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Le mois de novembre en Eurasie en bref…

Et voici un petit récapitulatif des événements géopolitiques majeurs

du mois de novembre 2022 dans l’espace eurasiatique…

Union européenne : Camouflets états-uniens à la France sur fond d’orientation otanienne de politique étrangère européenne.

Le début du mois de novembre a été marqué par une visite contestée du chancelier allemand Olaf Scholz en Chine le 4 novembre, premier dirigeant de l’UE à avoir été reçu dans ce pays depuis le début de la pandémie de Covid-19. Déplacement fortement contesté au sein de l’UE, surtout depuis l’autorisation par l’Allemagne de la vente d’une part de 24,9% d’un terminal du port de Hambourg à la Chine, et alors que le contexte est à la recherche d’un consensus européen sur les questions énergétiques et sur Taïwan.

Par ailleurs, quatre jours avant le début de la COP 27 à Charm el Cheikh en Égypte le 6 novembre, présidée par les Émirats Arabes Unis, Varsovie signait avec la société américaine Westinghouse un accord sur la construction de sa première centrale nucléaire le 2 novembre, nouveau camouflet états-unien à son partenaire français qui s’était aussi positionné sur ce marché, encore aggravé par les propos du chancelier allemand le 30 novembre qui s’est dit «déterminé» à finaliser l’achat de 35 chasseurs bombardiers F35-A auprès du constructeur états-unien Lockheed-Martin.

Le 4 novembre, la 45ème séance de la 77ème session de l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies a vu l’adoption d’une résolution sur «la lutte contre la glorification du nazisme» avec 105 voix pour mais 52 voix contre et 15 abstentions, dont l’ensemble des pays européens arguant pour la plupart d’une instrumentalisation politique de cette question par la Russie depuis 2012 dans le cadre du conflit avec l’Ukraine.

Le même jour, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, rencontrait le président turc à Istanbul afin de faire le point sur la situation en Ukraine pour laquelle la Turquie joue un rôle primordial en matière de contrôle des détroits en mer Noire, mais aussi d’aborder le sujet du renforcement de l’OTAN par l’adhésion de la Finlande et la Suède, que ce pays menace à nouveau de veto. A noter que Budapest a reporté le 24 novembre la ratification de l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN à début 2023 invoquant une lenteur législative au Parlement hongrois du fait des mesures anti-corruption à prendre, Bruxelles gelant toujours près de 7,5 milliards d’euros de fonds européens à cet effet.

L’explosion d’un missile en Pologne le 15 novembre, à moins de dix kilomètres de la frontière ukrainienne, a fait l’objet d’accusations réciproques de Kiev comme de Moscou, tandis que la Pologne a déclaré que «rien n’indiquait qu’il s’agissait d’une attaque personnelle à l’encontre de la Pologne» et qu’il s’agissait probablement d’un «incident isolé». Aucune responsabilité n’a été clairement établie à la suite des nombreuses rencontres tenues, comme celle des ambassadeurs de l’OTAN ou des dirigeants du G20 ou de ceux de l’UE en marge du G20 le 16 novembre.

Le 14 novembre, l’UE a pris la décision d’ajouter sur une liste restrictive 29 personnes et 3 entités iraniennes dans le cadre du non-respect des droits de l’Homme lors du G20 de Bali, suite à celle publiée le 17 octobre. Et le 23 novembre, le Parlement européen a adopté par 494 voix pour et 58 voix contre une résolution reconnaissant la Russie comme «État soutenant le terrorisme» et «qui utilise les moyens du terrorisme». Son site internet a été victime d’une cyber-attaque le même jour par un groupe se revendiquant soutien du Kremlin.

Plusieurs décisions ont été prises par les institutions européennes ce mois de novembre. Résolution du 23 novembre adoptée avec 502 voix pour, 75 contre et 61 abstentions visant à faciliter les procédures d’adhésion à l’Union européenne en prévoyant le remplacement de la règle de l’unanimité par celle de la majorité qualifiée (approbation de 15 des 27 États), et le conditionnement au strict respect des droits de l’homme et de l’Etat de droit, durcissement des restrictions face aux pays candidats et/ou partenaires de l’Union qui rechignent aux réformes politiques (visant ainsi la Géorgie ou les Balkans). Accord entre les ministres de l’Énergie sur de nouvelles mesures relatives à des achats communs de gaz et sur un mécanisme de solidarité, mécanisme néanmoins très critiqué par l’Espagne, la France et l’Allemagne et pour lequel les pays n’ont pu se mettre d’accord que sur un plafonnement des prix partiel assorti de multiples conditions. Adoption par le Conseil de l’Union européenne d’une orientation générale pour l’industrie de la Défense, approuvant la proposition de la Commission de consacrer 500 millions d’euros d’ici 2024 pour encourager les acquisitions conjointes de matériel militaire.

Il est à noter le lancement le 17 novembre d’ IRISInfrastructure de Résilience et d’Interconnexion Sécurisée par Satellites, un projet à 6 milliards d’euros de constellation de satellites destiné à sécuriser Internet et les communications, qui devrait être pleinement opérationnel en 2027.

Europe de l’est : Le figement des positions autour de l’Ukraine et le regain de tensions entre la Serbie et le Kosovo.

