant, à court terme, de répondre à leurs impératifs nationaux en exploitant les ressources hydriques sans coordination avec leurs voisins, au risque de compromettre l’équilibre régional. Par exemple, la construction de barrages ou la rétention d’eau en amont peuvent répondre à des besoins nationaux urgents, tels que la production énergétique ou l’irrigation agricole. Cependant, ces stratégies tendent à ignorer les impacts sur les États en aval, exacerbant les tensions transfrontalières. Des études sur des cas comme le Projet GAP en Turquie35 ou les barrages sur le Mékong en Chine36 montrent que ces initiatives, souvent perçues comme des démonstrations de souveraineté, aggravent les déséquilibres régionaux et compromettent la coopération à long terme. Des mécanismes de coopération, comme les commissions de bassin, les accords multilatéraux et les initiatives conjointes, offrent des pistes pour apaiser les tensions et promouvoir un développement durable et équitable.37
La transparence dans le partage des données hydrologiques, l’inclusion de toutes les parties prenantes et l’établissement de mécanismes d’ajustement face aux imprévus climatiques renforcent la confiance et la résilience collective. Toutefois, le succès de ces initiatives dépend de plusieurs facteurs : un équilibre des pouvoirs, la reconnaissance mutuelle des besoins et des intérêts légitimes, ainsi qu’un engagement envers des principes communs tels que l’équité et la durabilité.38
Le paradoxe coopération-conflit dans la gestion des bassins partagés
La gestion des ressources en eau dans les bassins transfrontaliers révèle un paradoxe fondamental. D’un côté, la coopération entre États riverains est indispensable pour une utilisation durable, équitable et efficace des ressources hydriques. Les fleuves et rivières traversant plusieurs pays ignorent les frontières politiques, nécessitant une gestion concertée pour préserver les écosystèmes, optimiser les usages multiples de l’eau et prévenir les conflits.39D’un autre côté, les priorités nationales, les rivalités de pouvoir et la souveraineté des États incitent souvent ces derniers à privilégier des actions unilatérales, compromettant ainsi les efforts de coopération régionale.40
Une gestion collaborative des ressources en eau permet d’optimiser les bénéfices mutuels. En partageant les coûts et avantages liés à l’utilisation et à la préservation de l’eau, les États riverains peuvent renforcer la confiance entre eux, améliorer la sécurité régionale et promouvoir un développement socio-économique durable.41Des exemples concrets, comme la Commission du fleuve Sénégal, démontrent que des mécanismes de coopération peuvent garantir des avantages partagés.42Ces dispositifs incluent la création de commissions de bassin, la signature d’accords de partage de l’eau et le développement de projets communs d’infrastructure. Ces initiatives facilitent non seulement la coordination des politiques, mais permettent également de partager les données hydrologiques, de prévenir les risques liés aux inondations et aux sécheresses, et de protéger les écosystèmes aquatiques.43
Malgré ces avantages, les actions unilatérales restent une réalité fréquente, motivées par des intérêts nationaux souvent prioritaires. Les États, en particulier ceux en amont d’un bassin fluvial, exploitent parfois leur position stratégique pour satisfaire leurs propres besoins, qu’il s’agisse de répondre à la demande énergétique, de garantir la sécurité hydrique ou de stimuler leur économie agricole. Cette dynamique peut être analysée à travers les paradigmes théoriques des relations internationales. Pour les réalistes, ces comportements traduisent la quête incessante de puissance des États.
Dans cette perspective, les ressources hydriques constituent un levier stratégique permettant aux États en amont d’affirmer leur domination régionale, au risque de générer des tensions avec leurs voisins en aval. Ces tensions reflètent une vision où les interactions internationales sont avant tout conflictuelles, chaque État cherchant à maximiser ses intérêts au détriment des autres. À l’inverse, le paradigme libéral propose une lecture différente, où la prospérité devient un objectif central. L’eau, dans ce cadre, peut être perçue non comme un objet de rivalité, mais comme une opportunité de coopération mutuellement bénéfique. Plutôt que de privilégier des approches unilatérales qui risquent d’intensifier les tensions, les États pourraient trouver plus avantageux de développer ensemble des mécanismes de gestion durable, maximisant les bénéfices communs. Cette tension théorique entre puissance et prospérité éclaire la complexité des dynamiques hydriques transfrontalières : si certains États choisissent la confrontation, d’autres peuvent opter pour une coopération stratégique, motivée par les gains économiques et sociaux qu’elle offre.
Ainsi, la gestion de l’eau transfrontalière devient un terrain fertile pour observer l’articulation entre rivalité et collaboration, chaque État ajustant ses priorités en fonction de ses besoins domestiques, de son positionnement géopolitique et des opportunités de partenariat. Par exemple, la construction du barrage d’Ilısu en Turquie, sur le Tigre, illustre cette dynamique.44 Ce projet a été mené sans consultation approfondie avec les pays en aval, la Syrie et l’Irak, aggravant les tensions dans la région.45 Si ces décisions sont justifiées par des impératifs nationaux, elles négligent souvent les conséquences transfrontalières et compliquent la gestion régionale des ressources hydriques.46
Le changement climatique exacerbe ce paradoxe en amplifiant les pressions sur les ressources en eau. La hausse des températures, les modifications des régimes de précipitations et la fonte des glaciers entraînent une diminution et une variabilité accrue des débits fluviaux.47 Cette incertitude pousse de nombreux États à privilégier des stratégies nationales pour sécuriser leur approvisionnement, souvent au détriment de la coopération régionale.48 Dans le bassin de l’Amou-Daria, en Asie centrale, cette dynamique est particulièrement visible. Les pays en amont, comme le Tadjikistan, cherchent à développer leur potentiel hydroélectrique, tandis que les États en aval, comme l’Ouzbékistan, dépendent de l’eau pour l’irrigation agricole. L’absence de coopération, combinée aux impacts du changement climatique, aggrave les tensions et menace la viabilité des ressources partagées.49
Ces actions unilatérales et l’absence de coordination régionale mettent en péril la stabilité géopolitique. Lorsque les tensions autour de l’eau se superposent à des conflits politiques préexistants, elles peuvent aggraver des rivalités régionales ou même dégénérer en affrontements.50La sécurité hydrique — définie comme l’accès durable à des quantités suffisantes d’eau de qualité acceptable — est ainsi fragilisée, mettant en danger la stabilité sociale et économique des populations riveraines.51Le manque de coopération entrave également les efforts d’adaptation nécessaires face au changement climatique. Sans coordination, les mesures prises par un État peuvent compromettre les capacités d’adaptation des autres, augmentant la vulnérabilité de l’ensemble du bassin aux aléas climatiques.52
Surmonter ce paradoxe exige de reconnaître l’interdépendance des États riverains et dé favoriser une approche collaborative, même en présence de divergences nationales.53 Cela passe par des mécanismes adaptatifs, comme l’intégration de clauses flexibles dans les accords hydriques pour s’ajuster aux changements climatiques et aux imprévus, et par un renforcement de la transparence et du partage des données hydrologiques pour limiter les méfiances entre les États.54La mobilisation d’acteurs neutres, tels que les Nations Unies ou d’autres organisations régionales, pour faciliter le dialogue et désamorcer les tensions, peut également jouer un rôle essentiel.55
Des initiatives telles que le Programme hydrologique international de l’UNESCO56 favorisent déjà le dialogue et le partage de connaissances, encourageant une gouvernance transfrontalière plus collaborative. Par ailleurs, reconnaître le lien entre sécurité hydrique et sécurité nationale pourrait inciter les gouvernements à investir davantage dans des solutions coopératives, renforçant ainsi la résilience des bassins partagés.
