Équipe de rédacteurs : Thomas Taochy, Vadim Leduc Argenta, Anna Balawender (coordinatrice)
20/11/2022 : Approfondissement de la coopération militaire sino-cambodgienne -Anna Balawender-
A l’issue de son entretien du 20 novembre avec le ministre de la défense chinois, le général Wei Fenghe, le Premier ministre cambodgien Hun Sen a remercié l’Armée Populaire de Libération (APL) chinoise pour le soutien apporté au développement de son armée selon le South China Morning Post.
Cette intervention survient dans un contexte de tensions croissantes entre la Chine et les Etats-Unis, qui se livrent à une bataille d’influence en Asie du Sud-Est. Reuters rappelle que le 12 novembre, lors du G20, le Président américain Joe Biden s’est publiquement inquiété de l’influence chinoise grandissante dans la base navale cambodgienne de Ream ; deux jours plus tard, la représentante du ministère des affaires étrangères chinoise Mao Ning lui répondait : «Le Cambodge et la Chine ayant un large partenariat, la coopération publique et transparente des deux pays dans de nombreux domaines est raisonnable. Le soutien de la Chine à la montée de gamme de la marine cambodgienne est une activité de soutien ordinaire», selon l’allocution transcrite par Sohu.
La visite du 8 au 11 novembre dans la capitale cambodgienne du Premier ministre chinois, Li Keqiang, a été l’occasion d’un rapprochement manifeste entre Phnom Penh et Pékin : les deux pays ont signé plusieurs accords de coopération, notamment sur la santé (facilitant l’acheminement de vaccins contre le Covid-19 au Cambodge) et sur la restauration du temple Takeo. Le Phnom Penh Post, média local, rapporte aussi le contenu du communiqué joint publié le dernier jour de sa visite, qui déclare : «le Cambodge réaffirme son adhésion ferme à la politique de la Chine unique ainsi que son opposition […] à toute forme d’activité séparatiste visant une ‘indépendance taiwanaise’ […]. Le Cambodge supporte tous les efforts chinois pour défendre ses intérêts fondamentaux et réaliser sa réunification nationale.»
A ce sujet, le ministre de la défense chinois Wei Fenghe a rappelé le 22 novembre que Taiwan était «le plus fondamental des intérêts fondamentaux de la Chine» et qu’il s’agissait d’une «ligne rouge» à ne pas franchir.
21/11/2022 : L’Indonésie, un acteur à même de changer la donne dans les relations sino-américaines ? -Vadim Leduc Argenta-
Au dernier G20 à Bali, les présidents Chinois et Américains ont tous deux réaffirmé leur position tout en évitant l’agressivité. Néanmoins, le média SCMP déclare que les contentieux structurels et la rivalité entre les deux puissances continuent de peser sur les relations internationales.
L’Indonésie, comme d’autres pays dans la région pris entre deux feux, se place au centre de cette rivalité en maintenant des relations neutres et pacifiques avec les deux partis. C’est ce que le ministre de la défense indonésien, Prabowo Subianto a affirmé ce lundi 21 novembre 2022 après une rencontre avec Lloyd Austin, le secrétaire à la défense américain : «L’Indonésie adopte toujours la position d’essayer de maintenir les meilleures relations avec toutes les nations, en particulier toutes les grandes puissances. Nous avons ouvertement déclaré à maintes reprises que nous considérons la Chine comme une nation amie de l’Indonésie».
Une affirmation pouvant rassurer la Chine après le dernier un exercice en Indonésie (impliquant Américains, Indonésiens et d’autres alliés) de tirs réels dans le cadre de manœuvres militaires annuelles. D’après un article de France 24, ces exercices sont intervenus alors que Pékin venait de mener, selon un haut responsable militaire américain, des «actions déstabilisatrices» autour de Taïwan. Prabowo a par la suite déclaré que l’Indonésie donnait la priorité au dialogue sur les questions de «malentendus possibles, d’éventuelles divergences d’opinions en matière d’eaux territoriales».
Enfin, ce dernier a précisé que Jakarta n’avait subi aucune pression de Washington concernant ses relations avec Pékin.
21/11/2022 : Déploiement de F22 dans les bases américaines au Japon -Vadim Leduc Argenta-
Beaucoup d’experts s’accordent sur le fait que les relations sino-américaines mettent en péril la sécurité de l’Indopacifique, si ce n’est du monde.
