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VEILLE SUD-CAUCASE – du 26 mars au 1er avril 2022

26-28/03/2022 : Le ministère de la Défense azerbaïdjanais dément les dénonciations arméno-russes relatives à un empiétement azerbaïdjanais sur la zone de responsabilité des forces de maintien de la paix au Karabakh.

Suite aux incidents survenus en fin de semaine dernière dans les districts de Farrukh et de de Khramort au Karabakh, le ministère de la Défense russe a déclaré le 26 mars « d24 au 25 mars, les forces armées de la République d’Azerbaïdjan, violant les dispositions de la déclaration tripartite des dirigeants de la Russie, de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie en date du 9 novembre 2020, sont entrées dans la zone de responsabilité du contingent russe de maintien de la paix sur le territoire du Haut-Karabakh et mis en place un poste d’observationet a dénoncé “quatre frappes [qui ont été] effectuées par un véhicule aérien sans pilote de type Bayraktar-TB 2 sur des unités des formations armées du Haut-Karabakh dans la zone de la colonie FURUKH”. Il a ainsi informé d’une demande de retrait des troupes azerbaïdjanaise de la zone susdite. Le MAE azerbaïdjanais a répondu le jour même en exprimant ses « regrets concernant la déclaration unilatérale du ministère de la Défense de la Fédération de Russie […], ce qui [selon lui] ne reflète pas la réalité », en réclamant l’achèvement du retrait des « restes de l’armée arménienne et des détachements armés arméniens illégaux du territoire de l’Azerbaïdjan » et en rappelant qu’ « il n’y a pas d’unité administrative et territoriale appelée « Haut-Karabakh » sur le territoire d’Azerbaïdjan » et précisant que « le nom du village mentionné dans la déclaration n’est pas Furukh, mais Farrukh ».

Un nouveau bulletin des forces de maintien de la paix russe publié par le ministère de la Défense russe a fait état le 27 mars de deux violations du régime de cessez-le-feu par la partie azerbaïdjanaise dans la région d’Askeran qui se seraient soldées par deux blessés de chaque côté et a annoncé le retrait des forces armées azerbaïdjanaises de la zone de colonie Furukh. Trois colonnes auraient ainsi escortées dans le corridor de Latchin.

Ce bulletin a aussi fait l’objet d’un démenti du ministère azerbaïdjanais de la Défense le même jour qui a déclaré qu’« il n’y a eu aucun changement dans les positions de l’armée azerbaïdjanaise dans le village de Farrukh et dans les hautes terres environnantes, qui font partie du territoire souverain de l’Azerbaïdjan » et que « la déclaration du ministère russe de la Défense selon laquelle le cessez-le-feu aurait été violé par l’Azerbaïdjan est également fausse et aucun blessé n’a été signalé parmi les militaires azerbaïdjanais ». Il a également pointé un « manque de respect à l’intégrité territoriale de la République d’Azerbaïdjan reconnue et acceptée par la communauté internationale, y compris par la Fédération de Russie » en rappelant qu’ « il n’y [avait] pas d’unité administrative ou territoriale appelée “Haut-Karabakh” sur le territoire de l’Azerbaïdjan ».

Le communiqué de presse du MAE arménien du 28 mars, accompagné de cartes établies par le contingent russe, selon lequel « l’incursion d’unités azerbaïdjanaises dans le Haut-Karabakh dans la zone de responsabilité du contingent russe de maintien de la paix se poursuit » et que « la carte montrant la situation à 9 heures du matin le 28 mars 2022 montre que [trois] positions azerbaïdjanaises sont situées dans la zone de responsabilité du contingent russe de maintien de la paix au Haut-Karabakh » a également fait l’objet d’un commentaire rejetant « catégoriquement la déclaration fausse et fabriquée du ministère arménien des Affaires étrangères » à ce sujet et déclarant que « c’est l’Arménie qui poursuit ses revendications territoriales claires contre l’Azerbaïdjan dans la phase post-conflit » et qu’elle « continue d’envoyer des troupes dans la région via le corridor de Latchin » et précisant que « la demande exprimée par la partie azerbaïdjanaise ne s’adresse pas aux citoyens d’origine arménienne vivant dans la région du Karabakh de notre pays, mais aux restes d’unités militaires arméniennes illégales qui doivent être retirées de la région, comme envisagée par la déclaration tripartite ».

