РусскийFrançaisEnglish
  
     
         
Blog

VEILLE EUROPE DE L’EST – du 19 novembre au 25 novembre 2022

Equipe de la veille géopolitique hebdomadaire Europe de l’Est : Matisse Grenier, Alicia Tintelin, Olga Chekhurska, Séverine Ly,  Elisabeth Nagy et Olivier Husson.

21/11/2022 : Nouvelles aides financières accordées à la Moldavie lors de la troisième conférence ministérielle de la Plateforme de soutien au pays  -Séverine Ly-

Selon le communiqué de l’Elysée, la troisième conférence ministérielle de la Plateforme de soutien à la Moldavie a eu lieu à Paris ce 21 novembre. Réunissant des représentants de trente-six Etats et de quinze organisations internationales, cette plateforme codirigée par la France, l’Allemagne et la Roumanie a été créée en mars dernier afin d’apporter «des solutions opérationnelles (…) et concrètes» à une des principales victimes collatérales de l’agression russe en Ukraine.

En conclusion de la conférence, le Président de la République française, Emmanuel Macron, a annoncé une «nouvelle enveloppe de plus de cent millions d’euros» dont les dix premiers seront versés d’ici la fin de l’année sous forme de subventions à l’UNHCR, WFP et UNICEF afin de soutenir les 80 000 réfugiés ukrainiens en Moldavie.

La présidente moldave, Maia Sandu, a remercié sur Twitter son homologue français pour son «accueil chaleureux», sa «confiance» et son «soutien». Mais elle s’est aussi exprimée, lors de la conférence, sur la situation de son pays en rappelant que malgré les aides déjà apportées, la Moldavie fait face à «une dramatique crise énergétique, une baisse de l’économie et une extrême inflation de 35%» et reste «le voisin le plus vulnérable de l’Ukraine». En écho, le 23 novembre, le pays a de nouveau subi des «pannes de courant massives» suite aux bombardements russes contre le réseau électrique ukrainien, selon le vice-premier ministre moldave sur Facebook

21/11/2022 : L’OMS exprime ses inquiétudes face aux enjeux d’un hiver qui s’annonce rude pour l’Ukraine, après les nombreuses attaques russes contre des infrastructures de santé et d’énergie – Alicia Tintelin.

Le 21 novembre, le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe, exprimait dans une déclaration publique tenue à Kyiv, son inquiétude face aux enjeux humanitaires liés aux difficultés de l’accès à l’énergie et aux soins de santé. Selon lui, «la crise énergétique dévastatrice, l’aggravation de l’urgence de santé mentale, les contraintes à l’accès humanitaire et le risque d’infections virales feront de cet hiver un formidable test pour le système de santé ukrainien et le peuple ukrainien, mais aussi pour le monde et son engagement à soutenir l’Ukraine».

À ce jour, le système de santé souffre de la destruction partielle ou entière de «la moitié de l’infrastructure énergétique de l’Ukraine». Selon l’OMS, 703 attaques russes contre le système de santé ukrainien ont été recensées depuis le début de la guerre, ce qui constitue une violation du droit international humanitaire et du droit de la guerre. Ces attaques, causant des coupures d’électricité, rendent non opérationnels des centaines d’hôpitaux et d’établissements offrant des soins.

Le 23 novembre, «toute la ville» de Lviv subissait une coupure d’électricité causée par des frappes russes visant des sites énergétiques, rapportait Andrii Sadovy, le maire de la ville, sur Twitter. Dans la même journée, le responsable local de l’armée, Oleksii Kouleba, indiquait que toute la région de Kyiv était privée d’électricité.

Le 22 novembre, Volodymyr Zelensky avait annoncé sur Telegram l’ouverture de «centres d’invincibilité» spéciaux pour les Ukrainiens ayant perdu l’accès aux services de première nécessité. Les attaques contre les infrastructures énergétiques privent la population à l’accès à l’électricité, au chauffage, à l’eau et à Internet. Les centres ont pour but de fournir toutes ces ressources gratuitement et en continu. Le président ukrainien a indiqué que 4 000 centres avaient déjà ouverts et que l’ouverture de nouveaux centres devrait suivre.

Ce qui est décrit comme une stratégie de la part des Russes pour rendre la guerre  insupportable aux Ukrainiens, intervient alors que le besoin d’accès aux soins est grand. Si la guerre en est maintenant à son 9e mois, près de 10 millions de personnes sont susceptibles d’être touchées par des troubles mentaux liés notamment à l’anxiété et aux troubles de stress post-traumatique, selon l’OMS. En prévision de l’hiver, l’Ukraine a besoin de ressources supplémentaires pour son système de santé. Ce point est déjà inscrit dans l’ordre du jour de la Conférence ukrainienne qui se tiendra à Paris le 13 décembre prochain, sous les auspices d’Emmanuel Macron et de Volodymyr Zelensky.