État des régulations hydriques transfrontalières et leurs limites actuelles
Les mécanismes existants de gestion des ressources partagées
La gestion des ressources hydriques transfrontalières repose sur un ensemble complexe de mécanismes juridiques, institutionnels et techniques conçus pour promouvoir la coopération entre les États riverains. Ces mécanismes, qui incluent des conventions internationales, des traités spécifiques, des organisations de bassin et des principes de gestion intégrée, visent à établir des règles communes pour l’utilisation, la protection et le développement des ressources en eau partagées, tout en proposant des voies de résolution des différends.57
Les conventions internationales fournissent un cadre juridique essentiel pour la gestion des cours d’eau transfrontaliers. Parmi les principales conventions, la Convention de New York de 1997, entrée en vigueur en 2014, codifie des principes fondamentaux comme l’utilisation équitable et raisonnable des ressources, l’obligation de ne pas causer de dommages significatifs aux États riverains et l’obligation de coopérer.58 Bien que son adoption reste limitée, elle constitue une référence majeure pour le droit international de l’eau.
Par ailleurs, la Convention d’Helsinki de 1992, sous l’égide de la Commission économique pour l’Europe (CEE-ONU), promeut la coopération transfrontalière pour une gestion durable des eaux et a été étendue à tous les membres des Nations Unies depuis 2016.59Ces conventions s’appuient sur des principes juridiques tels que le partage équitable des ressources, le devoir de prévenir les préjudices et l’obligation de notification préalable pour les projets susceptibles d’affecter les autres États.60
En complément de ces cadres généraux, des traités bilatéraux et multilatéraux encadrent la gestion de nombreux bassins fluviaux spécifiques. L’Accord sur le Mékong de 1995, signé par les pays du bas Mékong, a permis la création de la Commission du Mékong (MRC) pour promouvoir un développement durable et le partage des données hydrologiques, bien que son efficacité soit limitée par l’absence de la Chine et du Myanmar en tant que membres à part entière.61 Dans le bassin du Niger, la Charte des eaux de 2008 renforce la coopération entre neuf États riverains en intégrant des objectifs de gestion intégrée et de préservation de l’environnement.62
Les organisations de bassin jouent un rôle crucial dans la coordination et la mise en œuvre des politiques hydriques transfrontalières. La Commission du fleuve Sénégal (OMVS), établie en 1972, illustre l’efficacité d’une approche intégrée : ses projets d’infrastructure, comme les barrages de Manantali et de Diama, bénéficient à tous les États membres en répartissant équitablement les bénéfices.63La Commission internationale pour la protection du Danube (International Commission for the Protection of the Danube River : ICPDR) réunit quatorze pays pour assurer la durabilité du bassin à travers la prévention des risques et la coopération internationale.64L’Autorité du bassin du lac Tchad (CBLT) s’efforce de coordonner les efforts face à la réduction dramatique de la surface du lac, due au changement climatique et aux usages humains.65
La résolution des différends entre États riverains s’appuie sur des mécanismes allant de la négociation directe à l’arbitrage international. Les discussions bilatérales ou multilatérales restent le mode privilégié pour parvenir à des solutions acceptables, bien que des tiers, tels que des organisations internationales ou des pays neutres, puissent intervenir pour faciliter le dialogue. Dans certains cas, les États ont recours à des instances judiciaires comme la Cour internationale de Justice (CIJ), dont les décisions, bien que contraignantes, nécessitent une reconnaissance mutuelle préalable.
