15/10/2022 : Durcissement drastique de la censure en parallèle de la tenue du XXème Congrès du PCC -Anna BALAWENDER-
A la veille de l’ouverture du XXème Congrès du Parti communiste chinois le 16 octobre, la censure chinoise s’est prodigieusement intensifiée. Tout recherche sur le média Weibo portant sur les termes «Sitong», «pont», «courageux» ou même «Pékin» n’aboutit à aucun résultat. Cela fait suite aux manifestations contre la prééminence du Parti qui se sont tenues sur le fameux pont de Sitong (à Pékin) le 13 octobre dernier.
Mais plus inquiétant pour les résidents de l’Empire du milieu est la vague de blocage des comptes Wechat : tout utilisateur ayant partagé des photos des protestations avec ses contacts a vu son compte banni, ou parfois même, en évoquant seulement l’événement. Cette situation est particulièrement préjudiciable pour les utilisateurs chinois qui dépendent de Wechat pour communiquer avec leur famille et leurs clients, payer leurs courses, utiliser leur QR code sanitaire, et d’autres tâches essentielles au quotidien. Le Wall Street Journal assimile la perte d’un compte Wechat à une «mort digitale».
Certains utilisateurs ont tenté de recréer un compte, mais ces comptes alternatifs sont également frappés de bannissement. Selon le MIT Technology Review, ils «supplient» depuis le début de cette semaine Tencent, l’entreprise mère de Wechat, de leur rendre l’accès à leur compte personnel.
17/10/2022 : Un manifestant est roué de coups au consulat chinois à Manchester. -Thomas TAOCHY-
Des incidents ont été déplorés alors que se tenait une manifestation devant le consulat chinois ce lundi 17 octobre. Ce rassemblement faisait suite au commencement du 20e congrès du Parti communiste chinois à Pékin, dont on attend qu’il consacrera la réélection pour 5 ans de son leader Xi Jinping.
Bob Chan, activiste hongkongais expatrié en Angleterre manifestant devant l’antenne consulaire chinoise, a été encerclé puis passé à tabac par des hommes travaillant au consulat. Il déplore des blessures au niveau de l’œil, du cou et du dos.
Après plusieurs enquêtes, le journal The Guardian a révélé que le consul chinois a désigné le diplomate Zheng Xiyuan comme faisant partie des agresseurs. Selon la membre du Parlement Alicia Kearns pour le média BBC, le diplomate avait précédemment été aperçu en train de «déchirer des affiches lors des manifestations pacifiques».
Alors que le ministre des Affaires étrangères britannique James Cleverly a affirmé aux médias que «Le Royaume-Uni défend la liberté, l’État de droit et la démocratie. La répression des manifestations pacifiques ne sera jamais tolérée dans nos rues», son homologue chinois le porte-parole des Affaires étrangères chinois Wang Wenbin justifie le geste des agents consulaire en expliquant que ce sont «des éléments perturbateurs qui ont illégalement pénétré le consulat». Le ministre a également appelé la Grande-Bretagne à augmenter la protection du personnel diplomatique chinois.
18/10/2022 : La «dissuasion stratégique», rupture et signe de la montée en puissance du nucléaire chinois -Vadim Leduc Argenta-
Deux jours après l’ouverture du vingtième congrès du Parti Communiste Chinois (PCC) ce 18 octobre 2022, Xi Jinping, le secrétaire général du parti a annoncé sa volonté de renforcer les «forces d’un nouveau domaine dotées de nouvelles capacités de combat». En effet, selon le South China Morning Post, le rapport de ce congrès témoigne des velléités nucléaires de la Chine, notamment quant à la dissuasion nucléaire envers les autres grandes puissances. Une velléité qui s’inscrit dans une politique de dissuasion stratégique, particulièrement orientée vers les Etats-Unis.
En 2021, ces derniers avaient déjà fait part de leurs craintes quant à l’expansion du nucléaire chinois par le biais d’un rapport du Pentagone, prévoyant une augmentation considérable du nombre de leurs ogives nucléaires d’ici 2030. Cette volonté entre ainsi en rupture avec la précédente stratégie chinoise, visible dans le précédent rapport du PCC (datant de 2017) où le concept de «dissuasion stratégique» n’était aucunement mentionné. Enfin, selon certains rapports, la Chine étend aussi cette dissuasion à l’espace et à la cyberguerre par l’utilisation de la technologie de l’intelligence artificielle, des mégadonnées et des plateformes de combat sans pilote.
