Les dossiers que nous suivons : Défense chinoise et détroit de Taïwan ; Stratégie et tendances économiques chinoises ; Relations Chine – Asie du Sud-Est ; La Chine et les BRICS…
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Chers lecteurs d’EurasiaPeace,
À l’approche des festivités du Nouvel an chinois le 29 janvier prochain, nous vous proposons un format spécial : la lecture de l’actualité géopolitique à la lumière de cette période charnière. Retrouvez ici une courte analyse de l’influence chinoise en Asie centrale.
Écho du dragon chinois en Asie centrale
La tradition géopolitique des affaires internationales distingue des pratiques disparates de la puissance, entre « soft », « hard » et « smart power » : dans le cas de la Chine, la perception de son influence renvoie à un double sentiment paradoxal et contradictoire, tantôt d’admiration, tantôt d’intimidation. Quelque 1,4 milliards de citoyens chinois ont célébré, ce 29 janvier, le Nouvel an lunaire : un instant suspendu entre héritage et avenir, mêlant racines et espérances renouvelées. Le Parti communiste chinois a, quant à lui, pris la mesure de sa capacité à séduire le monde en tissant des liens multidimensionnels.
Pièce désormais maîtresse de l’échiquier géopolitique mondial, la Chine est devenue un pays puissant, riche d’un immense marché qui lui confère une position d’acteur influent dans certaines zones stratégiques du globe : dans la dialectique d’influent à influencé, la Chine s’est octroyé la possibilité de dynamiser certains territoires isolés en quête de développement, notamment au travers de la Belt and Road Initiative. Ces dispositions économiques et politiques ont non seulement renforcé les liens entre les anciennes républiques soviétiques et la Chine, mais elles ont surtout contribué à contrer ce que l’élite de Zhongnanhai perçoit comme des idées fausses sur la Chine véhiculées par les médias étrangers.
Xi Jinping a engagé de multiples actions multilatérales aux allures de processus d’intégration régionale avec les pays périphériques et, par la même occasion, s’est efforcé de redorer l’image d’un régime à coutre-courant des idéologies prétendument obsolètes du monde occidental. Toutefois, loin de rester figée, la culture chinoise s’est réinventée et s’est métamorphosée au contact des réalités culturelles locales, dans un processus d’hybridation qui a révélé que l’influencé n’était pas un réceptacle passif, mais lui-même un acteur dans l’évolution de l’influence. Les symboles et traditions historiques de la Chine ont notamment été réinterprétés et transfigurés par les peuples d’Asie centrale, qui en ont façonné une version propre à leurs spécificités : en Ouzbékistan par exemple, la cuisine chinoise a fusionné avec les traditions locales, combinant techniques et ingrédients pour créer le lagman, un plat de nouilles populaire.
De surcroît, il est coutume pour les ambassades chinoises au Kazakhstan, au Kirghizistan et au Turkménistan d’organiser de grandes festivités, impliquant spectacles, concerts et “danses du dragon”, tout en rassemblant un large public auprès des Instituts Confucius, véritables relais d’influence et caisse de résonance du discours officiel chinois. L’organisation d’ateliers de calligraphie, des projections de films et des cours de langue a faciliter l’échange culturel et permis à la Chine d’intégrer progressivement certains aspects de sa culture dans le quotidien des populations locales.
Le 24 janvier 2025, à l’occasion du Nouvel An chinois, Wang Yi, ministre des Affaires étrangères, a présidé une réception à Beijing : il a célébré, dans son discours, d’une part les progrès diplomatiques de la Chine, et d’autre part l’esprit de renouveau propre aux festivités. Il a mis en lumière l’écho à la marche de l’histoire en 2025, des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, à la naissance de l’ONU et la victoire contre l’agresseur japonais.
In fine, le Nouvel An chinois s’est éteint dans la lueur du bal « Magnifique Chapitre », où chaque danseur tissait, à chaque pas, un pont entre la tradition ancestrale et l’horizon d’un monde nouveau, édicté par les ambitions de la Chine moderne.