Par exemple, l’affaire relative au projet Gabcikovo-Nagymaros (Hongrie/Slovaquie), portée devant la CIJ en 1997, illustre bien ce recours. Ce conflit portait sur la construction et l’exploitation d’un barrage sur le Danube, où la Hongrie accusait la Slovaquie de violations environnementales et unilatérales des termes du traité bilatéral. La CIJ a rendu une décision contraignante, appelant les deux parties à coopérer tout en respectant les engagements initiaux du traité.6667
Les organisations internationales et régionales jouent un rôle clé dans la gestion des ressources hydriques transfrontalières en fournissant un cadre juridique, un soutien financier ou technique, et en facilitant les négociations entre États. Par exemple, la Banque mondiale finance des projets conjoints, comme le développement des infrastructures hydrauliques dans le bassin du Niger, tandis que la Commission économique pour l’Europe (CEE-ONU) promeut des accords transfrontaliers à travers la Convention d’Helsinki de 1992. La Banque mondiale finance également des projets hydriques transfrontaliers, tels que des infrastructures et des programmes de partage des bénéfices68, tandis que l’Union africaine s’appuie sur des initiatives comme le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) pour encourager une approche intégrée de la gestion des ressources en eau.69
Enfin, la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) constitue un cadre de référence pour une approche holistique, prenant en compte les dimensions sociales, économiques et environnementales. La GIRE favorise la participation des parties prenantes, la coordination intersectorielle et la prise de décision à l’échelle du bassin.70 Des programmes comme le Partenariat mondial pour l’eau (GWP) ou le Programme hydrologique international de l’UNESCO soutiennent la mise en œuvre de ces principes dans les bassins transfrontaliers, contribuant à renforcer la résilience et la durabilité des ressources en eau partagées.71
Ces mécanismes, bien que variés et parfois inégalement appliqués, témoignent d’un effort mondial pour gérer les ressources hydriques de manière collaborative. Toutefois, leur efficacité dépend largement de la volonté politique des États riverains, de leur capacité institutionnelle et de la mise en œuvre d’outils juridiques et techniques adaptés aux défis climatiques et géopolitiques actuels.72
Les limites des régulations actuelles face à la variabilité climatique
Malgré l’existence de nombreux cadres juridiques et institutionnels pour la gestion des ressources en eau transfrontalières, ces mécanismes montrent des lacunes importantes face aux défis croissants posés par le changement climatique. Les limites identifiées concernent notamment l’absence de clauses adaptatives dans les accords, le manque de transparence dans le partage des données hydrologiques et des faiblesses structurelles qui freinent une gestion efficace et équitable des ressources partagées.73
La plupart des traités sur les ressources hydriques transfrontalières ont été conçus à une époque où le changement climatique n’était pas un facteur de préoccupation majeur. En conséquence, ces accords manquent souvent de flexibilité pour s’ajuster aux régimes hydrologiques en constante évolution. L’absence de mécanismes d’ajustement pour répartir les ressources en fonction des nouvelles réalités climatiques peut engendrer des tensions croissantes, notamment lorsque les ressources deviennent plus limitées.74
Un exemple frappant est la rivalité entre l’Inde et la Chine concernant le Brahmapoutre (appelé Yarlung Tsangpo en Chine). Ce fleuve prend sa source au Tibet avant de traverser l’Inde et le Bangladesh. La Chine a construit plusieurs barrages en amont sans consulter l’Inde, alimentant suspicions et tensions entre les deux pays. Aucune entente formelle ne régit la gestion de cette ressource partagée.
En l’absence de mécanismes de coopération ou de clauses permettant d’adapter la gestion aux variations climatiques, cette situation exacerbe les impacts des fluctuations hydrologiques sur les communautés en aval. Les inondations soudaines et les sécheresses prolongées affectent gravement les populations locales, sans qu’aucun dispositif de coordination ne soit en place pour y remédier7576
Le partage limité d’informations hydrologiques constitue un obstacle majeur à une gestion collaborative des ressources transfrontalières. Les États en amont, souvent dans une position de contrôle, peuvent moduler les flux d’eau sans en informer les pays en aval, aggravant les déséquilibres de pouvoir et les tensions. Cette opacité empêche également les États en aval d’anticiper les variations des débits et de s’adapter efficacement aux changements climatiques, qui rendent les régimes hydrologiques plus imprévisibles.77
Le cas du Mékong illustre bien ces défis. La Chine, en tant qu’État en amont, a construit plusieurs barrages sur le cours supérieur du fleuve (appelé Lancang en Chine), sans consultation approfondie avec les pays en aval, comme la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam. Ces pays dépendent pourtant fortement du Mékong pour l’agriculture, la pêche et d’autres activités vitales. Les fluctuations soudaines des niveaux d’eau, attribuées aux opérations des barrages chinois, ont des impacts dévastateurs sur les moyens de subsistance des populations locales. Malgré sa participation à la Lancang-Mekong Cooperation (LMC), la Chine n’est pas membre à part entière de la Commission du Mékong (MRC), limitant ainsi le potentiel de coopération institutionnelle et le partage des données hydrologiques787980
Bon nombre d’accords existants reposent sur des données historiques et des hypothèses de stabilité hydrologique, qui ne sont plus valables dans un monde marqué par des changements rapides et imprévisibles. Par exemple, le Traité de l’Indus entre l’Inde et le Pakistan, signé en 1960, ne contenait aucune disposition spécifique pour faire face aux impacts du changement climatique. Or, la fonte accélérée des glaciers de l’Himalaya et les modifications des régimes de précipitations compliquent de plus en plus la mise en œuvre de cet accord, créant des tensions supplémentaires entre les deux pays.81
De tels exemples montrent que sans clauses adaptatives permettant de revoir ou d’ajuster les allocations d’eau en fonction des nouvelles conditions climatiques, les accords deviennent non seulement inefficaces, mais parfois une source supplémentaire de conflit.82
Les institutions chargées de gérer les ressources hydriques transfrontalières manquent souvent de mandat, de ressources et d’autorité pour relever les défis liés à la variabilité climatique. L’absence de mécanismes solides pour résoudre les différends limite leur efficacité. Dans le bassin du Nil, par exemple, l’Initiative du Bassin du Nil (IBN) existe pour encourager la coopération, mais elle n’a pas réussi à résoudre les différends persistants entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie concernant le Grand Barrage de la Renaissance (GERD). Ces conflits reflètent non seulement des divergences nationales, mais aussi l’incapacité des structures institutionnelles actuelles à gérer des enjeux complexes et évolutifs.83
Sans mécanismes pour équilibrer les rapports de force entre états riverains et pour garantir une participation équitable, les régulations actuelles échouent à promouvoir une gestion durable et coopérative des ressources partagées.
Facteurs structurels de tensions
Les tensions liées aux ressources hydriques transfrontalières s’expliquent principalement par des déséquilibres structurels, notamment le contrôle inégal des infrastructures hydrauliques.
