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La Bosnie-Herzégovine entre l’UE et l’influence russe : Entretien avec Alen Gudalo
Depuis le 15 décembre 2022, la Bosnie-Herzégovine est officiellement reconnue comme candidate à l’adhésion à l’Union européenne. À l’instar des autres pays des Balkans occidentaux, elle doit satisfaire aux critères exigeants de ce processus pour espérer rejoindre l’UE. Cependant, le chemin à parcourir reste semé d’embûches. Pays le plus marqué par les guerres de l’ex-Yougoslavie, la Bosnie-Herzégovine peine encore à surmonter ses blessures et se distingue par une complexité administrative, politique et culturelle unique dans la région. Pour mieux comprendre ces défis, j’ai eu l’occasion d’échanger avec Alen Gudalo, Coordinateur de Programme pour le Suivi de l’Intégration Européenne de la Bosnie-Herzégovine.
Blocages structurels et perspectives européennes de la Bosnie-Herzégovine
Le mécanisme de coordination : une structure complexe et imparfaite
Le mécanisme de coordination, mis en place en 2016, vise à garantir une position cohérente de la Bosnie-Herzégovine sur les questions liées à l’Union européenne. Il implique plus de 1 400 fonctionnaires issus des différents niveaux de gouvernance (État, entités, cantons, et district de Brčko) et s’appuie sur 36 groupes de travail couvrant les domaines législatifs requis par l’intégration européenne. Cependant, ce système, bien que nécessaire, souffre de lourdeurs bureaucratiques et de failles structurelles. Les décisions prises ne sont pas juridiquement contraignantes et doivent être validées par les 14 gouvernements concernés, un processus souvent bloqué par des rivalités politiques. En l’absence d’une stratégie nationale claire pour adopter les normes européennes, ce mécanisme devient un outil de veto, davantage utilisé pour défendre des intérêts partisans que pour faire avancer l’intégration européenne. Il est donc aujourd’hui un symbole des luttes de pouvoir internes.
Comme l’explique Alen Gudalo, « dans le contexte bosnien, ce mécanisme n’a plus rien à voir avec l’UE. Il est devenu un simple outil de veto, utilisé chaque fois qu’un parti politique estime pouvoir en tirer un avantage. » En effet, ce droit de veto, censé garantir le respect des sensibilités ethniques et politiques, est aujourd’hui utilisé pour bloquer des processus même techniques. Alen Gudalo cite ainsi le cas de l’agenda de croissance, un document purement économique, qui a été retardé par quatre cantons sous l’influence d’un même parti politique. « C’est ainsi que fonctionne la Bosnie, ou plutôt, qu’elle ne fonctionne pas. »
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