Les dossiers que nous suivons : Relations entre l’Iran et ses pays voisins ; Relations entre l’Iran et les Etats-Unis ; Relations entre l’Iran et les BRICS ; Relations entre la Turquie et l’Union européenne ; Relations entre la Turquie et les BRICS ; Relations entre les pays du Golfe et les États-Unis ; Géopolitique du Yémen : Entre fragmentations internes et ingérences régionales.
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L’échec des négociations sur le nucléaire iranien en toile de fond
Les négociations sur le nucléaire iranien menées entre les États-Unis et l’Iran ont échoué en raison de l’intervention israélienne en Iran. Sous pression, les États-Unis, tiraillés entre la protection d’Israël et la doctrine isolationniste de Donald Trump, ont fini par intervenir militairement contre l’Iran en visant des installations nucléaires iraniennes avec pour objectif stratégique affiché de mettre un terme au programme nucléaire iranien. Néanmoins, l’imminence d’une attaque américaine a conduit les autorités iraniennes à déplacer une partie des stocks d’uranium enrichi vers d’autres sites.
Suite aux frappes américaines contre l’Iran, les États du Golfe étaient en état d’alerte maximal par crainte de mesures de rétorsion iranienne contre les intérêts américains, ces derniers abritant des bases militaires américaines sur leur territoire. De son côté, Téhéran a menacé à plusieurs reprises de s’en prendre aux installations militaires américaines au Moyen-Orient en cas d’implication des États-Unis aux côtés d’Israël. La dégradation sécuritaire induite par les menaces d’intervention américaine a conduit les autorités des pays du Golfe à se placer en état d’alerte. Des conseils de défense ont été mis en place et des consignes ont été transmises aux populations pour se prémunir en cas d’attaque iranienne. Sur le réseau social X, le ministère de l’Intérieur de Bahreïn a exhorté la population « à n’utiliser les routes principales que lorsque cela est nécessaire pour maintenir la sécurité publique et pour permettre aux autorités compétentes d’utiliser les routes efficacement ».
L’incertitude des États du Golfe face à l’attaque américaine contre l’Iran
Malgré leur hostilité historique au développement du programme nucléaire iranien, les États du Golfe ont craint que des frappes américaines contre l’Iran menacent la sécurité régionale. Longtemps opposantes à l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, les monarchies du Golfe ont révisé leur position vis-à-vis de l’Iran ces dernières années, changement qui s’explique par le nouveau paradigme économique en vigueur dans le Golfe et au Moyen-Orient. Abdulkhaleq Abdulla, politologue émirati au Belfer Center for Science and International Affairs de Harvard, affirme que «c’est depuis le Covid que nous avons décidé de poursuivre une politique de désescalade, de nous concentrer sur l’économie autant que sur la sécurité».
Ce développement sans précédent de la politique moyen-orientale des États-Unis a conduit la République islamique d’Iran à répondre à cette intervention en menant une attaque contre la base militaire américaine Al Udeid au Qatar, la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient.
Une attaque symbolique
Cette attaque, décidée en rétorsion des bombardements américains contre des installations nucléaires iraniennes, avait une portée seulement symbolique. En effet, l’effet recherché par le régime iranien n’était pas d’infliger des dégâts considérables aux intérêts américains, mais de répondre militairement à l’intervention américaine sans provoquer d’escalade. L’intérêt était de montrer aux acteurs régionaux et à la communauté internationale que l’Iran ne pouvait pas ne pas répondre à une telle attaque, sans pour autant provoquer une entrée en guerre contre les États-Unis. Dans ce cadre, les Iraniens ont prévenu le Qatar en amont de l’attaque qu’ils cibleraient la base américaine que l’émirat gazier héberge sur son sol. De même, dans un post sur le réseau social Truth Social, le président américain Donald Trump a annoncé publiquement que l’Iran avait prévenu de l’imminence du bombardement, ce qui a permis aux États-Unis de se préparer et d’éviter des dégâts majeurs.
Les réactions des États du Golfe
Les réactions des pays arabes suite aux attaques américaines et iraniennes ont témoigné d’une volonté de non-alignement sur l’un ou l’autre des acteurs. En effet, les frappes aériennes américaines sur les trois sites nucléaires iraniens ont déclenché une vague d’inquiétude parmi les gouvernements du Golfe, autrefois favorables à une ligne dure contre Téhéran. Aujourd’hui, conscients des risques sécuritaires et économiques, ces pays, notamment l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Koweït et Oman, ont dénoncé une violation de la souveraineté iranienne et demandé une désescalade. A contrario, l’attaque de la base d’Al Udeid a suscité également des condamnations unanimes de ces acteurs. La majorité des pays arabes a condamné publiquement l’attaque iranienne.
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