Les dossiers que nous suivons : Défense chinoise et détroit de Taïwan ; Stratégie et tendances économiques chinoises ; Relations Chine – Asie du Sud-Est ; La Chine et les BRICS…
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En quelques semaines, Harvard est devenue l’épicentre de l’offensive idéologique lancée par la Maison Blanche. Une réponse sécuritaire qui se double d’un bras de fer ouvert avec l’université, accusée d’antisémitisme présumé, de dérive “woke”, et de compromission supposées avec le Parti communiste chinois. Le 28 mai 2025, Donald Trump a ordonné la suspension immédiate du traitement des nouveaux visas étudiants étrangers, dans le cadre d’un durcissement des procédures de contrôle.
Sempiternel symptôme de la confrontation sino-américaine : conflit idéologique
Le chef de l’exécutif a assumé une ligne politique. A l’occasion de la conférence conservatrice CPAC le 15 avril et d’une interview sur Fox News, il a qualifié l’université Harvard de “foutoir progressiste” et de “menace pour la démocratie”. Au-delà de ces propos incisifs, c’est une vision idéologique claire qu’il entend défendre: réorienter le système éducatif américain vers des valeurs conservatrices, en rupture avec le progressisme prétendument dévoyé des élites universitaires. Moins de diplômes en études de genre, plus de compétences techniques, moins de voix LGBT+, ou encore plus de manuels à l’effigie de la patrie: un réajustement idéologique profond de l’enseignement supérieur américain, qui vise à remodeler les contours intellectuels et culturels de la prochaine génération. Dans cette entreprise offensive, la Chine devient un point d’articulation majeur. Il accuse l’administration d’Alan Garber, président de Harvard, non seulement de tolérer des positions “radicales” et de promouvoir une idéologie progressiste incompatible avec “les vraies valeurs américaines”, mais également de servir les intérêts stratégiques de Pékin. En outre, il impute à l’institution le rôle de cheval de Troie de la Chine, et fonde ces accusations sur des soupçons de transferts technologiques à travers des partenariats de recherche. En effet, sur les 290 000 étudiants chinois inscrits dans les universités américaines, Harvard en accueille plusieurs milliers chaque année. Les liens ambigus que Donald Trump attribue à certains doctorants étrangers avec des institutions liées à l’Armée populaire de libération suscitent, de facto, de vives inquiétudes au sein du gouvernement américain sur le plan de la sécurité nationale. Cette démarche s’inscrit dans un affrontement plus large entre l’administration Trump, les universités d’élites américaines, perçues comme des bastion d’une pensée progressiste jugée contraire à la ligne politique nationaliste, et l’influence de la Chine. Le 22 mai, la ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, annonçait la révocation du programme SEVIS autorisant Harvard à accueillir des étudiants internationaux : si la mesure venait à être confirmée, c’est près de 6700 étudiants, soit 27% de l’effectif, qui seraient menacés d’expulsion ou contraints à l’exil académique. Bien qu’un juge fédéral ait suspendu temporairement cette décision, un ultimatum de 72 heures a été imposé à l’université pour livrer des informations sur de potentielles “activitées illégales” d’étudiants étrangers.
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