Le début du mois de novembre a été marqué par l’annonce par la Russie le 2 novembre de son retour dans l’initiative céréalière de la mer Noire, quelques jours après sa décision de suspendre l’accord sur l’exportation des céréales, accord jugé essentiel par la FAO, puisqu’il doit permettre de répondre aux besoins alimentaires fondamentaux de 45 pays, dont 33 en Afrique, et après que le Centre de coordination commun (JCC) de l’initiative, basé à Istanbul, ait déclaré que les délégations onusiennes, turques et ukrainiennes avaient convenu de la mise en place d’inspections sur 40 bateaux sortants des ports ukrainiens à partir du lundi 31 octobre.

Suite à l’installation de missiles hypersoniques Kinzhal (capables d’esquiver les systèmes de défense antimissile) au Bélarus début novembre, pays dans lequel a été interdit le 10 novembre, le slogan «Longue Vie au Bélarus» qualifié de nazi, et concernant lequel une enquête du journal d’investigation «Disclose» a révélé le 17 novembre que dix fournisseurs du Bélarus d’Ikea avaient fait travailler des prisonniers, la ville de Kherson a été évacuée par les forces armées russes le 11 novembre après avoir été annoncée par le ministre russe de la Défense, Sergey Surovikin, 48h plus tôt, avancée d’une importance tant symbolique que stratégique. Alors que le Bélarus écopait de nouvelles sanctions canadiennes, soit 16 entreprises et entités supplémentaires placées dans sa liste des sanctions le 22 novembre, les frappes russes ont commencé à s’intensifier dès le lendemain avec plus de soixante-dix missiles tirés par la Russie sur l’Ukraine, lancés depuis les régions russes de Volgodonsk, Rostov et des mers Capienne et Noire, et qui ont placés toute la région de Kiev hors tension, et suspendus le chauffage et l’approvisionnement en eau. Les attaques ont aussi touché les régions de Vinnytsia, Lviv, Khmelnitsky, Odessa, Mykolayiv, Dnipro, Zaporizhia, Sumy et Kryvyi Rih mais toutes les régions administratives ont subi des coupures d’électricité partielles ou totales accompagnées pour certaines de désactivation des stations d’eau. L’OMS avait exprimé ses inquiétudes face aux enjeux hivernaux pour l’Ukraine, après les nombreuses attaques russes contre des infrastructures de santé et d’énergie, le 21 novembre, par la voix du docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.

Le 22 novembre, des services de sécurité ukrainiens ont mené des mesures décrites comme du  «contre-espionnage visant à contrer les activités subversives des services spéciaux russes» afin d’empêcher l’utilisation du monastère Laure des Grottes de Kiev, lieu de résidence du primat de l’Église orthodoxe ukrainienne ratachée au patriarcat de Moscou, plus vieux monastère de Kiev, fondé au XIe siècle, comme «cellule du monde russe» et protéger la population des provocations et des attentats terroristes. Le 1er décembre, jour anniversaire du référendum de 1991 en Ukraine au sujet de son indépendance, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a défendu que l’indépendance du pays passait par une «indépendance spirituelle» et a annoncé avoir «chargé le gouvernement de soumettre à la Verkhovna Rada un projet de loi rendant impossible pour les organisations religieuses affiliées à des centres d’influences de la Fédération de Russie d’opérer en Ukraine» et avoir mandaté le Service d’État pour l’ethnopolitique et la liberté de conscience d’effectuer «un examen religieux du statut de la gestion de l’Église orthodoxe ukrainienne», afin d’analyser la présence ou non «d’un lien ecclésiastique canonique avec le Patriarcat de Moscou». Le 26 novembre marquait la commémoration des 90 ans du Holodomor, famine en Ukraine provoquée par le régime stalinien entre 1932 et 1933, ayant entraîné jusqu’à 6 millions de morts.

Le 3 novembre, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a inauguré le camp militaire de Cincu en Roumanie, implanté dans le cadre de la mission AIGLE de l’OTAN, possédant «485 blocs de logement» et accueillant une partie des 900 soldats belges, néerlandais et français. Le département de la Défense états-unien a annoncé la livraison d’armement supplémentaire à l’Ukraine le 10 novembre, pour une valeur de 400 millions de dollars, moins d’une semaine après un autre programme d’assistance militaire de 400 millions de dollars également, et alors que les républicains se rapprochaient déjà d’une étroite majorité à la Chambre des représentants, objectif atteint début décembre. Le 26 novembre, les premiers ministres lituanien, polonais et ukrainien se sont réunis à Kiev dans le cadre du Triangle de Lublin, nouvelle coopération régionale créée le 28 juin 2020 s’inspirant du Triangle de Weimar qui a aidé la Pologne à réintégrer les politiques européennes, et qui a pour objectif de soutenir l’Ukraine dans son intégration à l’Europe. Ils ont insisté sur leur volonté «d’intensifier les discussions au sein de l’Alliance atlantique» sur l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN, à l’approche du sommet de Vilnius prévu en 2023. La réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN s’est tenue à Bucarest, en Roumanie les 29 et 30 novembre, durant laquelle des discussions pour fournir à l’Ukraine le système de défense «Patriot» ont eu lieu. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a également annoncé une aide financière de 53 millions de dollars qui s’ajoute à une autre somme de 55 millions de dollars déjà débloquée pour les équipements électrique de l’Ukraine.

