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VEILLE RUSSIE – du 28 janvier au 3 février 2023

Equipe de veille Russie: Olga Schevchuk, Arnaud Huss, Nicolas Girard, Corentin DelonAnastasia K.Erwann Leyral, Emeline Palvany, sous la direction d’Ilinka Léger et d’Enzo Padovan.

30/01/2023 : Selon l’OTAN et les autorités ukrainiennes, la Russie prépare une nouvelle grande offensive en Ukraine – Anastasia K. 

Le 30 janvier, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, a affirmé que le gouvernement russe montrait des signes d’escalade de la guerre en Ukraine. Le secrétaire a précisé qu’une mobilisation massive (plus de 200 000 soldats) était en cours en Russie, des propos relayés sur le site de l’OTAN. L’État russe aurait notamment augmenté sa production d’armes et de munitions, qu’il acquiert également auprès des États «autoritaires» comme l’Iran et la Corée du Nord. Cette dernière fournirait déjà du matériel au groupe paramilitaire russe Wagner. Dans son bilan quotidien sur la situation en Ukraine, le ministère de la Défense britannique annonce que les ressortissants kirghizes ayant un passeport russe sont interdits de quitter le territoire de la Fédération sous prétexte que leurs noms figurent sur les listes des mobilisés. Les auteurs de la publication supposent que les autorités russes chercheraient des voies alternatives à la mobilisation classique afin d’atténuer le mécontentement de la population. Par ailleurs, le ministère russe de la Défense a affirmé que toute «formation de volontaires» souhaitant combattre sera fournie d’équipements nécessaires et pourra recevoir une aide médicale aux frais de l’Etat.

Du côté ukrainien, le secrétaire du Conseil de la défense et de la sécurité Oleksiy Danilov a déclaré qu’une nouvelle grande offensive semblable à celle du 24 février 2022 serait à craindre dans les prochains mois, qui seront décisifs pour l’issue de la guerre. Dans cette optique, de nombreux États fournissent une aide militaire conséquente à l’Ukraine, que le président russe Vladimir Poutine dénonce : «Les chars allemands nous menacent à nouveau». Cependant, cette offensive pourrait débuter avant que la livraison du matériel européen et américain soit réalisée, précise le média Bloomberg.

31/01/2023 : Réunion de travail sur la résilience des économies des États membres de l’Union économique eurasienne à Moscou – Erwann Leyral

Le 31 janvier, dans un compte rendu publié sur le site officiel du ministère du Développement économique russe, Maxim Reshetnikov a déclaré que «Les échanges mutuels entre les pays de l’UEE pour les 11 mois de 2022 [avaient] augmenté de plus de 13 %, pour atteindre près de 74 milliards de dollars». Cette déclaration a été émise pendant une réunion du groupe de travail de haut niveau sur la garantie de la résilience des économies des États membres de l’Union économique eurasienne, à laquelle participait le ministre du Développement économique de la Fédération de Russie. Cette réunion au cours de laquelle «plus de 25 questions ont été débattues» avait notamment pour objectif d’identifier «les priorités pour 2023». Elle a donc abouti sur l’adoption de plus de 60 actes. Ce développement des relations économiques entre Moscou et ses partenaires de l’UEE (Union Economique Eurasienne) semble aussi avoir vocation à contrer les sanctions économiques qui pèsent sur la Russie.

Maxim Reshetnikov a ainsi déclaré que «Malgré les sanctions, le volume des investissements étrangers et des investissements au sein des pays de l’UEE [avait] augmenté de 5,3 %». Un terme de «résilience» qui semble adapté à la situation économique russe. En effet, en dépit d’une augmentation du prix de nombreuses denrées au sein de la Fédération, le Fond Monétaire International projette pour celle-ci une croissance de 0,3% en 2023 et 2,1% en 2024, contre 1,6% au sein de la Zone euro. Les pays d’Asie centrale (combinés avec ceux du Moyen-Orient) pourraient, eux, viser une croissance de 3,2% dès 2023. Enfin, bien que la matière première principale abordée dans cette réunion était le bois, les revenus des hydrocarbures exportés par la Russie ne semblent pas avoir été diminués par les sanctions, selon les chiffres de l’institut Bruegel. Ces derniers furent publiés dans une émission de la chaîne française LCI, le 1er février 2023.