Un exemple marquant est celui de l’Éthiopie, qui a renforcé sa position dans le bassin du Nil avec la construction du Grand Barrage de la Renaissance (GERD). Situé sur le Nil Bleu, ce barrage offre à l’Éthiopie un contrôle accru sur une partie significative des flux du fleuve, suscitant de vives inquiétudes en Égypte.84 Dépendant du Nil pour plus de 90 % de ses ressources en eau, Le Caire perçoit ce projet comme une menace directe pour sa sécurité hydrique et alimentaire. En réponse, des négociations complexes et souvent tendues se sont engagées entre l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan, illustrant comment la concentration d’infrastructures hydrauliques en amont peut renforcer les tensions entre États riverains.85
Dans le bassin du Tigre-Euphrate, la Turquie exerce une domination similaire grâce à son Projet d’Anatolie du Sud-Est (GAP), qui comprend la construction de nombreux barrages et centrales hydroélectriques. En contrôlant une grande partie des flux d’eau de ces fleuves, la Turquie affecte directement les disponibilités en eau de la Syrie et de l’Irak, deux pays en aval qui en dépendent fortement pour l’agriculture et l’approvisionnement en eau potable.8687
Ces déséquilibres liés aux infrastructures hydrauliques ne se limitent pas à un contrôle physique des flux d’eau par les États en amont, mais s’étendent également à leur capacité à influencer les négociations géopolitiques. En concentrant les infrastructures stratégiques, comme les barrages ou réservoirs, ces États détiennent un pouvoir disproportionné pour imposer leurs conditions aux pays situés en aval. Les États en aval, souvent dans une position de dépendance, se retrouvent contraints de composer avec les décisions des pays en amont, même lorsque celles-ci ne prennent pas en compte leurs besoins essentiels.88
La dépendance économique et démographique à l’égard des ressources hydriques renforce la sensibilité des pays en aval aux variations des débits fluviaux. Dans des régions où l’agriculture irriguée représente une part importante de l’économie, les fluctuations des flux d’eau entraînent des conséquences immédiates sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance. En Égypte, environ 85 % des ressources en eau disponibles sont destinées à l’irrigation agricole.89 Toute diminution des débits du Nil, qu’elle soit due aux actions des pays en amont ou aux impacts du changement climatique, menace directement la production alimentaire et l’économie nationale.
Dans le delta du Mékong, le Vietnam fait face à des défis similaires. Les variations des flux, souvent amplifiées par les barrages chinois en amont et les effets du changement climatique, perturbent l’équilibre hydrique du delta, augmentent la salinité et réduisent la productivité agricole.9091 Ces perturbations menacent non seulement la sécurité alimentaire, mais aussi les revenus des agriculteurs qui dépendent de cette région pour leur subsistance.
La croissance démographique rapide et l’urbanisation dans de nombreuses régions du monde ajoutent une pression supplémentaire sur les ressources hydriques.92L’augmentation des besoins en eau pour l’alimentation, l’énergie et les infrastructures urbaines met en lumière l’incapacité des systèmes hydriques existants à répondre à ces exigences croissantes. Cette situation est particulièrement visible dans les pays en développement, où les infrastructures hydrauliques restent insuffisantes et où les tensions sociales liées à l’accès à l’eau se multiplient.
Les disparités économiques entre États riverains exacerbent les déséquilibres dans la gestion des ressources hydriques. Les pays les plus riches disposent souvent des moyens financiers et technologiques pour construire des infrastructures modernes, comme des barrages ou des systèmes d’irrigation avancés, leur permettant de sécuriser leur accès à l’eau et de mieux gérer les aléas climatiques. Ces investissements renforcent leur capacité à contrôler les flux d’eau et à développer des politiques hydriques autonomes. Ils peuvent également mobiliser des ressources pour défendre leurs intérêts dans les forums internationaux ou pour financer des campagnes diplomatiques en faveur de leur position.
À l’inverse, les pays moins développés, souvent situés en aval, font face à des contraintes structurelles qui limitent leur capacité à s’adapter. Le manque de financement, associé à des infrastructures vétustes ou inexistantes, rend ces États dépendants des décisions des pays en amont. Par exemple, dans le bassin du Mékong, le Vietnam, bien que fortement touché par les fluctuations des flux dues aux barrages chinois en amont, peine à développer des solutions alternatives, telles que le dessalement ou des projets d’irrigation modernes, en raison de contraintes budgétaires et institutionnelles.93
De plus, les pays à faible capacité économique disposent généralement de moyens limités pour faire valoir leurs intérêts dans les négociations internationales. Leurs voix sont marginalisées dans les forums où les ressources financières, l’expertise technique et les alliances diplomatiques jouent un rôle crucial. Cette marginalisation renforce les asymétries de pouvoir, laissant les pays en aval encore plus vulnérables aux décisions unilatérales des pays en amont.
Ces inégalités économiques et institutionnelles contribuent à creuser un fossé entre les États riverains, transformant les disparités de développement en obstacles majeurs à une gestion équitable et durable des ressources hydriques. Pour réduire ces écarts, des initiatives internationales, telles que les financements climatiques,94 ou des mécanismes de partage des bénéfices pourraient être renforcés.
Vers des régulations hydriques adaptatives et coopératives
Propositions pour des régulations dynamiques et flexibles
Face aux défis croissants posés par le changement climatique et aux limites des régulations hydriques actuelles, il est nécessaire d’adopter des mécanismes plus adaptatifs et flexibles. Ces mécanismes doivent combiner des clauses adaptatives dans les accords hydriques existants et l’intégration des technologies modernes, afin de renforcer la transparence, la coopération et la résilience des bassins transfrontaliers.95
Transformer les facteurs structurels en opportunités de coopération nécessite l’adoption de mécanismes inclusifs et équitables. La mise en place de mécanismes de partage des bénéfices constitue une approche prometteuse pour réduire les ressentiments entre États riverains.96 Par exemple, les revenus issus de la production hydroélectrique en amont pourraient être redistribués pour financer des projets d’irrigation ou d’assainissement dans les pays en aval.
De plus, le transfert de technologies modernes pourrait aider les pays les plus vulnérables à améliorer leur gestion des ressources et à accroître leur résilience face aux impacts croissants du changement climatique.97 Ces solutions, combinées à des dialogues réguliers et à des médiations internationales, pourraient faciliter la mise en place de régulations hydriques plus équitables et flexibles.
Enfin, une prise de conscience collective que les tensions autour de l’eau ne se limitent pas à des enjeux techniques ou économiques, mais incluent aussi des considérations de sécurité nationale, inciterait les États à adopter une vision plus collaborative.98 L’eau, en tant que ressource vitale, peut ainsi devenir un vecteur de paix et de développement si elle est gérée collectivement et intégrée dans des cadres régionaux robustes.
Les clauses adaptatives, intégrées dans les accords hydriques, permettent d’ajuster les allocations d’eau en fonction des variations climatiques et hydrologiques. En se basant sur des indicateurs précis, comme les précipitations, les débits fluviaux ou les niveaux des réservoirs, elles apportent la souplesse nécessaire pour répondre aux aléas croissants provoqués par le changement climatique.