Il est à noter que 5 entreprises ont été nationalisées par l’Ukraine dès le 6 novembre : le producteur d’hydrocarbures UKRNAFTA, le constructeur aéronautique MOTOR SICH, la société spécialisée dans la production de réacteurs ZAPORIZHTRANSFORMATOR, le fabricant de camions AVTOKRAZ et l’entreprise de raffinage de pétrole UKRTATNAFTA.

La Pologne a annoncé le 2 novembre, par la voix de son ministre polonais de la Défense, Mariusz Błaszczak, la construction d’un mur à la frontière, soit «trois rangées de barbelés […] de 2.5 mètres de hauteur» avec l’oblast de Kaliningrad, suite à la déclaration russe de l’ouverture de l’aéroport international de cette exclave aux vols en provenance du Moyen-Orient et de l’Afrique, craignant une nouvelle instrumentalisation des flux migratoires par la Russie le long des 180 kilomètres qui séparent les deux pays.

La Moldavie, quant à elle, a annoncé ouvrir une enquête sur les influences de la Russie dans la politique intérieure, précisément «de potentielles grandes sommes d’argent offertes par le FSB, service secret russe, pour soutenir des hommes politiques moldaves dans le but de créer une union afin de renverser le régime pro-occidental et de réorienter le régime au profit de la Russie» selon le Procureur général. Une enquête ciblant l’ancien président Igor Dodon et le Parti Socialiste. Lors de la troisième conférence ministérielle de la Plateforme de soutien à la Moldavie, codirigée par la France, l’Allemagne et la Roumanie, qui a eu lieu à Paris le 21 novembre, ce pays s’est vu attribuer de nouvelles aides financières de plus de cent millions d’euros afin de soutenir les 80 000 réfugiés ukrainiens en Moldavie.

Au Bélarus, le ministre des Affaires étrangères de la Biélorussie, Vladimir Makei, est décédé subitement à l’âge de 64 ans le 27 novembre, avant une rencontre importante avec son homologue russe. Le 29 novembre, l’opposante emprisonnée Maria Kolesnikova a été placée à l’hôpital en en soins intensifs, après avoir subi une intervention chirurgicale le 28 novembre.

Dans les Balkans, la Serbie a rehaussé sa préparation au combat, après l’observation de drones entrant depuis le Kosovo, le 2 novembre, ce qui a été démenti par les autorités kosovares, décision intervenant dans le contexte d’un exercice militaire serbe d’envergure nommé «Manœuvre 22» et de tentative kosovare de faire accepter des lois d’unité nationale aux Serbes du Kosovo, notamment la régularisation de leurs plaques d’immatriculation, en contestation de laquelle les Serbes du Kosovo ont massivement démissionné des institutions étatiques kosovares, suite à une décision prise le 5 novembre lors d’une réunion du parti serbe du Kosovo «Srpska Lista» dans la ville majoritairement serbe de Zvecan. 10 députés ont également démissionné du Parlement du Kosovo. Le président serbe Aleksandar Vucic a annoncé qu’il «soutiendra les Serbes» du Kosovo à défendre leurs droits, au premier rang desquels «le respect des accords de Bruxelles», signés en 2013 sous médiation de l’UE et prévoyant notamment une «Association des municipalités serbes» du Nord du Kosovo. De même, le parti des Serbes du Kosovo, Srpska Lista, a annoncé le 15 novembre qu’il ne participerait pas aux élections locales extraordinaires qui se tiendraient le 18 décembre dans quatre municipalités à majorité serbe du Nord du Kosovo. Le 23 novembre, tandis que la querelle des plaques d’immatriculation s’atténuait suite à un accord convenu entre les parties à Bruxelles, à savoir que La Serbie s’est engagée à cesser de délivrer ces plaques d’immatriculation, et le Kosovo de les faire remplacer, le Parlement européen a conditionné la poursuite du processus d’adhésion de la Serbie, candidate à l’Union européenne depuis 2012 et qui renouvelé son souhait d’adhérer à l’organisation internationale de la Francophonie le 16 novembre, à un alignement sur les sanctions occidentales contre la Russie dès le 23 novembre. Les ambassadeurs des États membres de l’UE ont validé le 30 novembre la fin du régime de visa pour les ressortissants kosovars souhaitant se rendre dans l’espace Schengen.

Russie : Le repli stratégique ?

Dès le 1er novembre, le président russe Vladimir Poutine annonçait la fin de la mobilisation décrétée le 21 septembre dernier et ce, malgré l’absence d’oukaze à ce sujet. Suite aux accusations russes de «bombe sale» en Ukraine datant du 23 octobre, l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique) publiait le 3 novembre les résultats de son enquête, son directeur Rafael Mariano Grossi, déclarant qu’elle n’avait «pas révélé de signe d’activité et de matériel nucléaires non déclarés» aux trois emplacements où les prélèvements ont été effectués.