22/11/2022 : Les services de sécurité ukrainiens ont fait une perquisition au monastère Laure des Grottes de Kiev – Olga Chekhurska.

Le 22 novembre, des services de sécurité ukrainiens, selon le service de presse du départementont mené conjointement avec la police nationale et la garde nationale les mesures de « contre-espionnage visant à contrer les activités subversives des services spéciaux russes » afin d’empêcher l’utilisation du monastère comme « cellule du monde russe » et protéger la population des provocations et des attentats terroristes. Le monastère Laure des Grottes de Kiev, lieu de résidence du primat de l’Église orthodoxe ukrainienne, est soupçonné de liens avec la Russie.

La Laure des Grottes est le plus vieux monastère de Kiev, fondé au XIe siècle. C’est aussi le siège de l’Église orthodoxe relevant du Patriarcat de Moscou. Plus tard, le même jour, les services de sécurité ukrainiens ont annoncé qu’ils menaient encore d’autres « activités de contre-espionnage » dans deux monastères de la région de Rivne, le diocèse de Sarny de l’Église orthodoxe ukrainienne relevant également du Patriarcat de Moscou.

Les services de sécurité ukrainiens ont confirmé qu’ils menaient l’inspection des locaux de la Laure et effectuaient des contrôles sur les personnes qui se trouvaient sur le territoire concernant leur implication « dans des activités illégales au détriment de la souveraineté de l’État ukrainien ». Ils cherchaient également les saboteurs, les agents russes et les armes, qui seraient cachés dans le monastère sous couverture religieuse.

Selon la déclaration du Saint-Synode de l’Église orthodoxe ukrainienne du 23 novembre, l’Église orthodoxe ukrainienne dénonce des accusations de collaboration « non prouvées et sans fondement » et insiste sur le fait que l’enquête doit être impartiale. Ils ont rappelé également qu’ils condamnent l’invasion russe en Ukraine et soutiennent l’Ukraine depuis les premiers jours de la guerre.

22/11/2022 : De nouvelles sanctions du Canada envers le Bélarus -Olivier Husson-

Ce mardi 22 novembre, selon CBC, la chef de l’opposition du Bélarus, Svetlana Tikhanovskaya, a rencontré le Premier Ministre Justin Trudeau lors de sa première visite officielle au Canada. 

«Je demande au Canada de prendre position et de prendre des mesures concrètes pour soutenir notre indépendance » a-t-elle dit lors de la conférence de presse. Elle a rappelé que le Bélarus compte plus de 1400 prisonniers politiques. 

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré à la conférence de presse que les autorités du Bélarus commettent des violations des droits de l’homme et que ce pays aide les Russes à lancer des attaques contre l’Ukraine. « Ces mesures vont accentuer la pression sur les dirigeants biélorusses », a-t-elle déclaré, appelant le président Alexandre Loukachenko à « cesser d’être un outil du régime russe ».

Selon Barron’s, Les sanctions auront également un impact sur 16 entreprises bélarussiennes dans les secteurs de l’armée, de la technologie, de l’ingénierie, des transports et de la banque. Au total ce sont plus de 100 personnes et entités qui ont été ajoutées dans la liste des sanctions par le Canada depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février.

Alors que l’annonce le mois dernier de la coopération entre le Belarus et la Russie alimente les craintes que Minsk ne se prépare à envoyer ses troupes en Ukraine, Tikhanovskaya a cité un récent sondage qui, selon elle, montre que 86 % des Biélorusses sont fermement opposés à la participation de l’armée biélorusse au conflit.  « Si un tel ordre est donné, nous appellerions les soldats biélorusses à désobéir, à faire défection, à refuser d’exécuter les ordres. » a-t-elle souligné.

23/11/2022 : Plus de soixante-dix missiles tirés par la Russie sur l’Ukraine -Séverine Ly-

Le 23 novembre, le ministère de l’armée de l’air ukrainien a annoncé sur Telegram que «51 des 70 missiles de croisière ennemis et cinq drones kamikazes ont été abattus» dans la journée. Lancés depuis les régions russes de Volgodonsk, Rostov et des mers Capienne et Noire, les missiles ont causé des dégâts matériels très importants plongeant une grande partie de l’Ukraine dans le noir, sans eau ni réseau internet.

La région de Kiev a été particulièrement impactée, visée par 30 missiles selon les forces armées ukrainiennes sur Facebook. Dix ont réussi à échapper à la défense aérienne et ont endommagé infrastructures critiques et bâtiments résidentiels. En conséquence, la région a été entièrement placée hors tension, le chauffage et l’approvisionnement en eau suspendus.

