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VEILLE UNION EUROPEENNE – Du 14 mai au 20 mai 2022

Equipe de veille Union européenne : Sara Brouwers, Audrey Moisan, Louis Harand, Léo Caget, Etienne Mathieu

15/05/2022 : Les Suisses votent « Oui » au référendum sur l’agence Frontex. -Léo Caget-

Les citoyens suisses ont voté « Oui » à 71,48% au référendum du dimanche 15 mai portant sur le financement de l’Agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières, mieux connue sous le nom de Frontex. L’initiative de ce référendum émanait des partis de gauche, condamnant les activités de l’organe européen, dont le directeur exécutif Fabrice Leggeri avait déposé sa démission en avril 2022, suite à une enquête de l’Office européen de lutte antifraude. Il était notamment sous le coup d’accusations de tolérance à l’égard de refoulements aux frontières européennes jugés illégaux et contraires au droit européen, ainsi que de complaisance sur ces pratiques envers les autorités grecques.

Ce référendum devait notamment permettre de statuer sur l’augmentation des moyens mis à disposition de Frontex, pour atteindre l’objectif de 10 000 garde-côtes et garde-frontières d’ici 2027. Les partis du centre à l’extrême-droite, certains étant parfois particulièrement critiques envers les accords avec l’UE, avaient mis en garde contre les risques d’exclusion des accords de Schengen et Dublin, desquels la Suisse reste membre. Marie-France Roth Pasquier, députée suisse du Centre a alors commenté l’issue du scrutin par ces mots : « quand on parle sécurité on arrive à avoir en Suisse une majorité des citoyens qui soutiennent cette sécurité ». Cependant, si le « Oui » l’emporte largement, le quotidien suisse Le Temps vient nuancer en indiquant que les personnes à l’origine du référendum ont « mis le doigt sur des critiques justifiées faites à une agence européenne dont le budget a grandi de manière exponentielle ».

La participation de la Suisse devrait tout de même augmenter progressivement de 6 à 40 postes dans l’agence, et de 24 à 58 millions d’euros concernant le soutien financier.

16/05/2022 : Démission du Gouvernement Jean Castex en France, nomination de la nouvelle Première ministre Elisabeth Borne. -Léo Caget-

Lundi 16 mai, le Premier ministre français Jean Castex a remis la démission de son Gouvernement au Président de la République récemment réélu, Emmanuel Macron. Le choix de la personne qui viendrait le remplacer se faisait attendre depuis maintenant plusieurs semaines.

C’est finalement Elisabeth Borne qui a été nommée par Emmanuel Macron. Elle est membre de Territoires de progrès depuis 2020, un parti considéré comme l’aile gauche, social-démocrate, de la majorité présidentielle. D’après la plupart des analystes et observateurs politiques, elle aurait un profil de « technicienne ». Elle a occupé diverses fonctions au cours de sa carrière, préfète de la région Poitou-Charentes en 2013, puis membre du cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Ecologie l’année suivante, sous la présidence de François Hollande. Elle a aussi dirigé de 2015 à 2017 la Régie Autonome des Transports Parisiens. C’est en 2017 qu’elle accède au poste de ministre chargée des Transports, pour devenir ministre de la Transition écologique et solidaire en 2019, et enfin ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion sous le Gouvernement Jean Castex.

Malgré une personnalité jugée plutôt discrète, elle est tout de même connue pour le passage de deux réformes complexes qui avaient généré une certaine agitation : la réforme des chemins de fer, ainsi que la réforme de l’assurance-chômage fin 2021. Elle est particulièrement attendue aujourd’hui sur la réforme des retraites, qui n’avait pas pu passer en 2021, ainsi que sur la lutte contre le changement climatique. Elle évoquait ainsi les enjeux actuels et à venir lors du discours de sa prise de fonction : « Vous pouvez compter sur moi pour poursuivre cette voie face aux nombreux défis qui sont devant [nous]. Je pense notamment à la situation internationale, mais aussi au défi climatique et écologique sur lequel il faut agir plus vite et plus fort. »

Anciennement proche de certaines figures de la gauche comme Jack Lang ou Lionel Jospin, et affirmant elle-même en février 2022 être « une femme de gauche », elle a pourtant rapidement essuyé des critiques, notamment de la part de Jean-Luc Mélenchon, leader de l’alliance de gauche NUPES constituée en vue des élections législatives des 12 et 19 juin : « Une nouvelle saison de maltraitance sociale et écologique commence. Élisabeth Borne incarne la continuité de la politique du président de la République ». Au sein de la droite républicaine, les avis sont plus mitigés, mais l’extrême-droite a marqué ouvertement son désaccord avec ce choix. Marine Le Pen, seconde lors de l’élection présidentielle d’avril, tweetait ce lundi 16 mai : « En nommant Elisabeth Borne comme Premier Ministre, Emmanuel Macron démontre son incapacité à rassembler et la volonté de poursuivre sa politique de mépris, de déconstruction de l’État, de saccage social, de racket fiscal et de laxisme. »

18/05/2022 : L’Europe « périt », la Russie « la sauvera ». Comment la propagande russe en Bulgarie s’est intensifiée en quelques mois ? -Louis Harand- 

La propagande russe en Bulgarie a été multipliée par dix depuis le début de la guerre contre l’Ukraine, montrent les résultats d’une étude réalisée par la Fondation pour la recherche humanitaire et sociale. Du début de l’année, jusqu’au 24 février 2022, date à laquelle la Russie a attaqué l’Ukraine, les médias en ligne bulgares ont publié en moyenne 39 articles en défense du Kremlin par jour. Depuis le début de la guerre, ce chiffre est passé à une moyenne de 397 articles par jour. Selon des chercheurs, la propagande russe en Bulgarie présente le monde comme une conspiration géopolitique dans laquelle les États-Unis détruisent l’Europe et la Russie est celle qui la sauvera.