Le 27 mars, l’Ambassadeur d’Azerbaïdjan en France, Rahman Mustafayev, a déclaré : «le contrôle de la hauteur de Farrukh (Fərruh, se trouve dans la route Khankendi-Askeran-Aghdam) par l’armée d’Azerbaidjan revêt une importance capitale par rapport aux objectifs de sécuriser la ville d’Aghdam et de contrôler les autoroutes Khankendi-Khojaly-Askeran et Khankendi-Aghdere ».

La déclaration du département d’État américain en date du 25 mars faisant état de préoccupations concernant « les mouvements de troupes azerbaïdjanaises » ont aussi fait l’objet d’une déclaration critique du MAE azerbaïdjanais le lendemain dénonçant le fait que « malheureusement, les États-Unis, en tant que coprésident de l’OSCE Minsk groupe, n’a pris aucune mesure efficace pour mettre fin à l’agression militaire de l’Arménie contre l’Azerbaïdjan, qui dure depuis près de 30 ans » et qu’il était « irresponsable pour un fonctionnaire du Département d’État américain de faire une telle déclaration sur la base d’une fausse propagande arménienne ».

27/03/2022 : Désaccord arméno-azerbaïdjanais sur les causes de la rupture de fourniture de gaz au Karabakh.

La société Azerigaz a expliqué par voix de communiqué le 27 mars que « la défaillance des lignes de distribution de gaz sur le territoire de la région économique du Karabakh, qui fonctionnent depuis de nombreuses années sans entretien, a causé des problèmes d’approvisionnement en gaz » et évoqué également les chutes de neige compliquant l’intervention de ses employés. Elle a annon un rétablissement de l’approvisionnement à Khankendi et ses alentours pour le 28 mars aux fins de test avant un rétablissent définitif le 29 mars.

La société Artsakhgaz a dénoncé en réponse une « désinformation à caractère provocateur, dont le but insidieux est de profiter de la situation difficile actuelle et d’induire en erreur les Arméniens d’Artsakh et la communauté internationale » expliquant que « le gaz naturel est fourni au territoire de la République d’Artsakh par un seul gazoduc en provenance du territoire de la République d’Arménie, le fournisseur est Gazprom Armenia, qui est une filiale à 100% de Gazprom » et que « par conséquent, […] SOCAR, ou sa filiale Azerigaz mentionnée dans le communiqué, ne peut être impliquée dans le processus d’approvisionnement en gaz de la République d’Artsakh. Une telle situation est impensable même d’un point de vue technique ou géographique ». Le MAE de « l’Artsakh » a confirmé le 29 mars la reprise de la fourniture en gaz de la région.

Le 1er avril, des représentants de la société Azerigaz ont tenu une conférence de presse durant laquelle ils ont déclaré : « Les villes de Khankendi, Choucha Aghdam et Fizouli font partie de la zone économique du Karabakh. Les terres libérées sont le territoire souverain de l’Azerbaïdjan et tout travail sur l’infrastructure, en particulier l’infrastructure gazière, ne peut être effectué que par les structures compétentes de l’Azerbaïdjan ».

27/03/2022 : Le Procureur général de l’Azerbaïdjan lance une procédure pénale contre un membre de la Douma.

Le 27 mars, Mikhail Delyagin, vice-président du Comité de politique économique de la Douma, a qualifié l’Azerbaïdjan de « satellite des Américains » et de « mandataire turc » en déclarant « Si nous ne punissons pas directement et sévèrement l’Azerbaïdjan pour cela, pourquoi avons-nous besoin de l’industrie pétrolière et gazière azerbaïdjanaise ? Nous n’en avons pas besoin. Si les gens ne comprennent pas les mots, alors nous devons peut-être agir » suite à quoi il a publié un sondage via son compte Telegram pour demander s’il serait justifié de « détruire l’industrie pétrolière azerbaïdjanaise avec une arme nucléaire ». Condamnée par les autorités russes, notamment Dimitri Peskov, porte parole du Kremlin ou Maria Zakharova, porte parole du MAE, cette démarche a aussi fait l’objet le 30 mars du lancement d’une procédure pénale pour « appels ouverts à déclencher une guerre d’agression » par le bureau du Procureur général azerbaïdjanais qui a déclaré que ce député de la formation « Une Russie juste – Patriotes – Pour la vérité » avait été inscrit sur la liste internationale des personnes recherchées d’Interpol.