Puis le 9 novembre, le retrait militaire russe de la rive occidentale du Dniepr où se trouve la ville de Kherson commençait, annoncé par le général Sergueï Sourovikine, à la tête de l’«opération militaire spéciale», et confirmé par Sergueï Choïgou, ministre de la Défense. Kherson avait été investi par les forces russes en mars et reconnu comme territoire russe le 30 septembre. Le même jour, un entraînement militaire élémentaire dans les écoles russes était annoncé par le ministère de l’Éducation russe pour la rentrée 2023.

Le sommet russo-iranien sur les questions de sécurité du 9 novembre à Téhéran a donné lieu à la rencontre de l’actuel secrétaire du conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Nikolai Patrushev, avec le président iranien, Ebrahim Raisi, et à l’expression de la nécessité pour les deux pays d’ «accroître l’échange d’expériences dans le développement du potentiel économique de la Russie et de l’Iran et de construire des relations commerciales extérieures sous la pression des sanctions».

Il est à noter que le 12 novembre, le vice-ministre des Affaires étrangères russe Sergeï Vershinin a déclaré devant des journalistes que «la reconnexion [à SWIFT] de la Rosselkhozbank [Banque Agricole Russe] [était] une question clé» pour faciliter les échanges dans les domaines agricole et alimentaire; ces secteurs économiques étant exclus des sanctions occidentales à l’encontre de la Russie. Déclaration importante tenue le lendemain de la rencontre entre des officiels russes et des représentants de l’ONU à Genève, et dont les discussions avaient porté sur l’initiative céréalière de la mer Noire.

La frappe de missile qui a atteint la Pologne le 15 novembre a été qualifiée de «provocation» ukrainienne par la Russie considérant que ce missile de fabrication russe aurait été redirigé par un système ukrainien de défense anti-aérienne, les États-Unis contestant, quant à eux, le caractère intentionnel de la manœuvre. Cet épisode a néanmoins été un prétexte à la demande du président ukrainien Volodymyr Zelensky auprès de l’OTAN d’«agir». Le même jour, la Russie participait au G20 à Bali, représentée par son ministre des Affaires étrangères Sergeï Lavrov, en l’absence de Vladimir Poutine contestant la présence du président ukrainien à ce forum intergouvernemental. Si le nouveau Premier ministre a été particulièrement critique et que les chefs d’États ont refusé de poser pour la photo avec le représentant russe, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin a jugé que «la voix russe [était] entendue» et que le texte final approuvé le 16 novembre était «équilibré».

Des tensions se sont fait sentir avec la Suède les 21 et 22 novembre. Alors que ce pays communiquait les résultats de son enquête sur les explosions des gazoducs Nordstream 1 et 2, le 21 novembre, à savoir la découverte d’ «objets étrangers et des traces d’explosifs dessus» sur les sites des dégâts, soit 4 trous sur les 2 gazoducs à 250 m d’intervalle, à la suite de laquelle Sergueï Lavrov à déclaré qu’il s’agissait d’«un sabotage anglo-saxon», le Service de Sécurité intérieure suédois arrêtait un couple russo-suédois, le lendemain, à Stockholm, soupçonné d’activités illégales d’espionnage industriel contre la Suède. Il est à noter que le 30 novembre l’Allemagne et la Norvège ont uni leurs forces pour demander une intervention de l’OTAN pour protéger les infrastructures sous-marines suite à ces sabotages, alors que la veille l’Allemagne déclarait par la voix de son ministre de la Justice, Marco Buschmann : «la décision de poursuivre Nord Stream 2 après l’annexion de la Crimée en 2014 a été la contribution de l’Allemagne au déclenchement de la guerre en Ukraine». Le 22 novembre également, Vladimir Poutine assistait à une cérémonie de lever de drapeau sur le navire brise-glace Oural et du lancement de la construction du navire Yakoutia, des navires censés, selon le Kremlin, procurer à la Russie le statut de «grande puissance de l’Arctique».

Sur le plan intérieur, il est à noter la démission d’Alexeï Koudrine, un proche de Vladimir Poutine, destiné à prendre la tête de la société privée Yandex, de son poste de président de la Cour des comptes, dans un contexte de montée en influence de lignes politiques plus «dures» au sein du système politique. Par ailleurs, le 1er décembre, une loi russe, établissant une liste élaborée par le FSB d’informations dans les domaines militaire et militaro-technique interdites au débat public est entrée en vigueur.

Asie-centrale / Mongolie : La réélection du président kazakhstanais et la poursuite des politiques «multivectorielles» centrasiatiques.