Parmi les théories principales répandues dans l’espace public bulgare figurent les suppositions que : i) « les Etats-Unis, l’OTAN et les pays de l’ouest veulent obtenir une domination globale », tandis que ii) « les élites libérales vénales les aident à atteindre leur objectif ». En même temps iii) « l’Europe est en train de périr », tandis que iv) « la Russie renaît et est la seule qui peut sauver le vieux continent ». D’autres messages de la propagande russe sont les affirmations selon lesquelles les sanctions contre la Russie ne nuisent qu’à ceux qui les imposent, ainsi que les affirmations selon lesquelles l’Ukraine est dirigée par des néo-nazis.

18/05/2022 : Au renvoi de diplomates russes, soupçonnés d’espionnage en France, la Russie riposte. -Sara Brouwers-

Alors que Paris avait déjà renvoyé les 41 diplomates russes en poste, c’est aujourd’hui que les diplomates français en poste en Russie ont été contraints de quitter le pays.

En effet, la France les a renvoyés pour tentative d’espionnage, précisant que la sanction s’inscrivait dans une démarche européenne. À cela, la Russie a décidé de répondre en renvoyant également les diplomates européens. Pour le quai d’Orsay, la réponse de la Russie était donc illégitimement infondée. Il en a été de même pour l’Espagne et l’Italie. Le premier s’est vu renvoyer 27 de ses diplomates et l’Italie, 24 en représailles aux précédentes expulsions commises par Madrid et Rome. Mario Draghi à d’ailleurs évoqué ces expulsions comme « un acte hostile ». Le Quai d’Orsay a de même rappelé ce que souligne la diplomatie française quant à la présence des diplomates : « Le travail des diplomates et des personnels de notre ambassade en Russie s’inscrit, à l’inverse, pleinement dans le cadre de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires ».

Outre cela, des dizaines de diplomates belges, néerlandais, suédois, polonais mais aussi autrichiens ont été aussi expulsés ces dernières semaines.

18/05/2022 : La Suède et la Finlande déposent leur demande d’entrée dans l’OTAN, la Turquie pose son veto. -Etienne Mathieu-

Le 18 mai, la Suède et la Finlande ont officialisé leur candidature à l’entrée dans l’OTAN. La Finlande avait évoqué cette candidature commune aux deux pays voisins dès le 12 mai, par la voix de son président Sauli Niiniströ et de sa Première ministre Sanna Marin. La Suède a ensuite exprimé son intérêt pour cette proposition. Désormais, les deux pays sont candidats à l’entrée dans l’Alliance atlantique.

Cette candidature est motivée par l’invasion russe de l’Ukraine, en cours depuis bientôt trois mois. Cette invasion a renforcé l’inquiétude de la Suède et de la Finlande quant à l’agressivité russe. La Suède se plaignait déjà depuis plusieurs années, et surtout depuis la première crise russo-ukrainienne de 2014, d’intrusions d’avions militaires russes dans l’espace aérien de la mer Baltique.

C’est une décision historique pour deux pays traditionnellement neutres – une neutralité qui remonte à 1945 pour la Finlande, et même à la fin XIXème siècle pour la Suède. Face à la menace russe, celle-ci a rehaussé ses budgets militaires depuis plusieurs années, et rétabli en 2017 le service militaire suspendu en 2010. Quant à la Finlande, ses frontières actuelles sont issues des concessions territoriales faites à Staline lors de la Seconde Guerre mondiale.

L’adhésion à l’OTAN requiert l’accord à l’unanimité des membres de l’Alliance. L’adhésion des deux pays nordiques est bloquée par le veto de la Turquie. Le sujet sera abordé au prochain sommet de l’OTAN, organisé à Madrid les 29 et 30 juin prochains.

19/05/2022 : Le protocole irlandais remis en question: vers un regain des problématiques liées au Brexit. -Audrey Moisan-

Ce 17 mai 2022, suite à l’impasse politique dans laquelle le gouvernement nord-irlandais se trouve après l’élection du Sinn Fein en tant que parti majoritaire, le gouvernement britannique menace de modifier le protocole nord-irlandais autour du Brexit.

Ce protocole a été l’un des principaux points de discorde lors des négociations du Brexit entre 2019 et 2020. Il consiste à créer un frontière entre l’Irlande et la Grande-Bretagne, afin de maintenir l’ensemble de l’île irlandaise dans l’Union douanière européenne, et d’éviter également le retour d’une « hard border », une frontière contrôlée entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord. Ce protocole est apparu nécessaire aux vues des tensions entre nationalistes irlandais et unionistes, qui ont fait craindre un retour à période des « Troubles », dont la tuerie du Bloody Sunday reste un des symboles marquants.

Mettre fin à ce protocole signifierait la fin de cette frontière entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord, et un retour aux postes douaniers entre les deux Irlandes. La menace britannique apparaît comme un moyen de pression afin que les nord-irlandais trouvent un accord concernant la mise en place du nouveau gouvernement, entre volontés nationaliste et volontés unionistes.

Mais ces menaces semblent également toucher l’Union Européenne qui, ce 19 mai, se pose en désaccord avec les propos tenus par Boris Johnson et Liz Truss, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement. La renégociation du protocole aurait en effet une incidence sur les frontières de l’Union douanière, et donc sur l’Union Européenne.

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