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VEILLE SUD-CAUCASE – du 9 avril au 15 avril 2022

11/04/2022 : Meta accuse le ministère azerbaïdjanais de l’Intérieur d’utilisation d’un « réseau hybride ».

Le rapport trimestriel de la firme Meta (Facebook) a accusé le ministère de l’Intérieur azerbaïdjanais de « cyberespionnage » et de « comportement inauthentique coordonné » à l’encontre de journalistes, de membres de la société civile et de l’opposition politique. Il fait ainsi état de techniques de hameçonnage et de piratage des sites web et comptes privés afin d’obtenir des informations personnelles ou de promouvoir des récits particuliers au nom des personnes visées. Meta a déclaré avoir supprimé ce « réseau hybride ». L’usurpation et le piratage des sites web aurait eu lieu en Azerbaïdjan et en Arménie.

11/04/2022 : Le rapprochement arméno-azerbaïdjanais soulève à nouveau l’opposition arménienne et les « autorités du Haut-Karabakh » – le coprésident russe du groupe de Minsk devient « représentant spécial pour la normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ».

Suite à la rencontre trilatérale des dirigeants des deux pays avec le président du Conseil européen le 6 avril, les ministres des Affaires étrangères azerbaïdjanais et arménien, Djeyhun Bayramov et Ararat Mirzoyan, se sont entretenus par téléphone le 11 avril afin d’échanger au sujet du travail de préparation d’un futur traité de paix et de la mise en place d’une commission conjointe de délimitation des frontières, ainsi que pour aborder certains problèmes humanitaires.

Ces gestes de rapprochement ont soulevé l’indignation de l’opposition arménienne le lendemain 12 avril : les blocs d’opposition « Hayastan» et « Pativ Unem » ont annoncé leur boycott des sessions du Parlement pour une semaine et ont quitté l’hémicycle. Seyran Ohanian, dirigeant d’ « Hayastan » a déclaré à cette occasion : «Les dispositions stipulées dans la Constitution de l’Arménie, notre intégrité territoriale, notre souveraineté, ne sont pas marchandes, nous trouvons inacceptable toute option de résolution du conflit du Haut-Karabakh qui ferait de l’Artsakh une partie de l’Azerbaïdjan ». Ils ont également déclaré se rendre dans les régions frontalières avec l’Azerbaïdjan ainsi qu’au Haut-Karabakh, où ils ont été empêchés de pénétrer par les forces du contingent de maintien de la paix russe, ce qui a été jugé « contraire à l’Accord Trilatéral du 9 novembre qui envisage la connexion sans entrave du Haut-Karabakh à l’Arménie via le corridor de Lachin » selon le ministère des Affaires étrangères arménien.

Le lendemain 13 avril, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a prononcé un discours au Parlement où il a à nouveau réitéré les propos officiels selon lesquels les principes de bases des propositions azerbaïdjanaises concernant l’accord de paix « n’étaient pas inacceptables » et en rappelant que l’Arménie avait déjà reconnu l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan ainsi que l’inviolabilité de ses frontières en 1992 lors de la ratification de l’accord sur la formation de la CEI. Il a notamment déclaré : « Aujourd’hui, la communauté internationale nous dit de baisser la barre sur le statut du Haut-Karabakh et il a explicité l’évolution de son positionnement : « Si auparavant nous posions le statut du Karabakh comme base, et sur cette base, des garanties de sécurité et des droits, maintenant nous posons des garanties et des droits de sécurité comme base à ce statut. En d’autres termes, nous déclarons que le statut dans cette situation n’est pas un objectif, mais un moyen d’assurer la sécurité et les droits des Arméniens du Haut-Karabakh ».

Le 14 avril, le « Parlement du Haut-Karabakh » s’est réuni en session extraordinaire et a adopté une résolution déclarant : « aucun gouvernement n’a le droit d’abaisser la barre des négociations pour un statut acceptable pour l’Artsakh et le droit internationalement reconnu à l’autodétermination sous prétexte de paixet exigeant que les autorités arméniennes « abandonnent leur position désastreuse actuelle ». Le lendemain, le « président de la République d’Artsakh », Arayik Haroutounian, s’est rendu le même jour à son « ministère de la Défense » où il a annoncé que « tous les programmes de défense [devraient] un jour être combinés avec les fonctions de la force de maintien de la paix russe stationnée en Artsakh ». Il s’est entretenu le lendemain avec ses deux prédécesseurs Arkadi Ghoukasian et Bako Sahakianpour pour échanger sur «  sur l’impact de la situation militaro-politique dans la région sur l’avenir de l’Artsakh et les actions possibles des autorités ».