29/03/2022 : Ouverture du Centre médiatique du « ministère des Affaires étrangères » de l’Abkhazie en compagnie de la rédactrice en chef de Russia Today.

Le 29 mars, Aslan Bzhania, « président de la République » d’Abkhazie a officiellement inauguré le centre médiatique du « ministère des Affaires étrangères » à Sokhoumi, qui doit fonctionner « avec le soutien du Département de l’information et de la presse du ministère russe des Affaires étrangères, ainsi que des agences de presse russes », en compagnie de Margarita Simonian, rédactrice en chef de Russia Today qui a déclaré : « Nous savons que les citoyens d’Abkhazie participent maintenant à une opération spéciale avec la Russie. Nous leur en sommes très reconnaissants». A cette occasion le MAE abkhaze a déclaré : « Nous vivons à l’ère de l’information et nous sommes tous témoins du rôle énorme qu’elle joue aujourd’hui. Un support d’informations correctement vérifiées est un outil indispensable pour étendre la reconnaissance internationale de notre pays, en renforçant son image internationale positive. À cet égard, l’ouverture du centre des médias est d’une grande importance et contribuera à résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté aujourd’hui ».

30/03/2022 : Rencontre des représentants azerbaïdjanais et arménien à Bruxelles facilitée par le représentant spécial de l’Union européenne pour le sud-Caucase, Toivo Klaar.

Le 30 mars, Hikmet Hadjiyev, conseiller du président de la République d’Azerbaïdjan, et Armen Grigorian, secrétaire du conseil de sécurité arménien, se sont rencontrés à Bruxelles de façon séparée et également en compagnie de Toivo Klaar, représentant spécial de l’UE pour le sud-Caucase, afin de préparer une rencontre entre le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, et le président du Conseil européen, Charles Michel, qui devrait avoir lieu le 6 avril prochain. A cette occasion, ils ont abordé l’ensemble des questions relatives au suivi des accords conclus lors de la réunion des dirigeants des deux pays et du Président Charles Michel à Bruxelles le 14 décembre dernier, ainsi que celles liées à la perspective d’un accord de paix entre eux.

La veille, le MAE azerbaïdjanais avait déclaré que : « la principale raison de l’escalade des tensions dans la région [était] le manquement de l’Arménie à ses obligations » en rappelant que « l’humanité [n’avait] pas encore développé de meilleurs moyens de dissuasion internationale que le droit international » et que la « partie azerbaïdjanaise [avait] proposé de signer un accord de paix avec l’Arménie au plus haut niveau il y a un an, et [avait] exprimé il y a un mois des principes précis sur lesquels l’accord devrait être fondé » en réponse aux déclarations du service de presse du Premier ministre arménien du 28 mars, faisant suite à la réunion du conseil de sécurité arménien, déclarant que « la République d’Azerbaïdjan, en essayant de trouver des justifications imaginaires, [ouvrait] la voie à de nouvelles provocations et attaques en direction du Haut-Karabakh » et qu’« ‘il était nécessaire de lancer des mécanismes internationaux d’endiguement pour empêcher une nouvelle escalade militaire et un nettoyage ethnique dans la région ».

29-30/03/2022 : Découverte présumée de nouveaux restes humains au Karabakh.

Plusieurs médias azerbaïdjanais ont fait état le 29 mars de restes humains découverts lors de travaux d’excavation et d’ingénierie menés par l’armée azerbaïdjanaise dans le village de Farrukh dans le district de Khojaly. Ceux-ci pourraient appartenir à des personnes tuées dans la nuit du 25 au 26 février 1992 durant le massacre de Khodjaly. Plusieurs restes humains auraient été découvert dans trois endroits différents le lendemain. La piste de soldats azerbaïdjanais morts lors de la bataille du Mont Farrukh a également été évoquée. Un communiqué de la commission d’État sur les captifs, les otages et les personnes disparues a publié le 31 mars un liste de 62 militaires disparus lors de la bataille de Farrukh tout en mentionnant 46 militaires supplémentaires disparus à Khodjaly. A été annoncée l’intervention à venir d’une équipe de spécialistes devant mener des recherches et des exhumations dans la région compte tenu de « la possibilité de fosses communes ».