19/10/2022 : Tokyo et Canberra planifient une coopération sécuritaire visant à contrer la Chine -Anna BALAWENDER-
En amont de la rencontre de Fumio Kishida et Anthony Albanese, respectivement premiers ministres du Japon et du Canada qui se tiendra ce samedi, l’ambassadeur japonais à Canberra Shingo Yamagami a accordé un entretien au journal britannique The Guardian, analysant les raisons du rapprochement.
Selon M. Yamagami, Il devrait résulter de cette rencontre une déclaration conjointe portant sur le partage d’informations sur les actions et mouvements de la Chine. Le partenariat serait motivé par l’augmentation du budget militaire chinois, l’intensification des campagnes d’incursions chinoises dans l’espace aérien japonais, ainsi que la multiplication des incidents maritimes entre la Chine et l’Australie.
Selon le South China Morning Post, la guerre en Ukraine est aussi prise en compte dans les calculs de Tokyo et Canberra : il s’agit selon M. Yamagami de «s’assurer que rien de similaire ne puisse se produire dans le détroit de Taiwan.»
Dans la première moitié du mois d’octobre, le ministre des affaires étrangères japonais avait déjà entamé un dialogue sur un partage de l’information et une coopération militaire avec le Canada. Ce faisant, le Japon se rapproche progressivement du partenariat sécuritaire «Five Eyes» impliquant les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, mais également le Canada et l’Australie. Le journal The Diplomat s’interroge : «serait-ce l’occasion pour le Japon de devenir un ‘sixième œil’ (‘sixth eye’) ?»
19/10/2022 : Le ministère de la Défense de Grande-Bretagne affirme que certains de ses anciens pilotes ont été recrutés pour aider l’armée chinoise. -Thomas TAOCHY
Le ministère de la Défense de Grande-Bretagne a publié un rapport mercredi 19 octobre où il dénonce le recrutement par la Chine d’une trentaine d’anciens pilotes britanniques pour instruire les forces aériennes de l’Armée populaire de libération.
Les pilotes recrutés serviraient en fait à faire comprendre au gouvernement chinois la manière dont les avions des armées occidentales opèrent ; information qui selon le média BBC peut être vitale dans d’éventuels conflits à venir comme sur la question de Taiwan. L’argent est le facteur principal qui pousse les pilotes à instruire l’armée chinoise avec des rémunérations pouvant atteindre la somme de 270 000 dollars (237,911 livres sterling ou 273 793 euros).
Même si techniquement ce processus de recrutement à l’international n’est pas illégal, le gouvernement britannique condamne fermement cette pratique. Le ministère de la défense a ainsi annoncé sur Twitter : «Lorsque d’anciens pilotes de l’armée britannique fournissent une formation à l’Armée populaire de libération de la Chine, cela érode clairement l’avantage du Royaume-Uni en matière de défense. Nous prenons des mesures immédiates pour dissuader et pénaliser cette activité».
Les Britanniques ne sont cependant pas les seules victimes de ce recrutement à l’étranger par le gouvernement chinois. Selon le Taipei Times, d’autres nations comme l’Australie déplorent certains de ses soldats ayant rejoint une école de vol en Afrique du Sud qui opérerait en Chine.
Questionné à ce sujet par la presse, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinoise Wang Wenbin aurait déclaré ne pas être informé de tels procédés de recrutement.
21/10/2022 : La Chine est un contrepoids pour les Saoudiens en froid avec les Etats-Unis -Olivier HUSSON-
Le ministre de l’énergie saoudien a tenu une visioconférence ce vendredi 21 Octobre avec son homologue chinois, Zhang Jianhua, directeur de l’Administration nationale de l’Energie. Ils ont assuré «leur volonté de coopérer pour maintenir la stabilité du marché mondial des hydrocarbures». L’Arabie Saoudite est le principal fournisseur d’hydrocarbures et un partenaire fiable pour la Chine.
Cette rencontre a eu lieu quelques semaines après l’annonce par le prince saoudien Mohamed ben Salman de vouloir baisser la production d’hydrocarbures de 2 millions de barils par jour, ce qui représente un revers diplomatique pour les Etats-Unis qui souffrent déjà d’une inflation galopante.
Durant la réunion il a été question d’admettre l’Arabie Saoudite dans le groupe de BRICS, après qu’elle ait affiché sa volonté d’en faire partie. La Chine qui préside le BRICS cette année a rappelé son «soutien actif pour la procédure d’adhésion à un nouveau membre dans le BRICS».
Enfin il a été aussi question de l’énergie nucléaire civile, la Chine exporte depuis plusieurs années des réacteurs nucléaires dans le monde entier, notamment au Pakistan.