Les clauses adaptatives, intégrées dans les accords hydriques, permettent d’ajuster les allocations d’eau en fonction des variations climatiques et hydrologiques. En se basant sur des indicateurs précis, comme les précipitations, les débits fluviaux ou les niveaux des réservoirs, elles apportent la souplesse nécessaire pour répondre aux aléas croissants provoqués par le changement climatique.99
Un exemple réussi de cette approche se trouve dans le Traité du Fleuve Orange-Senqu, en Afrique australe. Les États membres de l’ORASECOM (Commission de l’Orange-Senqu) collaborent pour partager des données hydrologiques et ajuster les débits en fonction des périodes de sécheresse ou d’inondation. Ce mécanisme renforce non seulement la résilience du bassin face aux fluctuations climatiques, mais il démontre également l’efficacité d’une gestion concertée et adaptable.100
Ces clauses offrent de nombreux avantages. Elles permettent une répartition flexible des ressources en fonction des besoins réels et des disponibilités, tout en réduisant les risques de conflits. En établissant un cadre clair pour l’ajustement des allocations d’eau, elles favorisent aussi le partage d’informations entre les États riverains, ce qui contribue à bâtir la confiance mutuelle.101 Cependant, leur mise en œuvre présente des défis considérables. La collecte et le partage de données fiables et en temps opportun nécessitent des capacités institutionnelles robustes et des infrastructures adaptées. Par ailleurs, ces ajustements dépendent fortement d’une volonté politique, souvent difficile à obtenir dans des contextes de méfiance ou de rivalités entre États.102
L’utilisation de technologies avancées représente un levier essentiel pour améliorer la gestion hydrique transfrontalière. Les capteurs automatisés, les stations de mesure et les outils satellitaires permettent de collecter en temps réel des données hydrologiques précises.103 Ces technologies renforcent la capacité des États à surveiller les flux d’eau, à anticiper les variations climatiques et à coordonner leurs réponses face aux événements extrêmes.104
Un exemple notable est le Système d’Alerte Précoce du Nil, développé par l’Initiative du Bassin du Nil. Ce dispositif s’appuie sur des technologies satellitaires et des stations au sol pour surveiller les débits fluviaux et prévoir les inondations. En fournissant des données actualisées et fiables, il facilite la coordination entre les pays riverains et réduit les risques liés aux catastrophes hydriques.105 De manière similaire, la Plateforme de Données du Danube, mise en place par la Commission Internationale pour la Protection du Danube (ICPDR), offre un modèle réussi de collaboration. En partageant des informations en temps réel sur la qualité de l’eau, les niveaux des rivières et les risques d’inondation, cette plateforme renforce la transparence et soutient une gestion concertée et durable des ressources du bassin.106
Les technologies modernes apportent des avantages indéniables. Elles permettent une meilleure précision dans la gestion des ressources, réduisent les incertitudes et facilitent les négociations entre les États en renforçant la confiance mutuelle.107Les systèmes d’alerte précoce, en particulier, jouent un rôle crucial dans la prévention des catastrophes, en limitant les impacts des inondations ou des sécheresses sur les populations locales.108
Cependant, ces avancées ne sont pas sans obstacles. L’investissement initial pour déployer ces technologies peut être élevé, notamment pour les pays en développement.109 De plus, l’utilisation de ces outils requiert des formations spécifiques et parfois une assistance internationale.110La question du partage des données sensibles reste également délicate, certains États craignant que ces informations ne soient utilisées à des fins stratégiques, ce qui peut renforcer les déséquilibres de pouvoir.111
Pour surmonter ces défis, il est essentiel de promouvoir une coopération accrue entre les États riverains. Les clauses adaptatives et les technologies modernes doivent s’inscrire dans une démarche globale qui privilégie la transparence, le dialogue et le partage des bénéfices. Les institutions transfrontalières jouent ici un rôle clé, en facilitant le transfert de technologies, en soutenant les pays vulnérables dans le développement de leurs capacités, et en encourageant des solutions équitables pour tous les acteurs.112
Cette approche intégrée peut transformer les tensions liées aux ressources hydriques en opportunités de collaboration, permettant de garantir la sécurité hydrique des populations riveraines tout en préservant les écosystèmes. Dans un contexte de changement climatique, adopter de tels mécanismes n’est plus seulement une option : c’est une nécessité.113
Renforcer la coopération par des mécanismes innovants
Face aux défis croissants posés par le changement climatique et aux limites des régulations hydriques actuelles, il est essentiel de développer des mécanismes novateurs favorisant la collaboration entre États riverains. Des initiatives telles que la création de fonds régionaux pour la résilience climatique, le développement de centres d’analyse climatique régionaux et l’établissement de tribunaux régionaux de l’eau offrent des solutions prometteuses. Ces outils visent non seulement à promouvoir une gestion durable et équitable des ressources en eau, mais aussi à équilibrer les rapports de pouvoir entre les différents acteurs concernés.114
Les fonds régionaux pour la résilience climatique offrent une réponse innovante aux défis croissants du changement climatique dans les bassins transfrontaliers. Ces fonds, financés par les contributions des États riverains, des organisations internationales et du secteur privé, seraient destinés à soutenir des projets visant à renforcer la résilience des ressources partagées.115Parmi les priorités figureraient la construction d’infrastructures communes, telles que des barrages ou des systèmes d’irrigation, ainsi que le développement de technologies d’adaptation comme la désalinisation ou les systèmes avancés de gestion de l’eau.116Ces fonds pourraient également appuyer des initiatives environnementales, telles que la restauration des écosystèmes fluviaux, essentielles pour préserver les services hydrologiques naturels.117
Des exemples tels que le Fonds africain pour les changements climatiques (AFCC) et le Fonds vert pour le climat (Green Climate Fund : GCF) illustrent déjà l’impact positif de ces approches.118Cependant, pour réussir, ces fonds doivent reposer sur une gouvernance transparente et inclusive, aligner leurs projets sur les priorités régionales et mobiliser des ressources financières suffisantes. Leur efficacité dépend également de la capacité des bénéficiaires à intégrer ces financements dans des stratégies locales de gestion des ressources en eau.119
Le développement de centres régionaux d’analyse climatique constitue une solution clé pour améliorer la gestion des ressources hydriques transfrontalières. Ces centres seraient chargés de centraliser les données météorologiques et hydrologiques, fournissant des prévisions précises et des analyses en temps réel aux États riverains.120Un modèle inspirant est celui du Centre régional AGRHYMET en Afrique de l’Ouest, qui fournit des données agro-hydro-météorologiques essentielles pour la sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles.121 En renforçant la transparence par le partage d’informations fiables, ces centres contribuent à réduire les tensions entre États et favorisent la coordination face aux événements climatiques extrêmes.122