Ned Price, porte parole du département d’État américain, s’est dit prêt le 14 avril à «  dialoguer avec l’Arménie et l’Azerbaïdjan encore une fois, bilatéralement ou avec des partenaires aux vues similaires, y compris par le biais du mécanisme de l’OSCE » tandis que Nikol Pachinian, rencontrait le coprésident français du groupe de Minsk, Brice Roquefeuil, qui s’était entretenu avec le MAE, Ararat Mirzoyan le 11 avril.

Le même jour, Maria Zakharova, porte parole du MAE russe, a annoncé que le coprésident russe du groupe de Minsk, Igor Khova, poursuivrait son travail en tant que nouveau « représentant spécial du ministère des Affaires étrangères pour la normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan » en rappelant que le 24 février dernier, la France et les États-Unis avaient rompu tout contact avec la Russie dans le cadre du groupe de Minsk. Le 15 avril, une discussion téléphonique a eu lieu entre les MAE arménien et russe afin de préparer la visite de Nikol Pachinian à Moscou les 19 et 20 avril prochain et, selon la partie russe, d’évoquer « les perspectives de conclure un accord de paix entre Erevan et Bakou avec le soutien de la Russie ».

11-14/04/2022 : Le différend entre l’Ukraine et la Géorgie au sujet de la visite à Boutcha semble se résoudre: le cas Mikheïl Saakashvili refait surface.

Le président du parti géorgien au pouvoir « Rêve géorgien », Irakli Kobakhidze, a annoncé le 11 avril plusieurs conditions à une visite officielle en Ukraine sur les lieux des crimes de guerre russes présumés à Boutcha et Irpin. A savoir la résolution des problèmes du rappel de l’ambassadeur ukrainien en poste en Géorgie, les allégations d’aide à la contrebande russe pour contourner les sanctions et enfin celui évidemment désigné comme « principal » et qui sous-tend la crise entre les deux pays : la présence au plus haut niveau du gouvernement ukrainien de dirigeants de l’opposition politique géorgienne qualifiée par lui de « radicale ».

Il a ainsi pointé le maintien à ses fonctions officielles de président du comité exécutif du Conseil national ukrainien de la réforme de l’ancien président géorgien Mikheïl Saakashvili, actuellement emprisonné en Géorgie. Il a également critiqué la présence de l’ancien ministre de la Justice Zourab Adeishvili au poste de conseiller du Procureur général en Ukraine ou celle de l’ancien vice-ministre de l’Intérieur Giorgi Lortkipandze au poste de chef adjoint du contre-espionnage ukrainien. Il a également affirmé que Davit Arakhamia, chef parlementaire du parti « Serviteur du peuple » de Volodymyr Zelenskyy et chef de la délégation ukrainienne pour les négociations de paix agissait comme intermédiaire entre les trois personnes et les hauts responsables ukrainiens.

Le 13 avril, le président du Parlement géorgien, Shalva Papuashvili, s’est dit finalement prêt à se rendre en Ukraine Boutcha et Irpin auprès de son homologue ukrainien Ruslan Stefanchuk, en affirmant qu’il avait eu un entretien avec lui au sujet de « l’agression russe en cours en Ukraine et l’avenir européen de [leurs] payset qu’il était convaincu qu’ “il y [avait] de la place pour résoudre tous les malentendus“.

En effet, suite aux accusations ukrainiennes à l’encontre de la Géorgie du 4 avril concernant l’accueil d’un « canal de contrebande de marchandises » à destination de la Russie, le secrétaire exécutif du parti au pouvoir « Rêve géorgien », Mamuka Mdinaradze, avait accusé le 6 avril l’Ukraine de mener une « guerre hybride » contre la Géorgie. Et le 8 avril, Shalva Papuashvili avait refusé l’invitation de son homologue ukrainien, Ruslan Stefanchuk, à se rendre en Ukraine en ces termes : « ce soutien [du peuple et du gouvernement géorgien à l’Ukraine] et le partenariat de nos pays ne méritent pas vraiment une tentative de hauts responsables ukrainiens de séparer le peuple géorgien et son gouvernement, la demande d’ouverture d’une seconde première ligne en Géorgie, des démarches diplomatiques infondées, des allégations sans fondement ou des accusations de profit du malheur des Ukrainiens, comme cela a été indiqué dans le discours précédent de mon collègue ». Le président de la Rada ukrainienne avait alors exprimé sa déception le 10 avril affirmant que l’emploi du terme « inapproprié » par son homologue concernant cette invitation le laissait « perplexe ».