Le mois de novembre en Asie centrale a été marqué par la réélection du président Kassym-Jomart Tokaïev avec 81,31% des voix le 20 novembre, suite aux élections présidentielles anticipées qui ont eu lieu au Kazakhstan, conformément au référendum constitutionnel du 5 juin 2022. Ce scrutin intervient dans un contexte de profondes réformes constitutionnelles initiées par le chef d’État, parmi lesquelles notamment la réduction du mandat présidentiel à sept ans non renouvelables et une révision de l’ensemble des institutions politiques du pays visant à renforcer le pouvoir du Parlement et à mettre fin à l’hyper-présidentialisation du régime. Le 29 novembre, le président kazakhstanais était en visite à Paris pour rencontrer son homologue Emmanuel Macron, le lendemain de sa rencontre avec Vladimir Poutine à Moscou : le Kazakhstan est l’un des principaux fournisseurs d’uranium et de pétrole brut de la France et compte plus de 170 entreprises françaises implantées sur son territoire. Les deux chefs d’État ont longuement discuté sur l’ensemble des questions portant sur la mise en œuvre de projets conjoints dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures industrielles, de l’aérospatiale, de l’ingénierie, de l’alimentaire et de l’aide humanitaire mais ont souligné aussi l’importance de la poursuite des partenariats entre centres de recherche et centres médicaux des deux pays, en particulier dans l’oncologie, la gestion des établissements hospitaliers et la fourniture de soins, et ils ont également affirmé leur soutien au projet d’ouverture de deux écoles françaises à Astana et à Almaty, ainsi qu’au projet de refondation de l’Institut Sorbonne-Kazakhstan.

Les 21 et 22 novembre, Emmanuel Macron a également reçu le président de la République d’Ouzbékistan, Shavkat Mirziyoyev, qui a participé à l’inauguration de l’exposition «Splendeurs des oasis d’Ouzbékistan» au musée du Louvre et «Sur les routes de Samarcande. Merveilles de soie et d’or» à l’Institut du Monde Arabe. Les deux dirigeants ont manifesté leur volonté de renforcer la coopération bilatérale dans le domaine de la sécurité, de la lutte contre le terrorisme international, d’accroître la coopération commerciale, économique et d’investissement, en augmentant notamment le volume du chiffre d’affaires commercial et le nombre de projets et de programmes conjoints impliquant des technologies de pointe. Ils ont également insisté sur la nécessité de consolider la coopération industrielle, comme spécifiée dans la feuille de route économique de la France et de l’Ouzbékistan pour 2020-2030.

Le 3 novembre, l’Ouzbékistan et le Kirghizstan ont signé plusieurs accords à Bichkek concernant la délimitation de leurs frontières, notamment concernant la gestion conjointe des ressources en eau du réservoir de Kempir-Abad, dans la province d’Andijan, alors qu’une vingtaine d’individus ont été arrêtés au Kirghizistan pour avoir protesté contre la nouvelle délimitation du réservoir d’eau. Des accords qui interviennent avant la rencontre des deux chefs d’État et qui ont permis d’aborder les questions de mise en œuvre de grands projets conjoints d’infrastructure et d’énergie dont la construction du chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan.

Le gouvernement kirghize a également rencontré les autorités du régime des talibans à Kaboul le 6 novembre dans le cadre des enjeux liés à la sécurité régionale : sans pour autant reconnaître sa pleine légitimité, le Kirghizstan qui est un des rares pays à maintenir une ambassade dans le pays a néanmoins évoqué des accords bilatéraux liés aux corridors de transport et la possibilité de fournir une aide humanitaire au peuple afghan.

Le 16 novembre était la date de la Journée du Président de la République du Tadjikistan, Emomali Rahmon portant le titre de « «fondateur de la paix et de l’unité nationale et leader de la nation», manifestation fortement contestée par l’opposition politique.

Le Turkménistan a accueilli, le 15 novembre, à Achgabat, une délégation interministérielle russe dirigée par le vice-président du gouvernement de la Fédération de Russie et co-président de la Commission intergouvernementale turkméno-russe sur la coopération économique, Alexey Overchuk, afin de s’entretenir des perspectives de partenariat dans les secteurs financier et bancaire, des industries pétrolières, des transports et de l’énergie électrique, ainsi que dans les domaines de l’éducation, de la culture, des soins de santé et de l’administration fiscale. Le 28 novembre, ce sont les présidents russe et kazakhstanais, Vladimir Poutine et Kassym-Jomart Tokaïev, qui se sont rencontrés à Moscou dans le cadre du 28ème Forum de coopération interrégionale russo-kazakhe, à l’occasion duquel le chef d’État kazakh a déclaré à son homologue russe que la Russie était toujours le principal partenaire stratégique du Kazakhstan et ce, malgré leurs différends relatifs au conflit russo-ukrainien. Parmi les principaux projets mentionnés ont figuré l’expansion de la capacité des passages transfrontaliers routiers avec le Kazakhstan et l’augmentation du transport de marchandises par voie maritime.

Du côté de la Mongolie, le mois de novembre a été marqué par plusieurs visites bilatérales, incarnant sa politique de «troisième voisinage». D’abord la visite du président du Grand Khoural le 30 octobre en Corée du sud, satisfait d’avoir assoupli les conditions de visa et conclu un partenariat économique, le pays étant riche en ressources naturelles (cuivre, or, uranium, charbon) et la Corée développant de nombreuses technologies de pointe. Ensuite, le président de la Mongolie Ukhnaagiin Khürelsükh est arrivé au Japon le 29 novembre pour une visite officielle de quatre jours, à l’occasion des 50 ans de coopération diplomatique entre les deux pays, le Japon étant l’un des principaux investisseurs en Mongolie et susceptible de diversifier son économie, assurer sa sécurité alimentaire, ses fournitures en énergie ainsi que son développement durable et technologique, contrebalançant l’influence chinoise dans la région. Cette visite faisait justement suite à celle effectuée en Chine les 27 et 28 novembre, sur invitation de Xi Jinping, qiu a donné lieu à l’insistance des représentants mongols sur le développement de bonnes relations de voisinage par une amélioration de la confiance politique entre les deux pays, tandis que des accords ont été signés à propos de la mise en place d’investissements chinois et de prêts pour le développement d’infrastructures en Mongolie, ainsi qu’un accord de coopération entre les radios et télévisions nationales publiques des deux pays.