30/03/2022 : Le “président de la République” sud-ossète se prononce officiellement pour une intégration à la Fédération de Russie.

Au cours d’une allocution vidéo spéciale, Antoni Bibilov, « président de la République » de l’Ossétie du sud, qui est actuellement en campagne électorale pour le scrutin du 10 avril prochain, et alors que l’état major des forces armées ukrainiennes a annoncé que envoyé jusqu’à 1200 soldats russes et ossètes depuis la 4ème base militaire d’Ossétie du sud, a délivré un discours le 30 mars durant lequel il s’est officiellement prononcé pour l’intégration de la région à la Fédération de Russie en expliquant que « le principal objectif historique et stratégique du peuple ossète, un peuple divisé, est de s’unir dans le cadre d’un seul État. Cet état est la Fédération de Russie ». Il a ainsi déclaré que « le monde russe défend aujourd’hui les intérêts de ceux qui s’y sont engagés, de ceux qui s’opposent au nazisme et respectent les valeurs humaines universelles ainsi que les droits fondamentaux et les normes acceptées par l’ensemble de la communauté internationale ». Il a aussi assuré que l’Ossétie du sud prendrait «les mesures légales correspondantes dans un proche avenir ». « La République d’Ossétie du sud fera partie de sa patrie historique, la Russie » a-t-il ajouté.

Le même jour, Leonid Kalachnikov, président de la commission de la Douma sur les affaires de la CEI, l’intégration eurasienne et les relations avec les compatriotes, a déclaré que : «  L’Ossétie du Sud [pouvait] exprimer son désir de faire partie de la Fédération de Russie, et sur le plan juridique, cela [était] tout à fait possible ». «En tout cas, rien ne changera pour la Russie, qui aujourd’hui protège et maintient en grande partie cette république, et peut-être même s’améliorera-t-elle économiquement a-t-il ajouté. Andrei Klimov,  sénateur et chef adjoint de la commission Russie unie sur la coopération internationale, a quant à lui, expliqué : «  lorsque toutes les formalités légales sont remplies, il n’y a pas d’obstacles juridiques pour réaliser le vieux rêve des habitants de L’Ossétie du Sud [qui] va faire partie de la Fédération de Russie. Nous attendons que ces procédures soient achevées. De notre côté, toutes les questions juridiques nécessaires ont été résolues il y a 20 ans […] Pour cela, l’essentiel est l’expression de la volonté du peuple ossète. Cela peut se faire par référendum ». Le président du « Parlement d’Ossétie du sud », Alan Tadtaev, a déclaré le même jour que « la question de la tenue d’un référendum, qui aura lieu dans un proche avenir, [était] en cours d’élaboration ».

Le lendemain 31 mars , le « président de la République d’Abkhazie », Aslan Bzhania, a déclaré saluer « le désir du peuple d’Ossétie du Sud de se réunir avec l’Ossétie du Nord dans le cadre de l’État russe » tout en ajoutant « nous sommes convaincus que cette étape répond pleinement aux intérêts des sud-Ossètes. […] L’Abkhazie indépendante souveraine construit et continuera à construire des relations avec la Russie alliée fraternelle dans le strict respect du traité du 24 novembre 2014 ». Ainsi, Sergeï Shamba, chef du conseil de sécurité de l’Abkhazie, a déclaré que l’Abkhazie restait, quant à elle, favorable à l’indépendance en affirmant : « Il n’y a pas de tels sentiments dans la société. Nous avons payé le prix fort pour l’indépendance… Je ne connais aucune force politique en Abkhazie, aucun parti ou mouvement social qui procéderait d’une telle possibilité de renoncer à l’indépendance ».

Le même jour, le MAE géorgien, David Zalkaliani, s’est exprimé à Tbilissi sur ce sujet lors d’une conférence de presse en compagnie de son homologue danois, Jeppe Kofod, jugeant « inacceptables » les pourparlers sur un éventuel referendum en rappelant que « l’évaluation juridique [de l’occupation des territoires géorgiens] est contenue dans la décision de la Cour européenne des droits de l’homme, qui dit qu’il y a une occupation ». « Aucun référendum n’aura d’effet juridique dans les conditions d’occupation, en particulier lorsque des centaines de milliers de nos concitoyens sont expulsés de chez eux à la suite d’un nettoyage ethnique et ne sont pas autorisés à y retourner […] Nous voulons partager les bénéfices de l’intégration européenne avec nos frères et sœurs qui vivent de l’autre côté de la ligne d’occupation. C’est notre contribution à la politique de paix, à laquelle la Géorgie reste attachée », a-t-il déclaré. 

