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VEILLE UNION EUROPEENNE – Du 16 juillet au 22 juillet 2022

Equipe de veille Union européenne : Yanis Kourrad, Antoine Bézier, Etienne Mathieu

20/07/2022 : Les États membres de l’UE appellent à une modification des mesures relatives à la protection de l’environnement dans le cadre de la PAC. -Yanis Kourrad-

L’offensive russe en Ukraine a engendré une diminution des exportations céréalières de la part de ces deux puissances agricoles conduisant, en début de semaine, les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne (UE) a exhorter un assouplissement des mesures de protection de l’environnement prévues dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC).

Les ministres de l’Agriculture ont demandé une prolongation des dérogations qui leur ont été accordées il y a quelques mois de cela concernant la rotation des cultures et l’utilisation des terres en jachère. Destinée à faire pousser plusieurs cultures différentes au sein d’une même zone, la rotation des cultures constitue une pratique bénéfique sur le plan environnemental mais dont les objectifs contraignants seront revus à la hausse dès 2023, conformément aux nouvelles règles relatives à la PAC. Dans un contexte de crainte d’insécurité alimentaire et d’incertitudes quant à l’accès à certaines denrées,  Janusz Wojciechowski, le Commissaire européen à l’Agriculture  tchèque a estimé qu’ « il y a de plus en plus d’arguments en faveur de l’autorisation de ces exceptions » et espère que les négociations déboucheront sur une « décision positive dans un avenir proche ».

21/07/2022 : La Banque centrale européenne resserre sa politique monétaire en réhaussant ses taux d’intérêt. -Yanis Kourrad-

Face à un niveau d’inflation sans cesse plus accru, la Banque centrale européenne (BCE) a resserré sa politique monétaire et décidé, ce jeudi 21 juillet, de rehausser ses taux d’intérêt.

Destiné à contenir l’inflation trop élevée que connaît la zone monétaire européenne, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a annoncé une hausse de 0,5 point, rehaussant le principal taux directeur de 0% à 0,50% et le taux taxant une partie des liquidités bancaires non distribuées en crédit de -0,50% à 0%. Cette augmentation des taux d’intérêt s’inscrit en cohérence avec la politique monétaire menée par d’autres banques centrales comme la Fed – Réserve fédérale des États-Unis – qui a rehaussé ses taux en mars dernier.

Dans un contexte de crise politique en Italie, suite à la démission du Premier Ministre, Mario Draghi, mais aussi de poursuite de la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, la BCE souhaite éviter, à tout prix, une crise des dettes souveraines et a annoncé la mise en place d’un nouvel instrument destiné à assurer une protection aux États les plus fragiles face aux attaques spéculatives.  Ce sera « le Conseil des gouverneurs (qui) déterminera l’éligibilité » d’un pays à ce nouvel outil puisque « la BCE ne prend pas position sur des questions politiques internes » comme l’a rappelé la présidente de la BCE. Les risques d’une coupure d’approvisionnement énergétique par la Russie posent aussi la question de « l’horizon économique européen » qui semble s’être « assombri » selon Christine Lagarde. Néanmoins, la reprise de l’activité touristique en Europe suite à la levée progressive des restrictions sanitaires permet, à minima, de stimuler l’économie européenne.

21/07/2022 : le président de la République italienne dissout le Parlement. -Etienne Mathieu-

Suite à la démission de Mario Draghi et à l’implosion de la coalition gouvernementale, le président italien Sergio Mattarella a annoncé la dissolution du Parlement le 21 juillet 2022.

Les nouvelles élections législatives auront lieu en septembre prochain ; la droite et l’extrême droite de la péninsule espèrent faire de ces élections une victoire électorale, voire revenir au gouvernement. La coalition du centre-droit, de la droite radicale et de l’extrême droite est donnée largement en tête. Elle rassemble Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, la Ligue de Matteo Salvini, et le parti très droitier Fratelli d’Italia, qui ne répugne guère aux références à l’ère fasciste.

La spécificité du régime parlementaire italien est que les deux chambres ont les mêmes pouvoirs ; le Sénat comme la Chambre des députés peuvent concurremment renverser le gouvernement par une motion de censure. En sens inverse, les deux sont susceptibles d’être dissous par le chef de l’État, ce qui s’est passé ce jeudi.

