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VEILLE IRAN – Du 19 novembre au 25 novembre 2022

Équipe de veille géopolitique Iran / Pakistan / Afghanistan : Daniel Marco, Mehrad Abedisagha et Jérémie Patot.

21/11/2022 : Coupe du monde 2022 : Avant leur match contre l’Angleterre, les joueurs iraniens choisissent de protester contre le régime en refusant de chanter l’hymne national. -Daniel Marco-

Le 21 novembre, l’équipe de football iranienne a décidé de ne pas chanter l’hymne national lors de son match inaugural de la Coupe du monde contre l’Angleterre, en signe de résistance, de bravoure et de solidarité avec les militants anti-gouvernementaux, rapporte The Independant

La protestation des athlètes est intervenue après plusieurs semaines de manifestations violentes en Iran, déclenchées par le décès de Mahsa Amini lors de sa garde à vue en septembre 2022.  L’hymne, qui souligne son désir de voir la République islamique perdurer à jamais, a été noyé par les huées des supporters de l’équipe iranienne au stade international Khalifa. Les mots «Femme, Vie, Liberté» ont été imprimés sur un drapeau qu’un groupe de supporters iraniens a produit dans les tribunes, décrit The Mirror. 

The Guardian note que compte tenu de l’intense pression qu’ils avaient subie pour rester à l’écart de la révolution iranienne, qui, selon les organisations de défense des droits de l’homme, a fait plus de 450 morts et plus de 15 000 arrestations, l’acte courageux des joueurs a été d’autant plus impressionnant. ​​Toutefois, si les autorités décident de les prendre en exemple, le geste de l’équipe iranienne pourrait leur valoir de nombreux problèmes dans leur pays. L’opposition politique est un crime en Iran et l’un des délits passibles de la peine de mort. Depuis le début de la révolte en septembre, 21 manifestants ont déjà été condamnés à mort à l’issue de procès bidons, informe The Sun

De nombreux sportifs iraniens ont manifesté leur soutien aux militants anti-hijab depuis la mort de Mahsa Amini. Le 8 novembre, l’équipe masculine de water-polo d’Iran a refusé de chanter l’hymne national lors des Championnats asiatiques de water-polo 2022.

21/11/2022: L’Iran bombarde à nouveau des positions d’opposants au Kurdistan irakien. -Jérémie Patot-

Dans la nuit du dimanche au lundi, l’Iran a lancé de nouvelles frappes contre des opposants kurdes iraniens sur le territoire irakien, une semaine après des frappes similaires. 

Mehr News Agency rapporte que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a annoncé dans un communiqué qu’il renforçait ses forces dans la région du nord-ouest de l’Iran pour faire face aux mouvements de groupes terroristes séparatistes. 

Dès le lundi, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) et la mission de l’ONU en Irak ont condamné ces frappes, respectivement dans un communiqué et sur Twitter. Jeanine Hennis-Plasschaert, chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Irak (MANUI), a qualifié, mardi, les attaques iraniennes d’«intolérables». 

Selon RFERL, Téhéran a demandé au Conseil de sécurité des Nations unies de fermer les quartiers généraux des groupes kurdes iraniens basés en Irak et de les désarmer pour leurs « actions subversives » contre l’Iran. Dans un article datant du 24 novembre, Tasnim News relaie la lettre de la mission diplomatique iranienne à l’ONU au Conseil de Sécurité, justifiant les frappes par «le droit inhérent à l’autodéfense». 

Selon Al Mayadeen, le gouvernement irakien a pris la décision de planifier un redéploiement de forces armées le long des frontières avec l’Iran et la Turquie. La décision prise par Bagdad s’est faite mercredi et suite aux récentes attaques menées par Ankara et Téhéran sur le sol irakien. Dès les premières frappes le lundi 14 novembre, Le Figaro rappelait que malgré le fait que ce n’est pas la première fois que le Kurdistan irakien subit des frappes de ses voisins sous justification d’opération antiterroriste et que Bagdad dénonce régulièrement ces actions, aucune mesure de rétorsion ne sont habituellement pas prises.

22/11/2022 :La crise sur le programme nucléaire iranien continue à  empirer. -Mehrad Abedisagha-

Le 22 novembre, Mohammad Eslami, directeur de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne a annoncé, lors d’une conférence de presse, les décisions de l’Iran en réponse de l’adaptation de la résolution de l’Agence internationale de l’énergie atomique le jeudi dernier. 