Les attaques ont aussi touché les régions de Vinnytsia, Lviv, Khmelnitsky, Odessa, Mykolayiv, Dnipro, Zaporizhia, Sumy et Kryvyi Rih mais toutes les régions administratives ont subi des coupures d’électricité partielles ou totales accompagnées pour certaines de désactivation des stations d’eau selon des médias locaux (24 канал, top news, байрактар news…)

Peu après la fin de l’alerte aérienne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a annoncé sur Twitter avoir «demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies». Quelques heures plus tard, il a condamné devant l’ONU ces frappes énergétiques en les qualifiant de «crimes contre l’humanité». Son homologue français, Emmanuel Macron, a aussi dénoncé sur Twitter les «bombardements massifs» en rappelant que «toute frappe contre des infrastructures civiles constitue un crime de guerre et ne peut rester impunie».

23/11/2022 : Le Parlement européen conditionne la poursuite du processus d’adhésion de la Serbie à un alignement sur les sanctions occidentales contre la Russie. -Matisse Grenier-

D’après un communiqué de presse publié le 23 novembre sur le site du Parlement européen, les députés auraient affirmé que tout nouvel élargissement doit être conditionné à un alignement du pays candidat sur la politique étrangère européenne. Le communiqué ne manque pas de souligner le cas de la Serbie, pour qui «les négociations d’adhésion [avec la Serbie] ne devraient avancer que si le pays soutient les sanctions de l’UE contre la Russie et fait des progrès significatifs dans les réformes liées à l’UE».

Selon Balkan Insight, la résolution a obtenu 502 votes pour, 75 contre et 61 abstentions. La Serbie est candidate à l’Union européenne depuis 2012, mais sa politique étrangère ambivalente à l’égard de la Russie, mais aussi du Kosovo, reste un frein à une intégration rapide.

Enfin, les parlementaires européens ont urgemment recommandé que les fonds alloués par l’UE aux autorités serbes soient revus et mieux encadrés, afin de s’assurer qu’ils servent bien les valeurs et les intérêts stratégiques européens.

23/11/2022: La Serbie et le Kosovo, vers un accord de paix durable ? – Elisabeth Nagy-

Depuis septembre 2021, selon euronews, les tensions entre le Kosovo et la Serbie ne font que croître. La Serbie menée par son président Aleksander Vucic et le Kosovo mené par son premier ministre Albin Kurti n’arrivaient pas à trouver d’accord concernant le sujet des plaques d’immatriculation. 

En effet, ce conflit revêt une dimension politique et identitaire. La Serbie continuait de délivrer des plaques d’immatriculation kosovares datant d’avant la déclaration d’indépendance du pays – en 1999- ce à quoi le premier ministre kosovar Albin Kurti avait réagi en menaçant de verbaliser les quelques 10 000 résidents au Kosovo ayant encore gardé ces plaques. Notons que la Serbie ne reconnaît toujours pas le Kosovo comme un Etat indépendant, qu’elle considère comme le berceau de sa nation et de sa religion.

Après plusieurs menaces de la part du gouvernement kosovar et un échec de négociation entre les deux dirigeants le 20 novembre à Bruxelles, un accord a finalement été trouvé ce mercredi 23 novembre à Bruxelles. 

« Je suis ravi d’annoncer que les négociateurs (kosovar et serbe, N.D.L.R.) ont convenu, sous l’égide de l’UE, des mesures pour éviter une nouvelle escalade», a tweeté Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.

La Serbie s’est engagée à cesser de délivrer ces plaques d’immatriculation, et le Kosovo de les faire remplacer. 

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait pris la parole à ce sujet en octobre dernier en indiquant: “Il est primordial que les règles soient respectées. Il existe des règles et des lois claires et elles doivent être suivies dans tous les pays. En même temps, s’il y a une période de transition, la transition doit se faire en douceur, elle doit être inclusive ».

Ces nouvelles mesures devraient apaiser quelques peu les tensions entre les deux pays bien que les revendications des Serbes au Kosovo ne s’arrêtent pas là. En effet, ils souhaitent la création d’associations dans les communes à majorité serbe avec une grande autonomie, promises en 2015 par les accords de Bruxelles. 

Cependant, les deux pays souhaitent intégrer l’UE, mais pour se faire ils devront trouver un accord de paix, condition sin qua non à leur adhésion. 

 

Previous Article

VEILLE UNION EUROPEENNE – Du 19 novembre au 25 novembre 2022

Next Article

VEILLE RUSSIE – du 19 novembre au 25 novembre 2022