Au sein des institutions européennes, le départ de Mario Draghi est perçu comme la fin d’une ère européiste et positive pour l’Italie, et le début d’un moment incertain et potentiellement populiste et dangereux, qui pourrait s’étendre ailleurs en Europe. L’ancien président de la Banque centrale européenne inspirait confiance aux investisseurs étrangers et aux partenaires européens, et incarnait la promesse d’une période de stabilité économique et politique en Italie. Le président russe Vladimir Poutine pourrait profiter de la situation et espérerait une fracturation de l’unité européenne face à la Russie, alors que les positions de la droite italienne vis-à-vis du conflit russo-ukrainien demeurent ambiguës.

21/07/2022 : Gaz russe: L’Europe du Sud s’oppose au «plan de sobriété» présenté par la Commission européenne. -Antoine Bézier-

Jeudi 21 juillet, l’Espagne, le Portugal et la Grèce ont fait part de leur opposition au plan proposé la veille par la Commission européenne et visant à faire face à la baisse des livraisons de gaz russe. Il contient différentes mesures, orientations et objectifs : remplir les stocks de gaz jusqu’à 80 % de leurs capacités pour faire face à l’hiver 2023-2024, limitation de la climatisation l’été et du chauffage l’hiver, diversification des sources d’énergie et accent mis sur le nucléaire et le charbon, etc. Surtout, il demande à chaque État-membre de réduire de 15% sa consommation de gaz par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

C’est cette dernière clause qui a suscité le mécontentement de Madrid, Lisbonne et Athènes. Les dirigeants des pays en question parlent d’un plan adapté à l’Europe du Nord et qui ne prend pas en compte les réalités de l’Europe du Sud. Ils font valoir leur très faible dépendance au gaz russe, leurs investissements dans les énergies vertes, et leurs fortes capacités de stockage et de «regazéification» au contraire d’autres pays de l’Union européenne. En effet, pour ce qui est de la péninsule ibérique, le volume et les possibilités d’interconnexion entre le gaz russe et les pays concernés ayant toujours été très faibles, de grandes installations de stockage permettant de recevoir du gaz des États-Unis et du Nigéria ont été construites ces dernières années. Ainsi, l’Espagne héberge 34 % de la capacité de «regazéification» de l’UE et 45 % de sa capacité de stockage de gaz liquide. Il serait alors absurde de demander à ces pays de réaliser des économies sur un gaz qui ne provient pas de Russie, alors que la péninsule ibérique peut justement être considérée comme un atout stratégique permettant de diversifier les importations gazières de l’Union européenne.

Ce dossier met de nouveau en lumière les tensions et incompréhensions mutuelles entre l’Europe méridionale et septentrionale.  «L’Espagne n’a pas vécu au-dessus de ses capacités énergétiques», a glissé Teresa Ribera, ministre espagnole la Transition écologique, en faisant implicitement référence aux mesures d’austérité que les pays du Nord avaient imposé au Sud au moment de la crise financière de 2008 et de la crise des dettes souveraines de 2010-2013, en l’accusant d’avoir vécu au-dessus de ses moyens pendant de nombreuses années. La crise énergétique permettrait à l’Europe du Sud de retourner habilement à son avantage la distinction traditionnelle et péjorative faite entre les «pays cigales» et les «pays fourmis».

22/07/2022 : Le parti polonais de gauche propose de louer les centrales nucléaires allemandes. -Yanis Kourrad-

Lors de la dernière réunion de la commission des affaires européennes du Parlement polonais, le 21 juillet dernier, les députés du Parti de gauche Lewica Razem se sont penchés sur la possibilité de louer les centrales nucléaires allemandes encore en service et dont la fermeture est prochainement annoncée. En effet, l’Allemagne s’est lancée en 2000 dans un projet de fermeture de l’ensemble de ses centrales nucléaires. L’objectif du parti polonais Lewica Razem consistait à mettre en lumière la façon dont « le gouvernement allemand avait trompé ses citoyens en leur disant que le maintien en activité des réacteurs nucléaires était impossible en raison, entre autres, de difficultés d’approvisionnement en combustible » rapporte le média européen Euractiv. En réalité, la fermeture de ces réacteurs nucléaires aurait conduit à une hausse des émissions de gaz à effet de serre. Lucide, le député Maciej Konieczny rappelle « qu’il s’agit d’une demande difficile mais la présenter dans l’espace public, c’est rendre publique l’absurdité de la situation qui se déroule en Allemagne ». Ainsi, cette proposition parlementaire polonaise a surtout été l’occasion de réaffirmer la nécessité d’empêcher la fermeture totale de ces centrales à l’heure où l’Union européenne connaît une crise énergétique et climatique sans précédent.

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