Le 14 avril, le parti au pouvoir « Rêve géorgien » et les partis d’opposition se sont finalement mis d’accord pour un voyage conjoint en Ukraine à l’exception du parti « Mouvement National Uni » ou du parti « Droa » dont la présidente Elene Koshtaria a déclaré «aller à Boutcha avec le Rêve géorgien, avec des gens qui, après cette catastrophe, ont posé des conditions à l’Ukraine, qui ont bloqué l’avion pour les volontaires, qui ont qualifié le commerce avec la Russie d’opportunité, pour moi cela signifie être la dernière escroquerie ». Cette délégation est partie le 15 avril.

10/04/2022 : L’opposition remporte le premier tour des « élections présidentielles » en Ossétie du sud au grand dam d’Anatoli Bibilov.

Dans une course aux élections jugées « illégitimes » par les États-Unis et l’Union européenne, le « président » sortant Anatoli Bibilov qui a largement fait campagne sur le projet d’adhésion à la Fédération de Russie et sur le soutien à la guerre en Ukraine, se voit crédité de 34,95 % des voix (9706 suffrages) contre son rival du parti « Nykhas », Alan Gagloev, qui a obtenu 38,55 % des voix (10 707 suffrages).

Dans le cadre de la campagne d’Anatoli Bibilov des responsables russes s’étaient déplacés dans la république sécessionniste le 8 avril où ils s’étaient notamment rendus à une réunion au théâtre de Tskhinvali avec d’anciens « présidents » et membres du « groupe d’initiative » créé pour organiser un referendum sur l’adhésion à la Fédération de Russie. Avaient été remarqués le sénateur russe Alexandre Karelin, le chef de l’Ossétie du nord, Sergeï Menyailo, le chef de la Kabardino-Balkarie, Kazbek Kokov, le gouverneur de Stavropol Vladimir Vladimirov, le président du Parlement de KaratchaïevoTcherkessie, Alexander Ivanov et le membre de l’Assemblée fédérale russe, Taimuraz Mamsurov. Anatoli Bibilov avait déclaré à cette occasion : « Nous devons obtenir 2 000 signatures, mais nous en collecterons beaucoup plus. Nous devons montrer au monde entier que le peuple d’Ossétie du Sud est favorable à l’adhésion à la Russie ». Le deuxième tour des élections devrait avoir lieu le 28 avril prochain conformément à la décision prise par l’administration électorale.

12/04/2022 : 106ème réunion du Mécanisme de Prévention et de Réponses aux Incidents (MPRI) à Ergneti en Ossétie du sud.

La mission d’observation de l’UE, représentée par Marek Szczygiel, et l’OSCE, représentée par Viorel Mosanu, ont animé la 106ème réunion MPRI à Ergneti près de la ligne d’occupation d’Ossétie du sud le 12 avril en présence du représentant de l’Ossétie du sud Igor Kochiev. Ont à nouveau été abordées les questions de détention arbitraire, de « frontiérisation », la fermeture de points de passage et la situation dans la zone de Chorchana-Tsnelisi. Le point de passage d’Odzisi qui relie le district d’Akhagori à majorité géorgienne au reste de la Géorgie a particulièrement été débattu. Il a été demandé à la partie sud-ossète d’accorder une importance particulière à l’accès de la population aux cimetières et sites religieux durant les fêtes de la Pâques orthodoxe. Le détenu Valeri Kaniashvili devrait être libéré durant les prochains jours. De son côté, la partie sud-ossète a insisté sur les cas de « violations de la frontière d’État «  par les citoyens géorgiens ainsi que sur le poste de police de Chorchana-Tsnelisi dont elle a réitéré la demande de démantèlement.

15/04/2022 : Publication du questionnaire d’adhésion à l’UE par l’État géorgien.

Le 15 avril, suite aux demandes des partis d’opposition et des OSC qui ont fait appel au commissaire européen pour l’élargissement et le voisinage, Oliver Varelhy, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Ilia Darchiashvili, nommé le 4 avril, a annoncé la décision du gouvernement géorgien de rendre public le questionnaire d’adhésion à l’Union européenne qui lui a été remis le 11 avril au Luxembourg.

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