Par ailleurs, le discours du président Ukhnaagiin Khürelsükh, à la COP 27, le 8 novembre, lui a permis d’évoquer son objectif d’«écart zéro» entre les émissions de gaz à effet de serre et leur absorption d’ici 2050, et de signer un mémorandum sur un partenariat avec l’Union européenne, intitulé «Partenariat sur les Forêts».

Sud- Caucase : Régression du processus de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sur fond de rivalité franco-azerbaïdjanaise.

Le processus de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie au sujet du Karabakh, a semblé faire preuve d’une certaine régression au mois de novembre, comme permet de le constater la multiplication des accusations réciproques de rupture du cessez-le-feu, devenues quasi-quotidiennes les deux dernières semaines de novembre et la décision de l’Azerbaïdjan d’annuler la prochaine réunion de Bruxelles prévue initialement le 7 décembre, du fait de la tentative arménienne d’y imposer la présence française la justifiant comme s’inscrivant dans la continuité de la rencontre de Prague.

En effet, ce mois de novembre a été fortement marqué par l’accroissement des tensions entre la France et l’Azerbaïdjan. Dès le 2 novembre, Ilham Aliev envoyait des messages, on ne peut plus clair, à la France depuis le 3ème sommet arabe à Alger en établissant des parallèles entre le passé colonial de la France et l’occupation arménienne de son territoire et en déclarant : «lhypocrisie semblent être la ligne directrice de la politique publique française. Aujourd’hui, cette hypocrisie est déguisée sous le nom de démocratie». Puis le 15 novembre, le Sénat français a adopté une proposition de résolution en faveur d’une reconnaissance de la «République du Haut-Karabakh»  295 voix pour et 1 contre avant que l’Assemblée Nationale française adopte la résolution n°37 le 30 novembre invitant le gouvernement à accentuer le soutien de la France à l’Arménie en ce qui concerne ses capacités de défense et à envisager des «sanctions économiques personnelles» contre l’Azerbaïdjan. Échanges houleux également concernant les demandes arméniennes lors du Forum de la Francophonie à Djerba les 19 et 20 novembre, le ministère des Affaires étrangères azerbaïdjanais dénonçant des «dispositions provocatrices unilatérales, biaisées et déformées contre l’Azerbaïdjan […] incluses avec le soutien direct de la France aux textes initiaux des documents finaux du Sommet, à savoir la Déclaration de Djerba, […qui] offrent une possibilité d’incitation des outils de propagande politique de l’Arménie».

Tensions azerbaïdjanaise également avec l’Iran qui a signé un protocole d’accord avec l’Arménie pour doubler les livraisons de gaz iranien. L’Arménie en importe déjà 365 millions de mètre cube par an, qu’elle troque contre de l’électricité depuis 2009, à raison de 1 mètre cube de gaz contre 3kwh d’électricité provenant de ses centrales thermiques. Le 7 novembre, le ministère iranien du Renseignement a annoncé le démantèlement d’un groupe de 26 terroristes responsables des attaques récentes à Chiraz en attribuant la coordination de ce groupe à un ressortissant azerbaïdjanais tandis que la figure de Mahmudali Chehreganli, le leader autoproclamé du Mouvement d’éveil national de l’Azerbaïdjan du Sud, plaidant pour la sécession de la partie nord de l’Iran à majorité ethnique azérie, qui aurait été interdit d’entrer sur le territoire azerbaïdjanais en vertu d’un accord informel datant de 2006, avait fait l’objet de plusieurs apparitions à la télévision azerbaïdjanaise ces dernières semaines. Le 11 novembre, l’ambassadeur iranien à Bakou, Seyyid Abbas Mousavi, était convoqué par le ministère des Affaires étrangères azerbaïdjanais et le 14 novembre, les services de sécurité de l’État azerbaïdjanais démantelait eux un «réseau d’espionnage» iranien. Les propos même du président azerbaïdjanais Ilham Aliev regrettant le 25 novembre qu’ «il n’y [ait] pas d’écoles azerbaïdjanaises en Iran» ont été remarqués.