Ces centres pourraient également jouer un rôle crucial dans la prévention des catastrophes, en alertant les autorités locales des risques d’inondation ou de sécheresse.123 Cependant, leur mise en œuvre nécessite des investissements substantiels, une collaboration régionale étroite et un accès équitable aux données, notamment pour les pays disposant de ressources limitées.124
L’établissement de tribunaux régionaux de l’eau constitue une innovation prometteuse pour résoudre les conflits liés aux ressources hydriques transfrontalières. Ces instances spécialisées offriraient un cadre impartial pour arbitrer les litiges entre États riverains, garantissant le respect des accords internationaux et favorisant la stabilité régionale.125 Des institutions similaires, comme la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou le Tribunal international du droit de la mer (TIDM), ont démontré leur efficacité dans d’autres domaines en apportant des solutions juridiques aux litiges transfrontaliers. Par exemple, la Cour de justice de la CEDEAO s’est imposée comme un acteur clé dans la résolution des différends liés aux droits humains et à l’environnement en Afrique de l’Ouest, en statuant sur des cas où les États étaient accusés de violations environnementales touchant plusieurs pays. De son côté, le TIDM a joué un rôle central dans des affaires de délimitation maritime, comme l’affaire entre le Ghana et la Côte d’Ivoire (2017), où il a établi un cadre juridique clair pour le partage des ressources offshore, démontrant la capacité des institutions internationales à gérer des conflits complexes et sensibles126 Appliqué à la gestion de l’eau, un tel tribunal pourrait réduire les tensions et encourager une coopération fondée sur des règles juridiques claires.127
Cependant, pour fonctionner efficacement, ces tribunaux doivent être soutenus par une reconnaissance unanime des États riverains, disposer de mandats clairs et être dotés de ressources suffisantes. Or, certains États pourraient être réticents à reconnaître ou à coopérer avec ces institutions. Par exemple, des puissances hydriques en amont, comme la Chine dans le bassin du Mékong ou la Turquie dans le bassin du Tigre-Euphrate, pourraient s’opposer à l’intervention de tribunaux internationaux, considérant que cela restreint leur souveraineté et leur capacité à gérer leurs ressources de manière unilatérale. De même, dans le bassin du Nil, l’Éthiopie a montré des réticences à accepter des médiations ou arbitrages internationaux sur la gestion du Grand Barrage de la Renaissance, préférant des négociations bilatérales ou régionales qui lui offrent un meilleur levier stratégique. Ces réticences soulignent les défis inhérents à la mise en place de mécanismes de régulation internationale dans des contextes de rivalités géopolitiques exacerbées.128 Ils doivent également garantir un accès équitable aux parties concernées, indépendamment de leur niveau de développement ou de leur position dans le bassin fluvial.129
Ces mécanismes innovants — fonds régionaux, centres d’analyse climatique et tribunaux spécialisés — ont le potentiel de transformer la gestion des ressources hydriques transfrontalières en un système à la fois plus équitable, collaboratif et résilient.
En favorisant un partage équitable des bénéfices issus des ressources hydriques, ces outils peuvent atténuer les asymétries de pouvoir entre États riverains. De plus, en intégrant des analyses climatiques prédictives, ils permettent d’adopter une approche proactive face aux risques hydrologiques, réduisant ainsi les tensions liées aux incertitudes. Enfin, en établissant des cadres juridiques clairs et impartiaux, ces mécanismes renforcent la transparence et la responsabilité dans la gestion des ressources partagées, transformant des dynamiques souvent conflictuelles en opportunités de coopération durable. En proposant des approches concrètes pour atténuer les tensions géopolitiques, ces initiatives répondent aux défis posés par le changement climatique tout en favorisant une gestion de l’eau qui soit à la fois durable et équitable.130 Cependant, leur mise en œuvre exige un engagement politique fort et une coordination institutionnelle efficace. Les États riverains doivent non seulement accepter de partager des responsabilités, mais aussi de construire des cadres de coopération capables de résister aux pressions géopolitiques et aux inégalités économiques. Le rôle de la communauté internationale, en tant que facilitateur et soutien financier, sera également crucial.131
En intégrant ces approches dans leurs stratégies de gestion, les États riverains peuvent renforcer la résilience de leurs bassins partagés, garantir l’accès à l’eau pour leurs populations et construire un modèle de coopération exemplaire dans un contexte de changement climatique global.132
Le rôle des acteurs internationaux et régionaux
Les acteurs internationaux et régionaux jouent un rôle déterminant dans la promotion de la coopération hydrique transfrontalière et dans le renforcement des mécanismes de gestion durable des ressources en eau. Par leur implication, ils peuvent équilibrer les rapports de force entre les États riverains, faciliter la résolution des conflits et offrir un soutien technique et financier pour la mise en œuvre de solutions innovantes.133
Les organisations régionales, telles que la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ou l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Association of Southeast Asian Nations : ASEAN), disposent d’un potentiel significatif pour influencer la médiation et la coordination des politiques hydriques. En élargissant leurs mandats et leurs capacités, ces institutions pourraient jouer un rôle encore plus actif dans la gestion des bassins transfrontaliers. La SADC, par exemple, a mis en place le Protocole sur les cours d’eau partagés, qui encourage la coopération entre ses États membres pour le développement et la gestion des ressources hydriques.134 Ce protocole pourrait être renforcé pour inclure des mécanismes flexibles répondant aux variations climatiques, promouvoir le partage des données hydrologiques et faciliter la résolution des différends.
De son côté, l’ASEAN pourrait intensifier ses efforts pour coordonner les politiques hydriques dans la région du Mékong, en collaboration avec la Commission du Mékong (MRC). Une participation accrue de l’ASEAN renforcerait la transparence, favoriserait la confiance entre les États membres et encouragerait l’adoption de pratiques de gestion durable dans une région où les tensions hydriques sont récurrentes.135Toutefois, le renforcement des mandats de ces organisations nécessite un appui politique et financier de leurs États membres. Ces institutions doivent également disposer de ressources techniques suffisantes pour devenir des plateformes efficaces de dialogue et de coopération.
