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Relations Chine – Asie du Sud-Est | Point de situation au 29/01/2025 [Format spécial Nouvel an chinois]

Les dossiers que nous suivons : Défense chinoise et détroit de Taïwan ; Stratégie et tendances économiques chinoises ; Relations Chine – Asie du Sud-Est ; La Chine et les BRICS…

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Chers lecteurs d’EurasiaPeace,

À l’approche des festivités du Nouvel an chinois le 29 janvier prochain, nous vous proposons un format spécial : la lecture de l’actualité géopolitique à la lumière de cette période charnière. Retrouvez ici une court synthèse de l’évolution des relations sino-thaïlandaises dans le contexte de la prolifération des centres de scam, ainsi que l’accélération de la recomposition des forces au Myanmar et ses potentiels impacts sur la Chine.

Le tourisme du Nouvel an chinois en Thaïlande entravé par la prolifération du crime organisé

La Thaïlande est habituellement une région prisée par les nationaux chinois pendant leurs rares congés prolongés. Mais l’attractivité touristique du pays, déjà atteinte par la sortie du film « No more bets » dans les salles de cinéma chinoises en 2023, a souffert ce mois-ci du scandale de l’enlèvement de l’acteur chinois Wang Xing, attiré à la frontière entre le Myanmar et la Thaïlande et envoyé dans un centre de scams début janvier 2025.

La Chine et la Thaïlande travaillent, dans le cadre d’un partenariat quadrilatéral avec le Laos et le Myanmar, à lutter contre la loterie virtuelle, les escroqueries en ligne et le trafic humain sur leurs territoires. Mais l’efficacité de ces initiatives est limitée notamment par le manque de volonté de la junte birmane à réaliser combattre ce qui s’apparente à une manne économique pour elle, ainsi que par l’instabilité permanente qui traverse son territoire.

A l’approche du Nouvel an chinois, une signature de cessez-le-feu et un gain politique limité pour la Chine

Le 17 janvier 2024, des représentants de la junte au pouvoir au Myanmar et du groupe armé ethnique (GAE) birman MNDAA ont signé un accord de cessez-le-feu, à l’issue d’une rencontre à Kunming dans le sud de la Chine. La localisation de cette rencontre met en lumière l’intermédiation chinoise dans ce processus, mais elle n’est pas le seul facteur.

En effet, la Chine exerce une pression conséquente sur le MNDAA et les autres groupes armés ayant réalisé des avancées importantes dans l’Etat du Shan, au Nord du Myanmar, face à la junte. Voyant ses intérêts économiques menacés – notamment son accès aux gisements de terres rares -, mais redoutant également un débordement de l’instabilité sur son propre territoire – et ce alors que la région chinoise frontalière du Myanmar, le Yunnan, connaît déjà des difficultés de développement et dépend largement des pipelines passant par le territoire birman -, la Chine a tenté de dissuader les GAE d’infliger de nouvelles pertes à la junte.

Les multiples retournements politiques de la Chine sur le dossier biman

La junte birmane, dirigée par Min Aung Hlain depuis le coup d’État de 2021, est actuellement en très mauvaise position : elle ne contrôle plus que 21% du territoire du Myanmar. Ce recul a été fulgurant et continu depuis octobre 2023, lorsque 3 groupes armés ethniques ont joint leurs forces pour lancer l’ambitieuse « opération 1027 ».

Comme les autres Etats asiatiques et au-delà, la Chine n’est pas épargnée par le fléau des trafics humains et des arnaques en ligne opérées depuis le Myanmar et, plus récemment, le Cambodge. Constatant que la junte ne prenait pas de réelle action contre les centres de scam, Pékin a retiré son soutien indéfectible à son allié pour l’offrir à l’opération 1027.

Mais l’efficacité de l’opération dépasse les attentes de la Chine. Voyant la junte fragilisée, Pékin opère un nouveau revirement au printemps 2024 et tente de persuader les GAE de l’Etat du Shan d’arrêter les combats. Face à leur résistance, la Chine use de moyens de pression – coupure des réseaux d’eau, de nourriture et du réseau internet. Finalement, le principal GAE du Nord du Myanmar, la MNDAA, cède aux pressions chinoises après que son leader ait été arrêté en Chine en novembre 2024.

Ayant cherché une voie du milieu pour concilier ses intérêts avec ceux de la junte, la Chine risque de perdre sur plusieurs fronts

Cette versatilité chinoise ne sera pas sans conséquences. La junte birmane n’a jamais été aussi près d’un délitement qu’après les importantes conquêtes de décembre 2024, notamment celle de la ville forte de Lashio dans le Nord-Est du Myanmar.

Mais que se passera-t-il en cas de chute de la junte ? Autrefois proche du groupe armé MNDAA dont les membres ont pour beaucoup d’entre des origines chinoises, Pékin s’est aliéné le groupe rebelle tenant le territoire à sa frontière à travers ses pressions ; son soutien désespéré au gouvernement de la junte génère également un ressentiment généralisé à son égard chez la population birmane et la diaspora.

En cas d’émergence d’une collection d’Etat collaborant ou rivalisant pour le pouvoir au Myanmar, la Chine sera certainement bien en peine pour trouver un allié solide dans ce territoire éclaté à sa frontière méridionale. Ce détestable revers au Myanmar dissuadera certainement Pékin de faire preuve de versatilité à l’avenir, et l’encouragera à se tenir à sa ligne fondamentale, en politique intérieure comme étrangère : la stabilité et la cohérence avant tout.

 

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