01/02/2023 : La porte-parole du Ministère des Affaires étrangères russe remercie la Corée du Nord pour son soutien – Enzo Padovan

Le 1er février, Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères russe, a tenu à remercier la Corée du Nord pour son soutien sur la scène internationale. Pour rappel, Kim Yo-jong, sœur du dirigeant suprême Kim Jong-un, avait publié la semaine précédente un communiqué, dans le média gouvernemental Korean Central News Agency. Cette déclaration condamnait les livraisons de chars américains à l’Ukraine, indiquait que les Etats-Unis livraient «une guerre par procuration pour détruire la Russie». Ce message de soutien n’est pas passé inaperçu au Kremlin ; l’agence de presse TASS a rapporté les propos de Maria Zakharova, qui considère le point de vue de Pyongyang comme une «position parfaitement raisonnable». «Vous savez, c’est un jugement très réaliste des actions de Washington et de ses satellites, pour aggraver davantage le conflit ukrainien», ajoute-t-elle d’ailleurs.

Ainsi, selon le gouvernement russe, la Corée du Nord constitue un allié fidèle sur la scène internationale. Cela s’était déjà confirmé par le passé ; en octobre 2022, un tweet du média UN News revenait sur la condamnation par les Nations Unies des référendums ayant eu lieu dans les régions occupées d’Ukraine. Pyongyang figurait alors parmi les cinq uniques Etats ayant voté contre cette condamnation. De plus, le journal anglophone The Moscow Times se penchait sur les échanges houleux entre la Corée du Nord et les Américains, ces derniers ayant accusé Kim Jong-un de fournir des armes à la Russie. Malgré les dénégations du dirigeant nord-coréen, les tensions restent fortes entre les différentes nations impliquées.

01/02/2023 : Les habitants de Volgograd s’opposent au changement de nom de leur ville en Stalingrad – Nicolas Girard 

Le 01 février, le Centre panrusse d’étude de l’opinion publique a présenté les résultats d’une enquête menée auprès des habitants de la ville de Volgograd pour un éventuel retour au nom de Stalingrad, qu’elle a porté de 1925 à 1961, rapporte The Moscow Times. À l’occasion du 80ème anniversaire de la fin de la bataille de Stalingrad (11 juillet 1942-2 février 1943), la possibilité d’un retour au nom de Stalingrad a été très discutée. D’après les résultats de l’enquête publiée sur le site de l’organisme de sondage, 26% des personnes interrogées se sont exprimées en faveur d’un retour de Stalingrad (67% étaient contre). Seulement 7% des personnes interrogées ont expliqué s’y opposer en raison de la référence à Staline lui-même et à ses actes.

Depuis de nombreuses années, la figure contestée de Staline est réhabilitée en Russie. Comme l’explique Tatiana Kastouéva-Jean, chercheuse à l’Institut Français des Relations Internationales, les atrocités commises durant la période stalinienne (purges, goulags, déportations, famines) sont au mieux minimisées, au pire oubliées et masquées.  La mémoire historique sur le stalinisme en Russie préfère se concentrer sur les victoires militaires du «Petit Père des peuples» et les avancées technologiques permises par l’industrialisation forcée (conquête spatiale, arme nucléaire).

En Occident à l’inverse, Staline a été qualifié de dictateur totalitaire à l’instar d’Hitler notamment sur la base des travaux de Hannah Arendt sur les totalitarismes, ce qui a toujours été rejeté en Russie. Actuellement, alors que le Kremlin utilise une rhétorique issue de la Seconde guerre mondiale pour justifier de l’opération militaire en Ukraine («dénazification») la figure de Staline connaît une réhabilitation bienvenue en Russie.