Les institutions financières internationales, comme la Banque mondiale et le Fond vert pour le climat (GCF), jouent un rôle central dans le financement de projets liés à l’eau. La Banque mondiale, par exemple, a financé de nombreux projets hydriques transfrontaliers grâce à des prêts, des subventions et une assistance technique.136En intensifiant ses engagements, elle pourrait soutenir davantage de projets conjoints, renforcer les capacités institutionnelles des États et promouvoir des approches intégrées de gestion de l’eau. De son côté, le Fond vert pour le climat concentre ses efforts sur les initiatives d’adaptation au changement climatique. Il pourrait ainsi financer des projets renforçant la résilience des bassins transfrontaliers, notamment par le développement d’infrastructures résistantes au climat, l’installation de systèmes d’alerte précoce et la restauration écologique des bassins fluviaux.137
La mobilisation de ces fonds repose cependant sur la capacité des États riverains à présenter des projets solides et alignés sur les priorités régionales et nationales.138 La coordination entre États pour élaborer des propositions communes peut non seulement augmenter les chances d’obtenir des financements, mais également servir de base pour une coopération plus étroite. Ces initiatives financières et techniques, pilotées par des organisations internationales et régionales, encouragent les États riverains à collaborer et facilitent la mise en œuvre de projets communs.
Pour maximiser leur efficacité, ces initiatives nécessitent une volonté politique claire des gouvernements riverains. Les États doivent collaborer avec ces institutions, adopter des mécanismes de coopération interinstitutionnelle et aligner leurs priorités nationales sur les objectifs régionaux et internationaux. En intégrant ces principes dans leurs stratégies, les organisations internationales et régionales peuvent devenir des catalyseurs d’une gestion équitable et durable des ressources hydriques transfrontalières.
Conclusion
La gestion des ressources hydriques transfrontalières fait face à des défis croissants, accentués par l’impact du changement climatique. Les variations des régimes hydrologiques exacerbent les tensions entre les États riverains, mettant en lumière les limites des régulations actuelles. Des facteurs tels que les asymétries de pouvoir, l’absence de mécanismes adaptatifs et le manque de coopération fragilisent la capacité des États à gérer efficacement les ressources en eau partagées.
Les accords hydriques existants montrent d’importantes lacunes, notamment l’absence de clauses adaptatives permettant de répondre aux variations climatiques et hydrologiques. Cette rigidité expose particulièrement les pays situés en aval à des vulnérabilités accrues face aux décisions des États en amont, qui disposent souvent d’un contrôle disproportionné grâce à leurs infrastructures hydrauliques. Ce déséquilibre alimente les tensions géopolitiques et compromet les efforts de gestion collaborative.
De plus, le manque de transparence et le partage insuffisant des données hydrologiques entre les États limitent la coordination et nuisent à la confiance mutuelle. Ces failles structurelles freinent l’adoption de solutions collectives nécessaires pour répondre à des défis qui dépassent les frontières nationales.
Pour relever ces défis, il est impératif de mettre en place des régulations hydriques transfrontalières qui soient à la fois flexibles et inclusives. L’intégration de clauses adaptatives dans les accords hydriques existants permettrait d’ajuster les allocations d’eau en fonction des indicateurs climatiques, tels que les précipitations ou les niveaux des rivières. Cette approche garantirait une meilleure résilience face aux fluctuations hydrologiques tout en établissant un cadre clair pour prévenir les conflits.
En parallèle, l’utilisation de technologies modernes telles que le suivi en temps réel des flux d’eau via des capteurs automatisés et des données satellitaires renforcerait la transparence et faciliterait une gestion collaborative. Ces outils permettraient également d’anticiper les événements climatiques extrêmes et de coordonner les réponses des États riverains.
Le développement de mécanismes novateurs offre des solutions prometteuses pour améliorer la coopération hydrique transfrontalière :
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Fonds régionaux de résilience climatique : Ces fonds, financés par les contributions des États riverains, des organisations internationales et du secteur privé, soutiendraient des projets conjoints tels que la construction d’infrastructures partagées ou la mise en place de systèmes d’alerte précoce.
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Centres régionaux d’analyse climatique : Ces institutions centraliseraient les données météorologiques et hydrologiques, fournissant des analyses précises pour anticiper les variations climatiques et coordonner les réponses des États.
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Tribunaux régionaux de l’eau : Ces instances juridiques offriraient un cadre impartial pour résoudre les différends liés aux ressources hydriques, garantissant ainsi le respect des accords et réduisant les tensions entre États.
Ces mécanismes favoriseraient non seulement le partage des ressources et des données, mais aussi la résolution pacifique des différends, tout en équilibrant les rapports de pouvoir entre les parties prenantes.
Les acteurs internationaux et régionaux ont un rôle crucial à jouer pour soutenir ces initiatives. Les organisations régionales, telles que la SADC ou l’ASEAN, peuvent renforcer la coordination et la médiation entre les États riverains. Par exemple, la SADC, grâce à son Protocole sur les cours d’eau partagés, promeut déjà la coopération dans le développement et la gestion des ressources en eau. En élargissant leurs mandats et leurs capacités, ces institutions pourraient devenir des plateformes clés pour encourager la transparence et la gestion durable des bassins fluviaux.
Les institutions financières internationales, comme la Banque mondiale ou le Fond vert pour le climat, jouent également un rôle essentiel en finançant les projets d’infrastructures hydriques, les technologies d’adaptation et les systèmes de surveillance. Leur soutien financier et technique peut aider les États à surmonter les obstacles économiques et institutionnels, tout en renforçant les capacités locales et régionales.
Pour adapter les régulations hydriques transfrontalières aux défis du changement climatique, une approche intégrée et collaborative est indispensable. En combinant des mécanismes juridiques flexibles, des technologies avancées et une coopération renforcée entre les États, il est possible de construire un modèle de gestion durable et équitable des ressources en eau partagées.
Les efforts futurs doivent se concentrer sur la mise en œuvre de ces propositions, tout en tenant compte des spécificités locales et des dynamiques propres à chaque bassin fluvial. La recherche et le dialogue continu seront essentiels pour identifier des solutions adaptées, capables de transformer les tensions en opportunités.
En fin de compte, l’objectif est clair : renforcer la sécurité hydrique, promouvoir la paix régionale et soutenir le développement durable dans un contexte mondial où les ressources en eau deviennent de plus en plus précieuses.
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3 Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. (2022)
4 Brookings Institution. (2021).
5 The Diplomat. (2024).
6 Climate-Diplomacy. (2023).
7 Rein, M. (2024).
8 Par exemple, la Convention des Nations Unies de 1997 sur les cours d’eau internationaux, la Convention
d’Helsinki de 1992 ou encore des traités bilatéraux comme le Traité de l’Indus (1960) ou l’Accord sur le Mékong(1995).