Les deux parties azerbaïdjanaise et arménienne continuent ainsi de s’accuser mutuellement de bloquer le processus de résolution du conflit, comme Ilham Aliev l’a exprimé auprès de la délégation des envoyés de l’UE et des États membres de l’UE pour le partenariat oriental en visite en Arménie et en Azerbaïdjan le 17 novembre, ou par Nikol Pachinan le 16 novembre devant l’Assemblée nationale, et d’en instrumentaliser les «médiateurs» choisis ou non, l’Azerbaïdjan tenant un discours aux menaces à peine voilée, capitalisant sur sa position de vainqueur de la dernière «guerre de 44 jours», et l’Arménie jouant «la carte du génocide» et la mise en balance de ses partenariats russe ou «occidental» dans une rhétorique de «survie culturelle». En effet, l’Arménie, qui a annoncé l’augmentation de son budget de défense 2023 «de 113% par rapport à 2018, soit plus du double, et de 47% par rapport à 2022» a clairement exprimé ses critiques vis à vis de l’OTSC ces derniers mois et boude son partenaire russe et elle a refusé de signer deux documents relatifs à l’assistance apportée à son pays lors de la dernière réunion extraordinaire du Conseil de Sécurité Collective de l’OTSC les 22 et 23 novembre à Erevan tout en demandant «Une évaluation politique des événements […nécessaire] du point de vue moral […et] de la restauration de l’intégrité territoriale de [leur] pays […ne signifiant] pas une intervention militaire» et ce, dans un contexte de manifestations populaires à Erevan réclamant que le pays quitte l’organisation.

Il est à noter aussi que lors du 29ème conseil ministériel de l’OSCE à Lodz, l’Arménie et la Hongrie ont annoncé le «rétablissement de relations diplomatiques complètes», suite à des relations rompues en 2012 suite à l’extradition par la Hongrie d’un lieutenant azerbaïdjanais, Ramil Safarov, reconnu coupable du meurtre à coup de hache d’un officier de l’armée arménienne en 2004, à l’occasion d’un programme conjoint de formation de l’OTAN à Budapest. Concernant l’Azerbaïdjan, les visites d’Ilham Aliev en Albanie le 15 novembre, première visite d’un président azerbaïdjanais dans le pays, et en Serbie le 23 novembre ont permis d’approfondir la coopération gazière dans le cadre du TAP censé doubler l’approvisionnement azerbaïdjanais de l’Europe d’ici 2027, ainsi que la signature de 7 accords bilatéraux et l’association des deux dirigeants dans une critique commune du manque de respect du droit par les organisations internationales, alors que la Serbie est isolée sur la scène européenne. Ilham Aliev a également défendu le projet de «corridor du Zanguezour» lors de la conférence internationale «Le long du corridor du milieu: géopolitique, sécurité et économie» le 25 novembre à Bakou.

En Géorgie, La Cour d’appel de Tbilissi a confirmé la peine de 3 ans et 6 mois de prison de Nika Gvaramia directeur de la chaîne de télévision Mtavari Arkhi, le 2 novembre, son avocat déclarant que cette décision enlevait «non seulement la liberté à Nika Gvaramia mais aussi celle du pays et [l’empêchait] de continuer sur la voie de l’intégration européenne».

Le 26 novembre, les Organisations de la Société Civile ont publié une déclaration commune concernant l’état de santé de Mikheïl Saakashvili, l’ancien président et fondateur du principal parti d’opposition «Mouvement National Uni» toujours emprisonné, et la présidente Salome Zourabishvili aurait déclaré le 24 novembre «surveiller de près» la santé de l’ancien président. Le 28 novembre,le gouvernement géorgien a annoncé avoir décidé de transmettre le projet de loi sur la désoligarchisation à la Commission de Venise, et la suspension subséquente par le Parlement du vote du projet de loi en 3ème audition dans l’attente de l’avis de cette Commission. Le 20 novembre, le Mouvement National Uni avait proposé sa propre loi sur la désoligarchisation au Parlement géorgien. Le commissaire européen au voisinage et à l’élargissement, Oliver Varheli, s’etait rendu en Géorgie les 15 et 16 novembre pour demander cette loi «pour intensifier le travail de lutte contre le crime organisé».

Les «ministres des Affaires étrangères» d’Abkhazie et d’Ossétie du sud se sont rencontrés à Moscou le 8 novembre pendant que les co-présidents des Discussions Internationales de Genève étaient à Sokhoumi et Tskhinvali où ces parties ont exprimé leurs «préoccupations concernant l’élargissement militaire en cours des États étrangers sur le territoire de la Géorgie» (Ossétie du sud) ou souligné «une forte probabilité d’une escalade de la tension dans la région en raison de l’activité militaire de la Géorgie» (Abkazie). La 109ème réunion du mécanisme de prévention et de réaction aux incidents (MPRI) a eu lieu à Ergneti le 10 novembre, focalisant toujours sur les personnes régulièrement détenues dans les entités séparatistes et le phénomène de «frontièrisation» d’un côté, et sur la présence du poste de contrôle géorgien près du village de Tsnelisi et le survol de drones de l’autre.

Le «ministre des Affaires étrangères» sud-ossète, Akhsar Dzhioev, s’est rendu à Moscou le 1er novembre, où il a rencontré son «homologue» Sergueï Lavrov qui a déclaré avoir apprécié leur «position équilibrée, équilibrée et objective sur ce qui se passe dans le cadre de l’opération militaire spéciale» Une délégation parlementaire de l’Union de la Biélorussie et de la Russie menée par Artem Turtov, président de la Commission de la politique de la jeunesse, des sports et du tourisme de l’Assemblée parlementaire, vice-président de la commission de la Douma d’Etat sur les affaires de la CEI, l’intégration eurasienne et les relations avec les compatriotes s’est rendue en Abkhazie le 3 novembre. Le 29 novembre,le «président d’Ossétie du sud», Alan Gagloev, a rencontré le «chef de la République de Crimée», Sergeï Aksenov, à Simferopol et rendu visite aux combattants volontaires en Ukraine. Le 1er décembre, le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, est arrivé en Abkhazie, où il s’est entretenu de «la sécurité commune, l’harmonisation de la législation dans les domaines des affaires sociales, les douanes, [et] la politique fiscale» tandis qu’un accord sur la coopération entre la Douma d’État russe et l’Assemblée populaire de la «République d’Abkhazie» a été signé le même jour.