Selon The Guardian, cette résolution, qui a été prise à l’initiative des États-Unis et les trois pays européens partis à l’accord sur le nucléaire iranien (Royaume-Uni, France et Allemagne), accuse l’Iran de ne pas coopérer avec l’AIEA. Le 21 novembre, d’après Hamshahri Online, le porte-parole des Affaires étrangères Nasser Kanani, dans sa conférence de presse hebdomadaire a affirmé qu’«en réponse à l’action récente de trois pays européens et des États-Unis dans l’approbation de la résolution contre l’Iran, certaines mesures ont été décidées par l’Organisation iranienne de l’énergie atomique».

Deux mesures, entre autres, sont importantes. Le 22 novembre, Mehr News Agency rapporte que l’Iran a commencé à produire de l’uranium enrichi à 60 % dans son usine de Fordo (sud de Téhéran) ainsi que le remplacement de la première génération de centrifugeuses par des centrifugeuses IR-6 dans la même usine. Les nouvelles machines augmenteraient considérablement la production sur le site. L’enrichissement de l’uranium à 60 % est une question cruciale, c’est un des points principaux des négociations sur l’accord du nucléaire, car un enrichissement à 90 % permettrait la création d’une bombe nucléaire.

Depuis cette annonce, le 23 novembre, la BBC Persan informe que les trois ministres des Affaires étrangères ont réagi, dans un communiqué, à cette décision iranienne en la considérant comme une décision inacceptable et préoccupante.

Cette résolution et la réponse de l’Iran ont lieu après des mois de non-négociations entre les parties concernées et il ne semble pas y avoir de sortie de crise immédiate. 

23/11/2022 : Le Premier ministre pakistanais Shahbaz Sharif s’apprête à nommer un nouveau Chef de l’Armée. -Daniel Marco-

Le 23 novembre, la nomination du nouveau Chef d’État-Major des Armées et du Président du Comité des Chef d’Etat-Major interarmées a été annoncée par le bureau du Premier ministre dans une brève déclaration publiée sur Twitter informe Associated Press of Pakistan (APP). «Le Premier ministre prendra une décision sur les nominations conformément à la procédure établie», selon le communiqué

AP News souligne que cette mesure metterait fin à des jours de rumeurs d’impasse entre le gouvernement de coalition de Shahbaz Sharif et l’armée au sujet du remplacement du général Qamar Javed Bajwa, qui prend sa retraite la semaine prochaine. En plein milieu des hostilités avec l’Inde, l’ancien Premier ministre Imran Khan avait décidé de prolonger son mandat. Selon Al Jazeera, le Ministre de la Défense Khawaja Asif s’est efforcé de minimiser ce qui a semblé être une impasse dans le choix du poste suprême. Lors d’une apparition à la télévision, il a affirmé qu’il n’y avait aucune distinction entre l’armée et le gouvernement et que toute accusation contraire était fausse.

Au cours des 75 années qui ont suivi l’indépendance du Pakistan en 1947, l’armée a été considérée comme l’institution la plus puissante de la nation. Au cours de cette période, les militaires ont dominé la nation pendant plus de trois décennies et ont promulgué la loi martiale à trois reprises.

24/11/2022 : L’ONU établit une mission d’investigation sur les violations des droits de l’homme en Iran -Jérémie Patot-

Le 24 novembre, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU adopte une résolution (A/HRC/S-35/L.1) qui permet de créer une mission internationale d’investigation et indépendante pour enquêter sur les allégations de violation des droits de l’homme en Iran et lités aux manifestations qui ont commencé le 16 septembre. La résolution a été adoptée à 25 voix contre 6 opposés et 16 abstentions, et elle a condamné la répression de Téhéran envers les manifestations pacifistes. 

La veille de l’adoption de la résolution, l’Iran a été vivement critiqué lors de la 35e session, informe Iran international. Le nouveau Haut-Commissaire pour les Droits de l’Homme, Volker Turk, a notamment pointé le manque de responsabilité pour la mort des manifestants, la réponse non nécessaire et disproportionnée de l’Iran, et la délégitimation constante des manifestants en les catégorisant comme des agents de l’étranger. 

France 24 rappelle qu’à peu près 14 000 personnes, incluant les enfants ont été arrêtées en lien avec les manifestations, et dont 6 personnes ont été jugées à la peine capitale. Dans ces arrestations, le footballeur de l’équipe nationale Voria Ghafouri a été arrêté jeudi après avoir posté une photo en habit traditionnel kurde sur intagram. 

Le vendredi 24, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a exprimé ses regrets du décès de Mehsa Amini avant d’ajouter que l’action anti-iranienne poussée par l’Allemagne et ses alliés européens est une erreur historique, que cette politique se retournera contre eux et il considère la résolution de l’ONU comme nulle et invalide, rapporte l’agence semi-officielle Mehr News Agency




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