Or, le début du déploiement de F22 dans les bases américaines au Japon n’arrange rien. De son nom complet, le Lockheed Martin F-22 Raptor est un avion de chasse furtif, initialement conçu pour les combats aériens mais également capable d’assurer des missions de soutien militaire au sol, d’attaque électronique ou encore de renseignement. En somme, il est souvent appelé le «chasseur suprême».
SCMP explique que ces F22 remplacent les F15, moins performants, déjà présents à Okinawa. Les F22 seront en fait déployés en roulement de 6 mois entre les bases d’Okinawa et d’Alaska. Cette arrivée n’est pas faite au hasard. La Chine exprime de plus en plus explicitement ses velléités envers Taïwan et la Corée du Nord effraye la région.
Yao Yunzhu, général de division de l’APL à la retraite, a affirmé que «La confrontation dans les relations sino-américaines continue d’augmenter, il est donc difficile d’ignorer la possibilité d’un conflit militaire maritime».
21/11/2022 : Rapatriement forcé de fusées chinoises remorquées par les autorités philippines -Anna Balawender-
Le 21 novembre, les autorités philippines ont annoncé le blocage d’une mission en cours de leur marne, qui s’activaient à acheminer jusqu’à terre des morceaux de fusées identifiées comme chinoises. Les navires de la marine ont été arrêtés par un bâtiment des garde-côtes chinois, dont le personnel a sectionné le câble relié aux débris, avant de les ramener à leur bord, indique The Diplomat. Pékin s’est empressé de démentir le caractère forcé du rapatriement des débris de fusées, rapporte Reuters.
L’événement est survenu à proximité de l’île de Thitu, au lendemain de la plainte des habitants de cette même île, affirmant avoir entendu des «explosions répétées» qui ont été identifiées comme provenant «d’armes d’artillerie». Le journal philippin Inquirer.net précise que ces échos semblaient provenir du récif Zamora (ou Subi en chinois), l’une des plus grandes îles artificielles parmi les sept que la Chine a construit dans l’archipel des îles Spratleys.
Ces démonstrations interviennent au moment même où la Vice-Présidente américaine Kamala Harris était en déplacement aux Philippines du 20 au 22 novembre. Pour rappel, un contentieux historique existe entre Manille et Pékin au sujet de la délimitation du territoire maritime. Les deux pays se sont tournés vers l’arbitrage international en 2016, mais lorsque la Cour permanente d’arbitrage s’est prononcée en faveur de la partie philippine, les autorités chinoises ont rejeté le jugement. A l’occasion de cette visite officielle, Kamala Harris a, elle, réaffirmé le soutien de Washington à la sentence de 2016.
22/11/2022 : l’UE s’apprête à renouveler les sanctions à l’encontre des responsables chinois accusés de violations des droits de l’homme au Xinjiang. -Thomas Taochy-
L’Union européenne a renouvelé le 22 novembre pour une année supplémentaire les sanctions à l’encontre des responsables chinois qu’elle accuse de «graves violations des droits de l’Homme» dans la région du Xinjiang.
Les sanctions, votées pour la première fois en mars 2019, ciblaient quatre personnes (Zhu Hailun, Wang Junzheng, Wang Mingshan et Chen Mingguo) et une entité chinoise (le Bureau de la sécurité publique du Xinjiang Production and Construction Corps). Étant donné que les manquements aux droits humains persistent, elles sont susceptibles d’être prolongées, selon plusieurs diplomates cités par le média SCMP.
C’est au sein du comité Coreper II de l’UE se tenant le 30 novembre que les ambassadeurs discuteront des sanctions dans le cadre du régime global de sanctions de l’Union en matière de droits de l’Homme. La prolongation devra ensuite être approuvée lors d’une réunion des ministres des États membres de l’UE prévue le 5 décembre. Les diplomates chargés des questions relatives aux droits humains ont déjà approuvé l’extension le 3 octobre. Cela signifie que les sanctions seront reconduites en mars, deux ans après leur entrée en vigueur.
Le renouvellement de ces sanctions va sans aucun doute contribuer à une détérioration de la relation entre l’UE et la Chine. Pour rappel, l’ambassadeur chinois en Europe Zhang Ming a déclaré que le pacte d’investissement était en danger à cause des «obstacles causés par la partie européenne».