9 Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC). (2022).
10 Conway, D., et al. (2015).
11 Mekong River Commission (MRC). (2018).
12 Al-Ansari, N. (2016).
13 Immerzeel, W. W., et al. (2010).
14 Dudgeon, D., et al. (2006).
15 Syvitski, J. P. M., et al. (2009).
16 Paerl, H. W., et al. (2016).
17 Par exemple, selon la FAO (2021), les rendements agricoles dans certaines régions du Sahel ont chuté de plus de 20 % sur la période 2015-2020, principalement en raison du stress hydrique.
18 International Organization for Migration (IOM). (2020).
19 Organisation internationale pour les migrations (OIM). (2021).
20 Zeitoun, M., & Mirumachi, N. (2008).
21 Zawahri, N. A. (2008).
22 Global Water Partnership (GWP). (2000)
23 Zeitoun, M., & Allan, J. A. (2008).
24 McCaffrey, S. C. (2019).
25 Daoudy, M. (2008).
26 Kibaroğlu, A., & Scheumann, W. (2013).
27 Warner, J. (2008).
28 International Rivers. (2020).
29 Tawfik, R. (2016).
30 Cronin, R., & Hamlin, T. (2012).
31 Eyler, B. (2019).
32 Wirsing, R. G. (2008).
33 Mustafa, D. (2010).
34 Cascão, A. E., & Zeitoun, M. (2010).
35 Altınbilek, D. (2004).
36 Cronin, R., & Hamlin, T. (2012).
37 Dombrowsky, I. (2007).
38 Schmeier, S. (2013).
39 Sadoff, C. W., & Grey, D. (2005).
40 Zeitoun, M., & Mirumachi, N. (2008).
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42 World Bank. (2015).
43 UN-Water. (2008).
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45 Kibaroglu, A. (2015).
46 Selby, J. (2005).
47 Milly, P. C. D., et al. (2008).
48 Vörösmarty, C. J., et al. (2010).
49 Wegerich, K. (2008).
50 Brochmann, M., & Hensel, P. R. (2009).
51 Grey, D., & Sadoff, C. W. (2007).
52 Pahl-Wostl, C., et al. (2008).
53 Subramanian, A., Brown, B., & Wolf, A. (2012).
54 Zawahri, N. A., & Hensengerth, O. (2012).
55 UNESCO. (2021).
56 Lancié en 1975, ce programme vise à renforcer la coopération scientifique et à améliorer les capacités nationales en gestion de l’eau douce. Il soutient la recherche, la formation et le partage de données.
57 McCaffrey, S. C. (2019).
58 Convention des Nations Unies sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation, 1997.
59 Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux, Helsinki, 1992.
60 Salman, S. M. A. (2007).
61 Mekong River Commission (MRC). (2021).
62 Autorité du Bassin du Niger (ABN). (2008).
63 Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS). (2020).
64 Commission internationale pour la protection du Danube (ICPDR). (2021).
65 Commission du bassin du lac Tchad (CBLT). (2020).
66 CIJ. (1997).
67 Cour internationale de Justice (CIJ). (1997).
68 Banque mondiale. (2021).
69 Union africaine. (2020).
70 Dellapenna, J. W., & Gupta, J. (2009).
71 UNESCO. (2021).
72 McIntyre, O. (2016).
73 Milly, P. C. D., et al. (2008).
74 Chellaney, B. (2011).
75 Singh, A. (2013).
76 Krishnan, A. (2017).
77 Biswas, A. K., & Tortajada, C. (2018)
78 Eyler, B. (2019).
79 Magee, D. (2006).
80 International Rivers. (2020).
81 Mustafa, D. (2010).
82 Pahl-Wostl, C. (2015).
83 Tawfik, R. (2016).
84 Tawfik, R. (2016).
85 Whittington, D., & McClelland, E. (1992).
86 Kibaroğlu, A., & Ünver, O. (2000).
87 Altınbilek, D. (2004).
88 Zawahri, N. A., & Hensengerth, O. (2012).
89 Food and Agriculture Organization (FAO). (2021).
90 Mekong River Commission (MRC). (2017).
91 Chapman, A. D., Darby, S. E., & Hồng, H. M. (2016).
92 United Nations Department of Economic and Social Affairs (UNDESA). (2019).
93 Cronin, R., & Hamlin, T. (2012).
94 Banque mondiale. (2021).
95 Pahl-Wostl, C., et al. (2008).
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97 World Bank. (2015).
98 Dombrowsky, I. (2009).
99 van Rijswick, M., & Salet, W. (2012).
100 ORASECOM. (2000).
101 De Stefano, L., et al. (2012).
102 McIntyre, O. (2013).
103 WMO. (2017).
104 Fischhendler, I. (2008).
105 Nile Basin Initiative. (2019).
106 ICPDR. (2021).
107 Dinar, S., & Dinar, A. (2017).
108 UNESCO. (2018).
109 Savic, D., & Banyard, J. (2011).
110 FAO. (2017)
111 Susskind, L. (2012).
112 Global Water Partnership. (2013).
113 World Bank. (2016).
114 Sadoff, C. et al. (2015).
115 UNECE. (2019).
116 Banque africaine de développement. (2021).
117 Fond vert pour le climat. (2021).
118 UNEP. (2012).
119 OECD. (2017).
120 WMO. (2021).
121 Centre régional AGRHYMET. (2021).
122 Global Framework for Climate Services. (2014).
123 UNESCO. (2019).
124 GWP. (2018).
125 Cour de justice de la CEDEAO. (2021).
126 Tribunal international du droit de la mer. (2021).
127 Boisson de Chazournes, L. (2013).
128 Loures, F., & Rieu-Clarke, A. (2013).
129 Rieu-Clarke, A. (2010).
130 Pahl-Wostl, C. (2017).
131 UNESCO-WWAP. (2019)
132 Wouters, P., & Tarlock, A. D. (2013).
133 Nakayama, M. (2003).
134 Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). (2000).
135 ASEAN. (2021).
136 Banque mondiale. (2021).
137 Fond vert pour le climat (GCF). (2021).
138 Banque mondiale. (2018).
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À propos de l'auteur
Matteo Mevellec
Biographie non renseignée