Les dossiers que nous suivons : Relations entre l’Iran et ses pays voisins ; Relations entre l’Iran et les Etats-Unis ; Relations entre l’Iran et les BRICS ; Relations entre la Turquie et l’Union européenne ; Relations entre la Turquie et les BRICS ; Relations entre les pays du Golfe et les États-Unis ; Géopolitique du Yémen : Entre fragmentations internes et ingérences régionales.
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Une visite saoudienne de poids à Téhéran :
La visite du 17 avril du ministre saoudien de la Défense, le prince Khalid bin Salman, en Iran, au cours de laquelle il a rencontré l’ayatollah Ali Khamenei, ainsi que le président Pezeshkian et le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri, témoigne de la volonté des deux pays de se rapprocher à un moment particulièrement tendu dans la région, alors que les deux États voisins sont confrontés à des défis similaires.
Depuis la normalisation de leurs relations diplomatiques en mars 2023, suivie de la visite d’une délégation saoudienne à Téhéran en avril 2023 pour discuter de la réouverture des missions diplomatiques, deux visites notables de responsables saoudiens ont précédé celle-ci. En juin 2023, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, s’est rendu à Téhéran, marquant une étape importante dans le rétablissement des liens bilatéraux. Puis, en novembre 2024, le chef d’état-major des forces armées saoudiennes, Fayyad al-Ruwaili, a rencontré dans la capitale iranienne son homologue iranien, le général Gholamreza Mehrabi, afin d’échanger sur la diplomatie de défense et la coopération bilatérale visant à renforcer la sécurité et la stabilité régionales.
Objectifs et contenu d’une telle visite :
Le ministre saoudien de la Défense a remis une lettre personnelle du roi Salman bin Abdulaziz. Selon Amwaj.media, cette lettre abordait des questions clés telles que la sécurité bilatérale, les négociations en cours entre l’Iran et les États-Unis, la situation en Palestine et au Yémen, et exprimait une forte volonté affirmée de renforcer les liens avec un rival régional de longue date.
L’ayatollah Khamenei a publié sur X : « Il est bien mieux que les frères de la région de l’Asie de l’Ouest coopèrent et s’entraident plutôt que de dépendre des autres », tandis que le prince Khalid bin Salman a écrit : « Lors de la réunion, j’ai remis une lettre du Gardien des Deux Saintes Mosquées et transmis les salutations de la direction. Nous avons discuté de nos relations bilatérales et des sujets d’intérêt mutuel ».
Concernant la sécurité bilatérale, Amwaj.media rapporte que le Royaume a accepté une approche progressive pour instaurer une coopération sécuritaire avec l’Iran, une initiative lancée lors du processus de normalisation, qui a inclus cinq cycles de négociations accueillis par l’Irak, et qui a finalement débouché sur l’accord “médié” par la Chine en 2023.
Auparavant, en 2001, les deux pays avaient déjà signé un accord de coopération en matière de sécurité, dont la réactivation a été mentionnée dans la déclaration commune sino-saoudienne-iranienne de 2023 annonçant la reprise des relations diplomatiques, rompues en 2016 à la suite de l’attaque de l’ambassade saoudienne à Téhéran lors de manifestations contre l’exécution, en Arabie Saoudite d’un religieux chiite dissident. Les questions militaires sont devenues un aspect central des échanges irano-saoudiens depuis 2023, comme en témoignent les discussions entre Al-Ruwaili et Bagheri en novembre 2024, portant sur le développement de la coopération en matière de défense. Lors de ces entretiens, Bagheri a également proposé que l’Arabie Saoudite participe aux exercices navals iraniens, ou à tout le moins y assiste en tant qu’observateur.
S’agissant des négociations en cours entre l’Iran et les États-Unis, l’Arabie Saoudite a probablement joué un rôle indirect dans l’apaisement des tensions. Ce qui est certain, en revanche, c’est que le soutien explicite de l’Arabie Saoudite à un éventuel accord nucléaire entre l’Iran et les États-Unis, comme exprimé par le roi Salman, représenterait une rupture majeure avec la position saoudienne de 2015, à l’époque de la négociation et de la signature du JCPOA. Le Royaume, à l’instar d’Israël, s’y était alors fermement opposé, craignant que la levée des sanctions ne favorise la croissance économique de l’Iran et, par conséquent, son influence régionale.
L’Arabie Saoudite a apporté un soutien direct au processus de médiation entre l’Iran et les États-Unis, qui se déroule principalement à Oman, allant jusqu’à proposer d’accueillir une réunion informelle entre responsables des deux pays lors de la prochaine visite prévue du président Trump à Riyad du 13 au 16 mai, ainsi qu’au Qatar et aux Émirats. L’Arabie Saoudite sera le premier pays visité par le président américain lors de son second mandat, après une visite au Vatican pour les funérailles du Pape. Selon Reuters, il devrait proposer à l’Arabie Saoudite un ensemble d’accords d’armement d’une valeur supérieure à 100 milliards de dollars, dans le cadre d’un pacte de défense plus large que celui que l’administration précédente, sous le président Biden, n’était pas parvenue à finaliser dans le cadre de la normalisation envisagée entre l’Arabie Saoudite et Israël. Cependant, le président Trump ne peut espérer aucun progrès supplémentaire de la part du Royaume concernant la normalisation avec Israël dans le cadre des « Accords d’Abraham » : l’Arabie Saoudite a réaffirmé, plus récemment lors de la visite d’avril à Téhéran, qu’elle ne normalisera pas ses relations avec Israël sans la création préalable d’un État palestinien indépendant.
Concernant les Houthis, le roi Salman aurait demandé à l’Iran de contribuer à contenir le mouvement rebelle yéménite afin d’atténuer les tensions en mer Rouge, une mesure qui pourrait également appuyer les négociations en cours entre Téhéran et Washington. Ansar Allah a été de nouveau désigné comme organisation terroriste étrangère (FTO) par le Département d’État américain en janvier 2025, et depuis le retour de Trump à la Maison Blanche, les frappes américaines contre les Houthis se sont intensifiées. Bien qu’elles s’inscrivent dans une stratégie plus large de limitation de l’influence iranienne dans la région, la logique stratégique et les objectifs de ces opérations ont récemment été remis en question et débattus au sein de l’administration américaine.
Ce que révèle la visite et pourquoi elle est importante :
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