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Chypre : un pays toujours divisé au cœur de l’Europe

La Force de maintien de la paix des Nations unies établie à Chypre est l’une des plus anciennes de l’organisation. Présente sur le territoire de cette petite île de la Méditerranée depuis 1964, son mandat a encore été renouvelé le 30 janvier. Une décision symptomatique de l’enlisement de la crise chypriote. Depuis 1974, le pays reste divisé en deux de part et d’autre de la ligne verte, avec au Nord l’entité autoproclamée de République turque de Chypre du nord, et au Sud la République de Chypre. Les négociations pour parvenir à une réunification de l’île sont dans l’impasse, et aucune solution politique ne semble se profiler à l’horizon.   Mais pour comprendre la complexité de la situation qu’aucun Secrétaire général des Nations unies ou diplomate n’est parvenu à résoudre, un retour aux origines de la crise qui divise ce pays membre de l’Union européenne semble nécessaire.

En 1570, Chypre passe sous domination ottomane. L’Empire s’étend alors sur tout le Proche-Orient, une partie de l’Afrique du Nord jusqu’aux Balkans en passant par le sud-Caucase.
C’est à cette époque que remonte l’apparition ce qui est aujourd’hui la communauté chypriote turque, par d’importants mouvements de population. Près de 300 ans plus tard, en 1878, l’île passe sous administration britannique, mais demeure toujours au sein de l’Empire ottoman. Lors du ralliement de ce dernier aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie en 1914 pendant le premier conflit mondial, la Grande-Bretagne annexe Chypre. Il faudra attendre le traité de Lausanne de 1923 pour que la Turquie abandonne définitivement l’île, qui devient alors une colonie de l’Empire britannique en 1925[1]. Si l’indépendance n’est pas au rendez-vous, cela n’empêche pas la question nationale de figurer au premier plan des préoccupations des habitants. Pour les deux communautés de l’île, Chypriotes grecs et Chypriotes turcs, qui ont cohabité pacifiquement pendant près de trois siècles, l’émergence de deux phénomènes contradictoires va marquer le début des tensions. Au début des années 1930, l’enosis (l’union avec la Grèce) est réclamée par les Chypriotes grecs. Le mouvement de révolte est réprimé par la Grande-Bretagne coloniale, mais cela n’éteint pas pour autant toute contestation. En 1950, un référendum est organisé pour demander à la communauté chypriote grecque d’opter ou non pour le rattachement de l’île à la Grèce. Si le oui l’emporte à une écrasante majorité, le procédé n’ayant pas été autorisé par les autorités britanniques, ce dernier reste lettre morte. Cinq ans plus tard, une partie des Chypriotes grecs rejoint l’EOKA (Organisation nationale des combattants chypriotes) et se lance dans une lutte armée prenant la forme d’une guérilla contre la puissance coloniale et les Chypriotes turcs, ces derniers rejetant aussi tout rattachement à la Grèce. La même année, la conférence de Londres marque le début de l’internationalisation de la question chypriote : réunissant  les ministres des Affaires étrangères de Grande-Bretagne, de Grèce et de Turquie, ce sommet tripartite tente d’envisager une solution pour sortir de l‘impasse, sans succès.
En parallèle, la minorité chypriote turque, sous l’influence de la Turquie, souhaite faire sécession de l’île et est opposée à l’enosis. En 1958 est alors créée l’Organisation de résistance turque, la TMT ( Türk Mukavement Teskilati ), qui peut être considérée comme le pendant de l’EOKA des Chypriotes grecs.

Indépendance et violences inter-communautaires   

Suite aux affrontements entre les deux communautés, des négociations débutent et aboutissent en 1959 aux accords de Zurich et de Londres. Les Premiers ministres grec et turc donnent leur aval à un plan prévoyant l’indépendance de Chypre, qui prendrait la forme d’une République dirigée par un président chypriote grec et un vice-président chypriote turc. Trois traités majeurs encadrent alors le fonctionnement du futur nouvel-État. Le traité de garantie empêche toute union à un autre pays, soit la Grèce et la Turquie, ou le partage de l’île entre les deux puissances voisines. Le traité d’établissement vaut pour Constitution de la République de Chypre, et enfin le traité d’alliance fixe le cadre des rapports de coopération entre le royaume hellénique, la Turquie et l’île. Ainsi, le 16 août 1960, la colonisation britannique prend fin,  conservant néanmoins deux bases militaires souveraines sur l’île : Chypre devient indépendante.    

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