Jeppe Kofod a, quant à lui, déclaré en commentaire du communiqué de presse : « Aujourd’hui, alors que la région occupée de Tskhinvali prévoit d’organiser un référendum, nous sommes aux côtés de la Géorgie. Alors qu’un autoritarisme très dangereux monte dans le monde et que la Russie mène une guerre contre l’Ukraine, et que les troupes russes sont toujours stationnées dans les territoires occupés de la Géorgie, l’Occident soutient fermement la Géorgie et tous les pays qui adhèrent aux règles et valeurs internationales. Nous devons arrêter la Russie. Les pays démocratiques et le monde démocratique sont solidaires ».

Ned Price, porte parole du département d’État américain, a quant à lui déclaré : « Tout comme les États-Unis n’ont pas reconnu la saisie illégale et la tentative d’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et tout comme nous n’avons pas reconnu la tentative cynique du Kremlin de reconnaître l’indépendance des soi-disant RPD et RPL dans l’est de l’Ukraine, juste avant qu’il ne lance son invasion non provoquée de l’Ukraine, nous ne reconnaîtrons les résultats d’aucun effort de la Russie ou de ses mandataires pour diviser le territoire souverain géorgien ».

Cette initiative a aussi fait l’objet des critiques de l’ancien « président de la République sud-ossète », Edouard Kokoïty, qui a déclaré : « Seuls les gens faibles en politique peuvent dire que l’Ossétie du Sud devrait faire partie de la Russie. L’Ossétie a fait son choix et la Russie a reconnu son statut d’État. Il faut tenir compte de l’avis de la Fédération de Russie, et ne pas jouer à des jeux populistes. L’Ossétie fait déjà partie de facto de la Russie. Aujourd’hui, nous devons profiter de l’occasion pour renforcer l’État et nous développer ».

30/03/2022 : Le président en exercice de l’OSCE, Zbigniew Rau, en visite à Tbilissi avant de se rendre à Bakou et à Erevan.

Zbigniew Rau, président en exercice de l’OSCE et MAE polonais s’est rendu à Tbilissi le 30 mars afin de rencontrer la présidente Salomé Zourabichvili, le Premier ministre Irakli Garibashvili et le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères David Zalkaliani. Il s’est également rendu sur la ligne de contact avec l’Ossétie du Sud près d’Odzisi en compagnie de la Mission de Surveillance de L’UE (EUMM). L’accent a été mis sur l’importance d’une coprésidence efficace du mécanisme de prévention et de réponse aux incidents (MPRI). Il a également réaffirmé son soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de la Géorgie ainsi qu’à l’intégration européenne et euro-atlantique du pays. Lors de sa conférence de presse conjointe avec le MAE géorgien, il a déclaré : « l’agression non provoquée de la Russie contre l’Ukraine et les actions destructrices contre plusieurs autres pays de l’espace de l’OSCE, la Géorgie étant l’un des exemples les plus visibles, sont clairement une tentative de redessiner avec force les frontières en Europe ». Le lendemain, Zbigniew Rau était en visite à Bakou où il a rencontré le président de la République, Ilham Aliev. Il a également rencontré le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, le 1er avril.

30/03/2022 : Retraite des soldats sud-ossètes depuis l’Ukraine.

Une chaîne Telegram ainsi qu’un blogueur originaire d’Ossétie du sud ont révélé le 30 mars le retour de plusieurs militaires du théâtre d’opération ukrainien. Environ 300 des 1200 soldats servant dans la 4e base militaire sous le commandement russe et déployés en Ukraine depuis le 20 mars seraient ainsi revenus par leurs propres moyens, en auto-stop, empruntant le tunnel de Roki depuis l’Ossétie du nord, pensant « avoir été laissés pour mort lors d’une opération spéciale en Ukraine » selon le blogueur. L’ancien dirigeant de l’Ossétie du sud, Edouard Kokoïty, avait déclaré le 23 mars à l’encontre de son successeur que « L’attitude des autorités envers nos soldats [avait] choqué tout le peuple ossète ». A leur retour, il a aussi déclaré : «  personne n’a le droit de condamner ces gars ou de les accuser de lâcheté. […] Il est nécessaire de comprendre les causes profondes de ce qui s’est passé et de savoir comment leur participation a été organisée […] d’enquêter attentivement sur la situation lorsque des soldats sont envoyés dans des opérations de combat sans tenue complète ni stocks d’armes, de vêtements chauds et de protection équipement ».