01/02/2023 : La Russie s’inquiète d’une livraison potentielle d’armes israéliennes à l’Ukraine – Arnaud Huss

Le 1er février, la Russie a averti les autorités israéliennes qu’elle se positionnait contre la livraison potentielle d’armes à l’Ukraine. Selon le Moscow Times, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a affirmé envisager apporter une aide militaire à l’Ukraine, qui concernerait des systèmes de défense anti-aériens et anti-missiles. Pendant un briefing donné par la porte-parole du Kremlin aux journalistes le 1er février, Maria Zakharova, et publié sur le site internet du ministère, cette dernière a cependant déclaré : «Nous disons que tous les pays qui fournissent des armes à l’Ukraine doivent comprendre que nous considérerons ces armes comme des cibles légitimes pour les forces armées russes».

Le Moscow Times souligne par ailleurs que, depuis le début du conflit, Israël avait choisi une voie prudente sur la livraison d’armes à l’Ukraine, préférant garder un statut de neutralité et avait essayé de se positionner en médiateur entre la Russie et l’Ukraine. Selon le journal en ligne israélien The Times of Israël, la position israélienne est notamment due au fait que le pays compte plus d’un million de citoyens originaires de pays de l’ex-Union soviétique. Selon l’agence de presse gouvernementale russe TASS, la récente décision de délivrer une aide militaire israélienne à l’Ukraine est motivée notamment par la coopération russo-iranienne dans le conflit Ukrainien (fourniture de drones alléguée, mais contestée par Téhéran et Moscou).

02/02/2023 : Le ministère des Sciences et de l’Education russe annonce l’obligation de suivre un cours sur l’Histoire de la Russie pour tous les étudiants russes – Ilinka Léger

Le 2 février, le ministère des Sciences et de l’Education russe (Минобрнауки) a révélé via son site internet l’adoption d’un document officiel nommé “Protocole pour l’enseignement de l’histoire russe pour les spécialités et domaines d’études non historiques dans les établissements d’enseignement supérieur”. A partir du 1er septembre 2023, les universités russes seront ainsi tenues d’organiser un cours d’Histoire de la Russie pour tous les étudiants dont la spécialité ne contient pas d’enseignement historique. Le programme de ce cours sera commun à tous les établissements, couvrant l’époque de la Rus’ du IXe siècle jusqu’à la guerre en Ukraine, selon le journal russe Kommersant. La dimension politique de cette décision est assumée par le ministre de l’Éducation supérieure, Valeri Falkov, qui a déclaré que «L’histoire, en tant que science et discipline universitaire, façonne l’attitude de la société à l’égard de son passé, enseigne une nouvelle façon de voir le présent et façonne une vision holistique du monde. Les universités ont toujours eu pour mission de préparer des citoyens patriotes de leur pays». En outre, la réunion d’adoption du protocole a été marquée par la présence de Sergueï Narichkine, en qualité de représentant de la Société d’Histoire russe, mais qui est avant tout connu pour occuper le poste de directeur du Service des renseignements extérieurs russes.

03/02/2023 : L’Autriche a annoncé l’expulsion de quatre diplomates russes — Emeline Palvany

Le 3 février, le ministère des Affaires étrangères autrichien a annoncé l’expulsion de quatre diplomates russes jugeant leur «actes incompatibles avec leur statut diplomatique». Ainsi, le communiqué explique que les quatre diplomates concernés sont considérés comme «personae non gratae en vertu de l’article 9 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques» et doivent quitter le territoire de la République d’Autriche dans un délai d’une semaine au plus tard, soit avant la fin du 8 février 2023. Aucun détail supplémentaire ne devrait être livré à la presse,  a relayé l’agence de presse TASS. L’Autriche, pays qui marquait une certaine neutralité vis-à-vis de la Russie, voit depuis le début de la guerre en Ukraine une distanciation de ses relations diplomatiques avec le Kremlin.

 

 

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