Ruben Vardanian a été nommé «ministre d’État du Haut-Karabakh» le 4 novembre.

Chine: De la visite du chancelier allemand au décès de Jiang Zemin, sur fond de poursuite du jeu d’alliances dans l’indo-pacifique.

 

Le déplacement du chancelier allemand Olaf Scholz à Pékin le 4 novembre, premier dirigeant de l’Union européenne à rendre visite au dirigeant chinois depuis le début de la pandémie, mais aussi depuis la reconduction de son troisième mandat en tant que chef du Parti communiste chinois et président de la RPC de Xi Jinping, a été soumis à de fortes pressions européennes mais a été célébrée par l’annonce d’un contrat de 17 milliards de dollars passé avec Airbus et par la signature d’un contrat passé par l’Allemagne avec l’entreprise Cosco détenue par le gouvernement chinois et permettant à ce dernier de détenir 24,9% de part dans l’un des terminaux du port d’Hambourg.

Charles Michel, le président du Conseil européen, invité le 8 novembre à délivrer un discours à l’occasion du forum économique international Hongqiao a vu une partie de sa prise de parole pré-enregistrée supprimée par les autorités chinoises, notamment ses propos qualifiant la guerre en Ukraine menée par la Russie «d’illégale».

Un rapport des services d’information canadiens concernant l’ingérence chinoise dans les élections canadiennes de 2019 et de 2021 a été transmis au Premier ministre Justin Trudeau en date du 7 novembre qui a dénoncé les initiatives «agressives» de la Chine qui a commenté par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois Zhao Lijian en affirmant que la Chine n’avait «pas d’intérêt pour les affaires internes canadiennes». La rencontre entre les dirigeants chinois et australiens, Xi JinPing et Anthony Albanese le 15 novembre, premier échange formel entre chefs d’État des deux pays depuis six ans, coïncide avec la décision d’Ottawa de bloquer les investissements chinois dans les entreprises exploitant du lithium sur son sol, coupant l’accès au lithium canadien. Il s’agit d’une amorce de dégel entamée depuis mai 2022. Pour rappel, Canberra a interdit les dons chinois aux partis politiques australiens en 2017, ce à quoi Pékin a répondu par l’arrêt brusque de ses importations de plusieurs produits australiens dont l’orge, le vin, le bœuf, mais aussi le minerai de fer et le charbon.

La veille ce sont les dirigeants états-uniens et chinois qui se sont rencontrés à l’occasion de sommet de la coopération économique Asie-Pacifique, Xi Jinping spécifiant que le cas de Taïwan était «la toute première ligne rouge» et le ministère des Affaires étrangères chinois déclarant : «Nous espérons que les États-Unis joindront le geste à la parole et respecteront la politique d’une seule Chine». Les positions des deux premières puissances mondiales ont été réaffirmées au G20 à Bali.

La visite du 8 au 11 novembre dans la capitale cambodgienne du Premier ministre chinois, Li Keqiang, a été l’occasion d’un rapprochement manifeste entre Phnom Penh et Pékin : les deux pays ont signé plusieurs accords de coopération, notamment dans le domaine de la santé et concernant la restauration du temple Takeo. De même, le 20 novembre à l’occasion de sa rencontre avec le ministre de la défense chinois, le général Wei Fenghe, le Premier ministre cambodgien Hun Sen a remercié l’Armée Populaire de Libération chinoise pour le soutien apporté au développement de son armée. Le 30 novembre s’est tenu un entretien virtuel entre le Premier ministre chinois Li Keqiang et son homologue kazakh Alikhan Smailov, durant lequel les deux hommes ont réaffirmé leur volonté de renforcer leur coopération énergétique.

Le 30 novembre, 2 bombardiers longue portée Tupolev-95 russes ainsi que 6 bombardiers chinois H-6 ont pénétré la zone de défense aérienne sud-coréenne lors d’un exercice conjoint, que Moscou et Pékin ne reconnaissent pas. Source d’inquiétude également pour le Japon qui a dépêché des avions de chasse après que les bombardiers chinois, rejoints par deux drones russes, ont survolé de la mer de Chine orientale vers la mer du Japon.

Le même jour, Jiang Zemin, président de la République populaire de Chine de 1993 à 2003 et héritier et artisan de la dynamique d’ouverture de la Chine, décédait, sans aucune réaction de Washington, de New Dehli ou de Londres, et alors qu’une partie de la population des mégalopoles chinoises était descendue dans la rue pour remettre explicitement en cause la légitimité du gouvernement.

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VEILLE EUROPE DE L’EST – Du 26 novembre au 2 décembre 2022.

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