31/03/2022 : Discours du Premier ministre arménien au sujet du processus de résolution du conflit du Karabakh.

Le 31 mars, Nikol Pachinian, le dirigeant arménien a prononcé un long discours au sujet de l’aggravation des tensions frontalières au Karabakh avant la réunion du cabinet des ministres à Erevan. Il a ainsi dénoncé une tentative de l’Azerbaïdjan de « légitimer une attaque à grande échelle contre le Haut-Karabakh et la République d’Arménie ». Il a fait état de « désinformations » de la partie azerbaïdjanaise jugée « scandaleuses » notamment concernant l’envoi de quatre avions de combat arménien SU-30 SM à la Russie pour servir en Ukraine ou le transit de combattants étrangers via l’Arménie. Il a réaffirmé la volonté de l’Arménie de signer un accord de paix avec son voisin tout en soulignant la nécessité que « la question des droits des Arméniens du Haut-Karabakh [doive] être abordée dans le cadre d’un règlement global ».

Il a aussi réaffirmé la légitimité de l’utilisation du terme « Haut-Karabakh » en ces termes : « Pourtant, l’utilisation de ce nom est sans équivoque légitime, logique, entre autres, car la déclaration trilatérale du 9 novembre utilise clairement les termes “Haut-Karabakh” et “conflit du Haut-Karabakh ». Il a accusé la partie azerbaïdjanaise de faire « des interprétations arbitraires de la déclaration trilatérale du 9 novembre » notamment concernant « le retrait de l’Armée de défense du Haut-Karabakh » qui n’apparaîtrait pas dans le document, ainsi que « la politique de l’Azerbaïdjan consistant à retirer tout ce qui est arménien du Haut-Karabakh, y compris les églises millénaires, les khachkars et les inscriptions ». « Les événements de Parukh montrent que les Arméniens du Haut-Karabakh doivent être protégés, sinon ils deviendront victimes d’un génocide » a-t-il ajouté. Il a fait état de ses attentes vis à vis du contingent de maintien de la paix russe, à savoir « qu’il prenne des mesures concrètes pour assurer le retrait des troupes azerbaïdjanaises de la zone de responsabilité des soldats de la paix et pour rétablir le statu quo établi par la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 ».

Concernant le projet de corridor du Zanguezour, il a déclaré : « la comparaison du corridor de Lachin avec la route à ouvrir à travers le territoire de l’Arménie est inacceptable, car la déclaration du 9 novembre n’envisage l’existence d’aucun corridor à travers le territoire de l’Arménie et l’Arménie n’a pas accepté et n’acceptera aucune logique de corridor, mais nous sommes prêts à ouvrir la route et le chemin de fer dans le cadre de nos propositions ».

Le même jour, le président russe, Vladimir Poutine, s’est entretenu au téléphone avec ses homologues arménien et azerbaïdjanais. Les parties ont renouvelé leur accord sur mise en œuvre des déclarations trilatérales des 9 novembre 2020, 11 janvier 2021 et 26 novembre 2021. Nikol Pachinian a fait état, à cette occasion, de « détails sur les actions de l’Azerbaïdjan visant à intimider les habitants des villages du Haut-Karabakh avec des haut-parleurs et à exercer une pression psychologique » et a fait part de ses attentes en la matière.

Recep Tayyip Erdogan, le président turc, a déclaré le même jour que « la chose la plus importante est d’assurer le retrait complet des éléments armés illégaux arméniens du territoire internationalement reconnu de l’Azerbaïdjan conformément aux dispositions de la déclaration trilatérale ».

31/03/2022 : Choucha déclarée « capitale culturelle du monde turc ».

Lors d’une réunion du Conseil permanent de l’Organisation internationale de la culture turque, réunissant les ministres de la Culture des États membres, la ville de Choucha au Karabakh a été déclarée « capitale culturelle du monde turc ».

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